Archives de France, donjon de Saint-Félix
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 [RP] Les octrois lapino-linètesques

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Ingeburge
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Germain_gisors
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Germain_gisors
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Germain_gisors


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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMar 7 Fév - 0:32

On se joue un peu d'eux. Un peu de lui, il ne comprend pas un traître instant de ce qui se passe ici, et ces nouvelles qu'elle semble vouloir annoncer, qu'elle semble vouloir lâcher, ce sont autant de fariboles pour lui. Elle pourrait lui conter quelques histoires que les personnages lui seraient tout aussi étrangers, mais pourtant, il a pour lui cet air des grands jours, celui du sérieux, celui du Gisors dont il est le fils aîné, le tout premier qu'ils soient légitimes ou illégitimes. Il est le sérieux et le détachement du Normand face à la tempête.

Les pierres peuvent s'effriter, peuvent se fendre, il ne bouge pas, il est là. Les vagues peuvent taper, peuvent bien gifler, il ne bouge pas, il est là. Et ce regard qu'il essaye de capter d'elle, ce regard quand tout semble basculer pour sa Galinèta, le Rossinhòl voudrait qu'il lui dise ces trois mots : Je suis là. Et il l'accompagne tant du regard que du verre.


Boujou.

Voilà, il a parlé. Et quand le géant du Sud bien fatigué s'est tu, c'est au géant du Nord plus jeune et vif de parler pour dire la même chose finalement même si le ton n'est pas des plus chaleureux. Il n'aime pas ce froid qu'il a jeté, cet air hébété d'Aimelina.

Quand on est con, on est con.. Qu'on soit..
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Guillaume de Chauconin
Sang de Sìarr
Guillaume de Chauconin


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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMar 7 Fév - 1:17

…qu’on soit ici ou là-bas, quand on est blond on est blond. C’est ce que ne cessait de se reprocher le bâtard testiculé de gueules tandis qu’il finissait de couvrir le chemin le ramenant à Saint-Félix. Il s’en était allé de sa retraite studieuse pour répondre à l’invitation de sa délicieuse petite sœur, pour la revoir elle. Pour retrouver cette famille d’Oc qu’il se découvrait et appréciait chaque jour plus. Plus encore peut-être depuis leur voyage vers le Limousin à la suite du vicomte du Tournel. Mais pour ce faire, il ne s’était pas résolu à arriver les mains vides et la bouche en cœur. Que non. Il avait voulu faire des efforts et s’était coltiné la visite d’une tripotée d’échoppes. Mais rien de rien. Les robes étaient d’une pâleur à faire passer un zombie pour une boule à facettes, les épées devaient couper aussi bien qu’un hareng et l’honnêteté des marchands faisaient des Borgia des parangons de probité. Et pire du pire, voire pire tout pire comme dirait le sieur Kim de Dotcom, il était parvenu à se faire truander la bourse qui ornait maintenant la ceinture d’un tire-laine plus habile ou dégourdi que les autres. Quand on n’a pas de chance…

Il revenait donc tout penaud, sans bien savoir comment expliquer la chose à papaaaaaaaaa qu’il brûlait de revoir. Il avait échafaudé toute une série d’explications toutes plus vaseuses les unes que les autres : C’est pas moi c’est Murphy / Non mais en fait il y avait une femme avec trente-quatre gosses qui faisaient la manche / La vie coûte cher, ces temps-ci, c’est la faute à la Provence / Eh, regarde, derrière toi, c’est affreux… Bref, il pédalait dans la salade au point de bientôt attaquer la falaise avec les incisives.

Tout ça, c’était avant le donjon. Car le donjon le ramenait des années en arrière, des années qui lui paraissaient des siècles. Il allait les revoir. Basta donc, les soucis matériels. Chacune des marches qu’il avalait plus rapidement que la précédente l’éloignait du monde commun pour rejoindre celui de sa parentèle. Pourpoint aux azur et argent, couleurs de la baronnie, sur les épaules, il entra enfin dans l’Aula. Elle était là. Elles étaient là. Sa sœur, bien sûr. Renarde aussi. La future comtesse du Gévaudan, que la fleur de lin lui avait proposé d’épouser, en boutade. La Vergèze, dont il ne se souvenait plus exactement de la circonstance qui amena leur rencontre. Un blond. Inconnu. Peste. Les vassaux de papaaaaaaaa aussi, découverts lors de son entrée en terre d’Oc. Et une autre inconnue, encore. ’Fin elle au moins avait cet avantage d’être plutôt agréable à l’œil. Puis Actarius. Manquait plus personne. Que papaaaaaaa.


- Addissiatz Saint-Félix.
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Magalona Eufrasia
Comte/Comtesse
Magalona Eufrasia


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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMar 7 Fév - 12:29

[Jour J]

Fidèle à moi-même, j'étais restée en retrait alors que ma Linèta, ma Lina, en pratiquement parfaite maîtresse de ces lieux, accueillait ses invités. J'offrais cependant un sourire à chacun des arrivants, ainsi qu'un salut chaleureux à défaut d'être prolixe. Toutefois, il était une personne qui titillait ma curiosité : le Germain ! Toujours dans l'ombre de la scène se jouant, alors qu'Actarius, le filleul de Mère, apparaissait amoindri, attirant ainsi l'attention sur lui, je m'approchais du blondinet qui saluait. Ne voulant,malgré tout, point le prendre en défaut, je sortais doucement de l'ombre en lâchant quelques mots murmurés, innocents puisque je ne savais point l'affaire entre ces deux là. Le tout accompagné d'un sourire, car après tout je ne voulais là que le taquiner. Peut-être était-ce ce secret que nous partagions, Lina et moi, au sujet de la disparition de Cristòl qui me rendait plus légère, moins sérieuse qu'à l'habitude (qui a dit moins coincée ? qu'il se dénonce ou il aura affaire à moi !).

Alors c'est vous qui m'avez volé l'attention de ma Linèta !

Aussitôt je sentis le feu envahir mes joues. L'audace de mon approche peut-être ? A des lieues de ce que j'étais en temps normal. A moins que ce ne soit de voir entrer le couillu Chauconin, qui avait bien changé, bien grandi et mûri de sa personne surtout.
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Finubar Anar
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMar 7 Fév - 22:04

Toutes les personnes présentes discutaient les uns avec les autres. Ne voulant point déranger, le manchot salua ses anciens compagnons d'armes. Il semblait avoir été royalement ignoré par celle qui hante son cœur. Finubar se dit qu'il allait tout simplement faire comme si de rien était. Et se dirigea vers Montjoie. Peut-être que de le voir en compagnie d'une autre femme lui ferait changer d'avis.

-Montjoie! Heureux de vous revoir.

Ne voulant pas faire peser quelconque soupçon sur son mouvement, il ne se retourna pas, ni même lorgna d'un coup d’œil en direction d'Eirwen.

Malgré son...caractère froid, Pérignan appréciait le Roy d'Armes. Il se pencha lui aussi pour se servir un "remontant". Ne pouvant point avaler plus d'eau de vie de ses terres, Finubar se prit une eau...de Vergèze...non,non, pas intentionnellement.
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Ingeburge
Prince/Princesse
Ingeburge


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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMer 8 Fév - 1:40

C'est avec une circonspection certaine que la duchesse d'Auxerre regarda venir à elle le baron de Pérignan car elle était de ces personnes dont on ne recherchait point la compagnie et, la circonspection eût été bien plus importante si ladite duchesse avait eu vent de la raison ou n'aurait ne serait-ce que deviné les motifs qui poussaient l'Anar à la rejoindre. Il y a bien longtemps qu'elle ne se considérait plus comme une femme au même titre que les autres et se montrait toujours surprise que l'on pût posséder à ce propos une opinion divergente. Donc, fort heureusement pour sa délicatesse et sa pudeur, Ingeburge ne sut rien des motivations de Finubar pas plus qu'elle n'en entrevît les contours et elle attendit donc que les inévitables questions liées à sa charge vinssent.

Il y eut, d'abord, retour aux salutations d'usage :

— Baron.

Avant un bref silence caractéristique chez elle. A dire vrai, même si elle pariait sur une histoire d'octroi, ou de nobiliaire à corriger ou bien encore de dispositions testamentaires, à moins que ce ne fût une question – hautement sensible et donc infiniment casse-gueule – de tracé, cette amorce de conversation la distrayait de son émoi. Il y avait bien eu la poire, accueillie, même si ce n'était pas de l'Armagnac, avec soulagement quand Aimelina lui en avait proposé : c'était toujours de l'eau-de-vie et c'était censé être fort. Ce qui était le cas, elle venait de l'expérimenter alors que le manchot ralliait sa position en retrait et ce qui la conduisit à ne pas retenter trop vite l'expérience, c'était un coup à être rapidement grisée. Et il lui en restait, de la poire, ce qui était un très mauvais scenario, quand on est l'intransigeante gardienne des us et coutumes nobles et qu'on passe pour l'une des personnes les plus tempérées des royaumes connus, se comporter comme une soûlarde, ça fait tache... comme les goussets de sable enlaidissant les flancs des blasons des nobles reconnus d'ivrognerie.

Justement, le responsable de ce liquide brûlant destiné à noyer la peine, ce n'était nul autre que Finubar Anar, et si ça, la chance de pouvoir papoter avec le baron des poires, ce n'était pas un signe qu'il fallait accueillir cette venue pour ce qu'elle était – une diversion plus que providentielle qui l'empêchait et de fixer le revenant vicomte du Tournel et de se pinter :

— Heur partagé, baron. Il y avait quelque temps maintenant; les joutes de Montpellier, si je ne me trompe pas.

Les dernières joutes, ce n'était pas une riche idée par contre, encore un truc qui donnait envie de tout oublier avec un petit coup de poire. Le hanap fut soulevé :
— Voyez, je goûte à votre terroir.
Enfin, juste un peu, promis; on ne sait jamais.
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Eirwen_Vergeze
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMer 8 Fév - 18:17

[Jour -J-]

-"Adissiatz, je suis Asémar, êtes-vous la dona Eirwen ? Je vous mène à l'intérieur, avez-vous des besoins particuliers ?"

Un serviteur !!! Sauvée !!! La blonde ne se fit pas prier. Elle suiva l’individu à l’intérieur pour ensuite apparaître dans la partie du donjon réservée aux invités. On pu donc voir arriver toute souriante une Eirwen lavée, rafraichie, peignée avec soin et dans des habits bien propres.

Cherchant du regard Aimelina, elle finit par la trouver avec Magalona et s’empressa de les rejoindre. Sautillant sur place, battant des mains, la blonde était au comble de la joie. Ses sœurs-adoptives !!! Les embrassant à tour de rôle, elle leur adressa un immense sourire. Mais tant de questions se bousculaient dans sa petite tête. Voilà des années qu’elle les avait perdues de vue. Elle voulait tout savoir !!!

Le regard illuminé de mille feux, elle s’apprêtait à les questionner sur leur vie des dernières années lorsqu’elle aperçu le Baron de Pérignan faire son entrée. Affichant une légère moue, la blondinette soupira. C’était bien son jour de chance. Croyant que cette rencontre en était une de famille, elle ne savait plus où regarder pour éviter le regard de Finubar. Du coin de l’œil, le voyant s’approcher d’elle, elle se mit à parler à haut débit, faisant semblant de ne pas le voir et surtout de ne pas l’entendre lorsqu’il la salua. Ben quoi ? Même si Eirwen avait été élevée par une famille noble, cela comportait des avantages et des inconvénients. Là, elle manquait carrément de bienséance mais elle s'en foutait royalement. Elle n'avait rien demandé ! Alors, la blonde débuta ...


« Mes sœurs ! Je suis tellement heureuse de vous revoir. Il va nous falloir se rencontrer en privé pour que je puisse tout savoir de votre vie de ces dernières années. J’ai plein de trucs à vous raconter également.! »

C’est alors qu’Aimelina introduisit le Baron dans la conversation.

Citation :
- « Sénher Finubar, c'est un plaisir de vous recevoir ! Cela fait des mois que nous aurions dû organiser cette petite formalité ! Enfin, c'est l'occasion pour moi d'augmenter ma clientèle, dans le même temps... Je vous présente Germain de Gisors, fils des défunts Pairs de França Kirah et Vinkolat de Gisors, qui portera le chevron brisé de Montfort. J'aurai ainsi un champion de rechange, s'il vous prend un jour l'envie de défendre les couleurs de donaisèla Eirwen ! »

« Pffff, tu parles ! » se dit Eirwen. Pas tout haut hein ! Dans sa tête seulement …

Puis d’autres invités arrivèrent. Plusieurs d’entre eux étaient de parfaits inconnus pour la blonde. Par contre, Jehanne Elissa arriva et elle, Eirwen la connaissant. Recommençant à sautiller sur place, elle attendit avec impatience que celle-çi soit suffisamment près du petit groupe pour l’embrasser à son tour. Que d’effusions ! Pour toutes ces jeunes femmes, le plaisir de se revoir était bien réel. Ça discutaillait gaiement. Chacune y allait de ses propres questions auxquelles d’autres répondaient aussitôt.

Aimelina proposa des rafraichissements à toute l’assemblée-, ou presque. Alors, la blondinette décida que pour l’instant, un grand verre d’eau de Vergèze, eau pétillante des terres de sa défunte mère, ferait bien l’affaire. Elle avait la gorge sèche à papoter sans arrêt.

Ainsi dont, le verre toujours à ses lèvres, elle observa du coin de l’œil le Baron qui tenait conversation avec une femme. Elle n’éprouvait aucune jalousie, ni crainte car l’homme pouvait bien s’approcher de toutes les femmes qu’il souhaitait que la Eirwen s’en souciait comme de ses premières braies.

Son père adoptif/tuteur/ Cristòl souhaitait la voir l’épouser ce Baron. Oh ! elle l’épouserait le vieux manchot, certes car c’était la volonté de Siaar mais il n’avait jamais été question d’amour de la part de la blonde. Alors, autant qu’il se fasse à l’idée de suite sinon, ça risquait de tourner à la catastrophe.

Pour le lecteur, vous pouvez donc l'imaginer, le verre à ses lèvres, délaissant du regard Finubar et reportant son attention sur l’arrivée d’un homme qui venait d’arriver et que plusieurs semblaient connaître…


[HRP: Désolée de ne pouvoir poster plus souvent mais j'ai un IRL très prenant en semaine./HRP]
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Finubar Anar
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMer 8 Fév - 21:29

Sa stratégie ne semblait pas fonctionner. Ne désirant pas trop y penser pour ne pas trop ruiner sa journée par rapport a la réaction de la jeune femme. Le Corbeau décida de prendre la compagnie de Montjoie avec un certain plaisir. Enfin plaisir était sans doute exagéré car certes elle possédait une certaine aura qui généralement repoussait toute personne sans même demander leur reste. Cependant le manchot avait tendance a agir de la même façon.

Un début de conversation semblait se former et il sourit. Les joutes...


-En effet, les joutes furent sans doute le lieux de notre dernière rencontre. Elles ne furent aussi brillantes que prévue. Car Nous ne sommes pas Champion du Languedoc.

Il sourit et se mit presque à rire même.

-Mais vous allez me revoir régulièrement aux tournois, car je compte bien m'améliorer et pourquoi pas devenir le premier Champion...manchot!

Il tapota d'un doigt sa cape qui donna une impression de flottement.

-Cela pourrait motiver plus de nobles meurtris à participer aux joutes!

Finalement un nouveau sujet atterrit.

-Aaah si vous voulez tout savoir, cette liqueur fut une découverte pour Nous lors d'une promenade au Bourg de Pérignan. Deux ancêtres...excusez nous. Hum...Anciens du Bourg, discutaient de choses et d'autres et consommait un liquide qui finalement était relativement intrigante...ou si je puis dire, la bouteille l'était surtout.

Le Corbeau se tourna vers la petite table et sortit la bouteille du liquide. Une poire à l'intérieure était plongée dans un liquide transparent.

-Voyez-vous, ils m'ont expliqués que la première bouteille de "La Poire de Pérignan" fut découverte dans un arbre.

Le vieux loup se mit à rire.

-Il faut voir ce qui est véridique à cette histoire. Car ils sentaient un peu fort et le visage des deux hommes étaient plutôt rosâtre.

L'homme était assez amusé à raconter cette histoire. Sans même s'en rendre compte, il avait complètement oublié même la présence de la blonde. Trouvant la compagnie d'Ingebruge "presque" amusante, car visiblement il n'avait cure de ce que les gens pensait à son sujet ou même ce qu'il se disait à son sujet.
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Actarius d'Euphor
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 13:02

Grogne bleu !

Voilà ce qui suivit les premières salutations. Et s'il y avait encore des doutes sur le fait que c'était bien le Phénix qui se tenait là, cette expression suffirait à les balayer. Plus qu'un juron, le "Grogne bleu" revêtait les métaphysiques atours d'une philosophie de vie. Si, si c'est parfaitement défendable. A contrario d'Anaxagoras de Clazomène, qui fut parmi les premiers à opérer une distinction entre la matière et l'esprit, le Vicomte avait créé un lien indéfectible entre la matière et l'esprit. Ainsi, cette expression aussi douce que gratinée, aussi particulière que personnelle, trahissait non seulement un profond état de surprise en son for intérieur, mais annonçait également une moue bien particulière marquée par des sourcils froncés et un sourire naissant. Elle s'apparentait à une forme de quête de la vérité, de la réalité, de recherche identitaire, et plus particulièrement en cette occasion à partir de quelques axiomes.

1. Son arrivée avait bouleversé une partie de l'assemblée.
2. A sa vue, des réflexes éthyliques avaient été enclenchés.

De ces éléments, il tira un enseignement irréfutable. Sa présence était inattendue, son état dont il était parfaitement conscient surprenait. En clair, il tombait comme un mort-vivant dans le gratin d'une cérémonie. Identité propre déduite: mort-vivant. Corollaire de cette identité auprès d'une majorité de l'assemblée: surprise. Réaction: affirmer sa réalité, redéfinir son identité en vivant. C'est pas clair ? En bref, le "grogne bleu" était une affirmation profonde du "moi" et de son existence concrète et avérée, un lien entre la matière et l'esprit ainsi que la marque apparente d'un état tout entier tourné vers la perception d'une réalité extérieure et peut-être illusoire, mais bon cela c'est une autre histoire.

"Grogne bleu", donc. Puis, un pas accompagné d'un léger écho boisé en direction de la petite étoile. "Sa" petite étoile. Cela répondait à une certaine logique qui relevait de la protection du "moi" existant, que seule la jeune Goupil avait reconnu comme tel. En récompense donc, elle eût le droit aux premières paroles construites du Vicomte.


C'est une joie partagée, Vescomtessa. Le sourire qui accompagnait cette sentence était pour le moins éloquent sur la véracité de celle-ci. Quittant le ton de la confidence, il parla plus haut histoire de se faire entendre de toutes et tous et de les obliger à reconnaître son "moi" existant. Je n'ai pas vraiment disparu, j'ai été malade et alité quelques temps. Remarquez l'habileté toute byzantine de la greffe d'opinion en cours. Ne pas nier son état presque cadavérique, lui donner une réalité acceptable par toutes et tous avec une explication plausible et qui plus était tout à fait exacte. Mais ça va mieux. Je reprendrais bien vite des couleurs, et ma jambe finira elle aussi par guérir. Merci Geoker ! Toujours aussi subtil dans sa volonté de persuader, le Vicomte faisait disparaître petit à petit le spectre du "mort" en affirmant la victoire du "vivant". Il mentait un peu en la circonstance, car il n'avait de fait aucune véritable certitude. Il s'appuyait uniquement sur une forme d'assurance qui n'avait rien d'une preuve concrète et formelle, quand bien même sa seule présence laissait à penser que s'il avait été malade, chose normalement admise comme vraie désormais, il ne pouvait aller que mieux. A plus forte raison que Saint-Félix n'était pas tout à fait proche du Tournel et qu'un voyage avait donc eu être entrepris, chose impossible pour un "mort", mais bel et bien réalisable pour un "vivant".

Mais tout cela ne suffirait peut-être pas. Aussi, pour affirmer plus fort encore la réalité concrète de son "moi" existant, le Vicomte fit montre d'un de ses traits de caractère irréfutable: l'impatience. Avec courtoisie évidemment, avec bonhommie naturellement, mais avec une certaine forme d'égocentrisme prononcé, un peu comme s'il avait été la maillon essentiel de cette cérémonie, ce qui, à la vérité, n'était pas vraiment le cas. Néanmoins, là où on pouvait le comprendre et lui pardonner, c'était qu'il était le plus titré parmi les vassaux et donc, du moins selon lui et peut-être à tort, celui à qui revenait le droit d'ouvrir les feux dans cette série d'allégeance. Un regard interrogatif balaya la salle et s'arrêta sur le Roy d'Armes, grand maître de la cérémonie. Selon la missive, toutes les personnes nécessaires étaient présentes, chose qu'il avait remarqué auparavant, devinant même que le blondinet devait être ce Gisors. Un nordiste avec une terre dans le sud. Hérésie ! Oui, il l'avait pensé. Quant à la jeune Eirwen, il la reconnut sans trop de peine. Il y avait une forme d'effet "Z" en elle indéniable. Skip, sa compagne, Finubar, les suzeraines, le témoin héraldique. Oui, tout était réuni selon lui.
Pouvons-nous commencer ?

Assurément, ce mort-vivant était bien plus vivant que son apparence le laissait croire et il s'agissait évidemment du Vicomte du Tournel.
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Aimelina
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 13:47

On remplit les verres, on regarde le Baron aux Poires saluer la Belle de Glace, on sourit à la douce Ariana, fleur toujours si fraîche qu'on ne saurait douter de la présence d'un jardinier à ses côtés, on garde un oeil sur un Gisors, on frissonne de voir la brune soeur se pencher à son oreille, on boude de voir Tonton Acta sur le palier de l'escalier, parce qu'il vous a fait passer pour menteuse... Et puis l'on frissonne, car un autre arrive, autre blond, autre aimé : le Chauconin.

Là, c'est le moment d'avaler la poire. D'un coup.
Pour se donner du courage :
Courage d'assoupir les convenances.
Courage d'affronter au complet sa famille, leur bienveillance comme leur jugement, au moment de commettre ses propres actes officiels, concernant son héritage.
Courage de regarder la bombe humaine qui pourrait exploser et la compromettre aux yeux des seuls êtres qui l'épaulaient : Germain de Gisors...
Courage de couper la parole à Jehanne Elissa, avant même qu'elle eût pu répondre à Actarius. Courage de tout envoyer valser...


-« Et bien oui, commençons ! Commençons donc ! »

Elle lorgna vers les discussions en cours : vous avez deux minutes pour finir. Le temps que la Sìarrette se perchât sur l'estrade dressée près de l'âtre, qui la montrait presque à contre-jour, et flamboyante, car le tissu buvait et recrachait la lumière avec belle vigueur ; le temps que Jehanne-Elissa la rejoignît, co-star de la cérémonie.
Le temps de déglutir et de chercher le regard de Magalona, la seule qui sait, la seule en cet instant à pouvoir, peut-être, saisir le coeur de la Linèta, qui dansait le kazatchok.

Puis elle les regarde, tous, un à un. Elle met autant que possible ses bras inégaux dans son dos, pour ne pas montrer aux autres son agitation ; la poire n'aide pas, elle a chaud au cou, chaud aux joues.


-« Benvenguts ! Oui, bienvenue, et parce que nous avons des hôtes du septentrion, amis d'òc, pardonnez-moi, je parlerai en oïl. »

Parler, oui, mais par où commencer, après cette justification bancale ?

-« Le septentrion... Le premier baron de Saint-Félix, Rekkared de Sìarr, en était originaire ; Sìarr est un nom plus nordique encore qu'Alhefeldt-Oldenbourg, Sìarr est un nom qui vient d'un endroit où la neige n'est pas qu'un mot. Où le froid n'est pas qu'un mot. Rekkared de Sìarr s'est uni à la chaleur du Sud, à Carmen, la belle castillane. Cristòl est né, qui... enfin, vous avez presque tous connu son regard ; l'oeil bleu du père et du froid, l'oeil brun de la mère et de la chaleur. La chaleur, ce fut son berceau, adoré, et c'est à la chaleur encore qu'il s'unit, avec Paula-Estèva... Et me voilà. Fille du Méridien, aujourd'hui je n'oublie pas que le premier Baron de Saint-Félix fut un homme du Nord et du froid, un homme qui, comme son fils après lui, et comme moi, criait... Sowila ! »

Elle n'avait qu'une main, elle n'avait qu'un poing, et il était brandi bien haut. Des larmes perlaient aux coins de ses paupières, mais l'assistance l'apercevait-elle déjà ?
Elle chercha le regard de son frère, le Chauconin ; lui était né dans le nord, elle dans le sud. La dualité, encore ?


-« Sowila, la rune nordique du soleil... Le soleil dans le nom de Sìarr, un nom du nord pour des hommes du Sud. Peut-être était-ce écrit. C'était en tout cas gravé au-dessus de la garde de l'épée des sires de Sìarr. Mon paire l'avait brisée jadis face à une armée de Bretons, et c'en était suivi, de toutes ses absences, une déchéance pour Saint-Félix et la prise du pouvoir par le félon Delfin Blausac. Cristòl est revenu, a chassé le félon et reforgé son épée ; et Sant-Féliç a refleuri.
Aujourd'hui l'épée des Sìarr est de nouveau brisée, et je crains pour le devenir de la Baronnie un nouvel defalhament du pouvoir. Aujourd'hui, je suis une fille de la chaleur, et je n'ai jamais eu aussi froid. Aujourd'hui... »


La Linèta avait des larmes sur les joues, des larmes dans le coeur. Elle chercha les regards de Skip, de Finubar, d'Actarius, troïka d'hommes vertueux, indéfectibles amis de la famille.

-« Aujourd'hui, chers vassaux, chers amis, ayez Cristòl de Sìarr à l'esprit, lorsque vous prêterez vos serments ou parlerez sous son toit. L'épée que l'on m'a portée et les souvenirs que vous avez de lui sont désormais tout ce qui nous reste de... de mon paire. »
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Ingeburge
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Ingeburge


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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 16:00

Et la conversation, courtoise et bon enfant, de rouler entre une duchesse d'Auxerre un brin réchauffée par la poire et un baron de Pérignan qui n'en avait visiblement pas besoin pour se montrer expansif. Elle accompagnée de sa poire, lui chargé de son eau – mais quelle drôle d'idée quand il y a de l'eau-de-vie –, ce qui était, pour l'un et pour l'autre être être pourvus de fort honorable façon, ils discutèrent.

Fut ainsi d'abord abordé le sujet ô combien sérieux des joutes et Ingeburge, d'un ton tout aussi sérieux de répondre :

— C'est la pratique répétée qui fait les grands champions, vous avez raison de persévérer, baron.
Et c'est de boire qui fait l'ivrogne, mais cela, elle le tut, elle n'en était pas encore rendue à débiter toutes les idioties qui lui venaient à l'esprit. Et par Dieu, ça se bousculait dans sa tête et ce n'était pas seulement dû à la poire à laquelle, au final, elle n'avait que peu sacrifié, son verre ne contenait-il pas encore un peu d'eau-de-vie? C'était la présence du disparu qui l'enivrait aussi, pour sûr, aussi enchaîna-t-elle, l'air toujours aussi grave :
— Et si vous donnez vous-même un tournoi, assurément que cela ne pourra qu'encourager vos pairs, qu'ils soient ou non... blessés.
Comme l'autre avec sa canne. Rah.

Fort heureusement, Finubar se montrait prolixe et même gouailleur et il sut capter toute son attention avec la fable relative à la liqueur de Pérignan. Et il le fallait, le disparu était doué de parole et c'était un coup à l'écouter lui et à occulter tout le reste et elle ne savait ce qui était pire pour son sens des convenances : être pétée ou se conduire comme une adolescente énamourée. Ainsi donc, l'Anar était son sauveur et doublement. Il lui fournissait l'anecdote pour penser à autre chose qu'à cette terrible présence et le boire pour ne plus penser du tout si le conte ne s'avérait pas suffisant. La fascination de la Prinzessin se marquait par ses yeux pâles qui s'ouvraient davantage et qui prenaient une fixité intense, elle vrilla donc son regard dans celui, goguenard de son vis-à-vis et elle but tant ses paroles que son eau-de-vie. C'est ainsi qu'elle lâcha, toujours aussi sérieuse alors que Finubar riait de son histoire :

— Eh bien, il faudra me faire parvenir un plant de ce poirier-là, baron. Je ne sais s'il prendra en Bourgogne mais je pourrai toujours le faire pousser à Carpentras.

Hop, une gorgée en plus, pour finir ce premier verre, pour se taire, pour oublier que Carpentras et le Comtat Venaissin et Saint-Raphaël sont irrémédiablement perdus et pour ne plus subir ce regard qui vient de se poser sur elle quand qu'il ose demander, alors qu'il est à la bourre, si on peut commencer. Bah voyons. Louée soit la divine Providence qui fit que ce fut Aimelina qui répondit à cette question car la Sneedronningen se sentait en veine d'insolence, comme toujours quand il était dans les parages, son impertinence native flattée par cette douce chaleur qui lui envahissait le corps. Au baron, elle dit encore, alors que la Sìarrette et la Goupil prenaient place :
— En attendant, je passe commande auprès de vous de quelques bouteilles car, même si je ne connais rien aux plantes, j'imagine fort bien que mon plant de poirier ne donnera pas tout de suite de l'eau-de-vie. Et je passe également commande d'un nouveau verre.
Et la coupette d'être tendue vers son compagnon.

Déjà, la maîtresse des lieux prenait la parole pour ouvrir la cérémonie et la Septentrionale de tâcher de se concentrer sur le discours introductif débité en oïl parce qu'il y avait quelques intrus dans la pièce. Comme elle dont le nom venait d'être prononcé. Comme la neige de son enfance danoise qu'elle avait oubliée avant de la revoir, triste ironie, habiller la cime du Ventoux. Et comme un écho de cette nostalgie qui la prit pour ces terres danoises et norvégiennes qui étaient siennes et qui lui étaient si étrangères, cette nostalgie qui lui donnait envie de pleurer, elle vit couler les larmes d'Aimelina.

Ingeburge eut besoin de quelques secondes pour comprendre ce qui venait d'être dit mais quand elle entrevit le sens de la dernière phrase qui leur avait été adressée, elle saisit. Son regard se porta instinctivement sur le vicomte du Tournel qui n'était en fait pas le dernier arrivé, la Mort venait en effet de faire son apparition.
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Jehanne Elissa
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 16:38

- « Vous avez intérêt, à guérir, Actarius! Je ne veux pas d'un vassal et d'un oncle tout affaibli! » Et si le sens de la phrase était menaçant, le ton avec lequel c'était dit, lui, était enjoué, tant la Vescomtessa de Cauvisson était déridée de toutes ces figures joyeuses... Et Guillaume de Chauconin qui faisait son apparition ! Un large sourire parait le visage de la rouquine. Ses dents du bonheur irradiaient à nouveau ce donjon rond comme le ventre d'une mère. Rien n'aurait pu, pensait-elle, la faire descendre de son petit nuage, au moment d'aller saluer le Chauconin. Actarius, lui, était après observer l'assemblée, voir qui était là.

- « Bonjour Guillaume! Tu es en retard, je croyais que tu ne voulais pas me voir! » Là encore, des mots sévères que l'on ne pense pas, et des yeux rieurs qui, eux, ne mentent pas. « Je crois qu'ils sont là bas en train de boire, va prendre un verre, et après la cérémonie, tu me raconteras ce que tu as fait pendant tout ce temps où j'étais en Bourgogne! » Alias pendant tout ce temps où j'attendais qu'on m'annonce mon mariage, mais Soeur Anne ne voyait point venir le Fauconnier à l'horizon. Même cette pensée, pourtant, ne pouvait mettre bas le bonheur qui était celui de Jehanne, en ce beau jour de retrouvailles.
Elle osa même poser sur la joue du plus jeune qu'elle un gentil baiser, avant de monter sur l'estrade, au côté d'Aimelina.
La brune commença le discours, et c'était bien normal, puisque c'était à l'hôtesse d'accueillir formellement ses hôtes. A mesure pourtant qu'elle débitait sa litanie sur les Sìarr, ce qui n'était normalement pas le thème principal de notre réunion, qui concernait autant sa mesnie que celle des Volpilhat, Jehanne Elissa saisit quelques marques alarmantes de passé et de triste mélancolie. Il était facile d'attribuer cela à la maladresse d'Aimelina en oïl : on sentait, dans sa voix, l'accent puissant du sud, les mots occitans qui bondissent parfois avant les français. Jehanne, qui avait davantage vécu en Bourgogne, et davantage étudié de manière générale, saisissait ces petites imperfections de langage, de temps, d'accords, et se trouva vite mal à l'aise d'ignorer si c'était volontaire ou si c'était négligence linguistique. Elle voulait que ce soit le malparler d'Aimelina ; elle voulait ne pas comprendre ces signes précurseurs de la dernière phrase.
Le froid qu'Aimelina décrivait, il envahit peu à peu son corps. Son coeur, quelques instants encore en fête, se drapa de solennité et de tristesse. Elle n'osa bouger tandis que les derniers mots résonnaient encore dans ce donjon qu'elle avait trouvé si accueillant.

Après la phrase d'Aimelina, il y eut un moment de silence, durant lequel la petite goupile pencha la tête sur le côté pour faire passer sa tresse épaisse devant elle, et la prenant, elle la défit. Pour rejoindre les cheveux lâchés d'Aimelina ; pour être pleureuse elle aussi. Des larmes d'ailleurs coulaient, dignes. Elle voyait tous ces gens sur lesquels la nouvelle s'abattait comme la foudre. Elle les aimait trop pour courir dans la chambre et s'isoler dans sa douleur. Ensemble, ils seraient plus forts.
Etalant ses cheveux roux et bouclés sur ses épaules, elle dit alors :


- « J'ai eu trois pères pour m'élever, LeGueux, Cristòl et Actarius. L'un est parti, l'autre part, et je prie le dernier de rester encore. Et... et dans le souvenir des deux autres, compagnons d'armes et de fortune, amis surtout, je le prie de s'approcher de moi pour renouveler ce lien qui nous unit tous, en dépit du temps, des distances, des départs, dans la pensée des défunts et notre réciproque amour.
Que ce deuil ne nous isole pas chacun en nous, mais nous unisse.

Actarius... Dites-moi que tout cela n'est pas une fin. Que la vie continue, que vous m'aiderez encore, me conseillerez, comme vous l'avez fait depuis mes premiers jours... »
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Actarius d'Euphor
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 18:21

La nouvelle glaça le Vicomte sans le glacer. Il eut un léger frisson éphémère, sans commune mesure avec la douleur ressentie lors de la perte de son épouse ou de ses enfants, voire de sa suzeraine. Disons qu'il prit la nouvelle avec philosophie - pas celle du "grogne bleu", quoiqu'il se retint d'en prononcer un par respect pour le deuil de la jeune mutilée -, à plus forte raison que s'ils avaient été proches avec le Sìarr, ils s'étaient éloignés l'un de l'autre avec le temps. Il en fut triste naturellement, mais n'en laissa rien paraître. Pleureur, il ne l'avait jamais été. Grogneur, râleur, oui, mais pleureur non. Pas une larme donc, aucun rictus particulier. Juste un roc résistant à une nouvelle vague funeste. Un roc qui se mut bientôt en direction la rouquine qui avait lancé l'appel, un roc qui prit la parole avec gravité.

La mort n'est pas une fin, ma Suzeraine, c'est un commencement. Les vertueux gagnent le paradis éternel, les pécheurs l'enfer lunaire. Je ne doute pas que Cristol baigne de lumière et qu'il en usera encore pour vous guider. Il en va de même pour Marguerite. Aujourd'hui, le père que j'ai pu être va disparaître et laisser place au vassal. Vous êtes en âge d'assumer ce que vous êtes, d'assumer le nom que vous portez et votre héritage. Chacun des mots étaient évidemment pesés, tous prononcés avec une certaine solennité, celle qu'autorise non seulement le rang, mais aussi et surtout l'expérience de la vie. Votre voie ne sera pas facile à tracer, comme celle de tous les héritiers. En Languedoc, comme ailleurs, la plupart des grands noms se sont forgés eux-mêmes, ils se sont élevés à force d'investissement. Il incombe à leur descendance de ne pas oublier les sacrifices consentis et à vous plus particulièrement de ne pas oublier ce que fut Marguerite, ce que fut sa piété, son sens de la mesure, sa gentillesse, sa pureté. Elle demeure un exemple à suivre. Suivez-le, ne soyez pas comme tous ces héritiers qui ternissent le nom qu'il porte par leur comportement arrogant, par leur fierté déplacée, qui consume les biens hérités sur l'autel de leur vanité, qui s'abandonnent parfois à la luxure. Soyez digne de celle qui fut ma suzeraine et n'oubliez pas que vous avez encore tout à prouver. C'était dit, en quelques mots, le Vicomte venait d'offrir sa vision de cette nouvelle génération qu'il avait croisée en bien des occurrences et dont certains représentants lui faisait véritablement froid dans le dos. Des blancs-becs fiérots, outrageusement riches, qui se perdaient dans l'alcool, à l'image d'un Vaisneau. Il n'aimait pas l'arrogance injustifiée de ces jeunes gens né dans des draps d'or, il n'aimait pas leur attitude suffisante comme si tout leur était dû. Bien entendu, il n'aurait pas imaginé un instant que ses propos pussent concerner des personnes présentes. La Linèta dépensait pour des robes, mais ce n'était là qu'un petit défaut largement effacé par son investissement. Magalona filait droit, une fille vertueuse et réfléchie, il n'avait rien entendu de néfaste sur Eirwen. Quant au Gisors, il ne le connaissait même pas. Son nom ne lui était pas étranger certes, mais le jeune en lui-même lui était un parfait inconnu. Il prononça ces paroles sans autre pensée donc que de faire comprendre le poids de ce qu'il incombait à son imminente - officiellement du moins - suzeraine.

Parce que cette voie ne sera pas facile à suivre, parce que vous aurez besoin de soutien, de vassaux fiables pour vous épauler, moi, Actarius d'Euphor, vous renouvelle ce jour mon serment d'allégeance pour la seigneurie de Saint-Dionisy. Comme je le fus pour Marguerite, je vous serai fidèle, je vous prêterai conseil et vous apporterai mon aide. Ainsi que je fus présent dès votre plus jeune âge, je le resterai jusqu'à ce que le Très-Haut me rappelle à lui. Le serment fut prononcé avec ferveur, la même qui avait été la sienne sur le parvis de la cathédrale de Mende, la même qui avait été la sienne au moment de déposer le baiser de paix sur les lèvres déjà froides de la Fleur d'Oc. Il existait là un lien qui dépassait celui de la vassalité et quand bien même il en avait exprimé l'exacte contradiction, le père qu'il avait été demeurerait toujours. Peut-être simplement se cacherait-il désormais sous les traits d'un vassal pour offrir ses conseils et son expérience.

"Non, tu ne seras jamais seule, ma petite étoile".
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Skip Lo Casalièr
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 19:28

Skip, tout a ses idées noir, prenait machinalement de petite gorgé du liquide fort. Il ne goûtait rien, il ne sentait rien, il chassa même toutes pensés... Plus rien n'existait maintenant hormis cette petite lueur, cette pression sur sa main.

La Lumière revint dans son cœur déjà froid.

Cette Lumière qui l'avait fait renaître, nouveau et soigné. L'esprit uni en un, l'Ombre chassé à jamais, il ne restait que la Mort, mais il espérait soudain que la Lumière tienne en respect la Mort encore très longtemps! Son regard se porta sur le ventre arrondie de son épouse et l'image lui permis de retrouver le sourire. Sourire qu'il montra à son épouse en posant sa main libre sur la sienne.

La petite Sìarr s'avança alors vers l'estrade et quelque chose dans l'attitude de la gamine lui fit avoir un frisson. Le même qu'il a eu au baptême. Le même qu'il a eu en entrant ici! Le même qui lui à posé un léger manteaux froid sur le cœur! Le discours qu'elle avait n'était pas non plus pour le rassurer. C'était un hommage qu'elle donnait! C'était de la mélancolie, du deuil en verbe! La Neige, lui aussi l'a connu. Il y a eu les pied gelé, le corps meurtrie, l'esprit bafoué, là haut dans le Nord. Il était parti vers le Sud pour trouver le calme, la Paix, Paix qu'il avait finalement trouvé.

Sa propre épée, celle à son côté, était encore intacte, cette épée qui lui fût donné il y a longtemps et qui à servit plus au mal qu'au bien était encore droite, intacte et infaillible. L'épée du Juste brisé, celle du Malin solide...

L'épée du Juste brisé encore... Celle du Malin toujours, à jamais, solide et droite!

Son regard croisa celui de la fille de son ami et il y lu, bien plus que les larmes pouvait le montrer, la confirmation de son frisson. Les paroles prononcé le furent dans un bourdonnement...


Une chaise...

Par réflexe de survie, par esprit Illuminé, par sentiment plus fort que celui de la Mort peut-être, il traina son épouse, déjà vacillante, vers la chaise en question, puis... par excès de poids dû au grand âge qu'il avait, le poids infini de voir tout ceux que l'on aime mourir avant soit, posa un genoux au sol, puis un second, et fondis en larme sur les cuisses de son épouse. Ses vieux os, son corps courbé, est secoué de soubresaut, mais aucun son ne sort... Il n'entend même pas les paroles qui sont prononcé après lui, bien que la voix apaisante du Phénix lui redonne un peu de courage.

Ce courage... il le retrouve dans l'arrondie devant son visage maintenant levé. La force... il la trouve dans les yeux de son épouse. La volonté... il l'a trouve dans l'Espoir! Espoir que représente son fils... Olivièr Cristòl Del Casalièr... Le dernier Cristòl...

Il se relève... Se force à reprendre fier allure, les yeux rouge, le visage humide, mais la tête haute! Puis pose une main sur l'épaule de sa jeune fleur. L'autre sur son épée, décoré au couleur du Languedoc, gravé de sa propre devise: "S'escrimir ta la vivença!"

Oui! Ce battre pour la Vie! La protéger, la chérir et l'aimer.

Il attendit son tour pour parler, bien qu'il ne connaisse pas encore les mots qu'il pourra dire...
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ArianaAnthea Del Casalièr
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 20:50

Tout le monde semblait dès lors arrivé, le Vicomte de Tournel souhaitait vouloir mener les choses, c'est donc tout naturellement qu'elle se tourna vers la petite estrade où la jeune Vescomtessa était déjà perchée.

Elle l'écouta comme on écoute un sermon en chaire. Cependant, plus la jeune femme parlait plus quelque chose semblait étrange. On dit parfois qu'une femme grosse ressent des choses que d'autres ne ressentent ou ne voient pas. Ce qu'elle ressentait en l'instant n'était pas pour la rassurer, loin de là...Déjà lors du baptême de son fils puis lorsqu'elle avait fait passer la pastorale à sa désormais Suzeraine, elle avait cru percevoir une tristesse, ou du moins une dissimulation de certains faits, là ses intuitions semblaient se faire jour. Qu'allaient-ils donc apprendre ?

Elle se montra, donc, encore plus attentive et quand les derniers mots tombèrent, elle crut tomber avec eux. Trépassé, il était trépassé...Comment se retrouva-t-elle assise, la tête de son époux sur ses genoux ? Elle ne le sut, comment eut-elle la force de poser sa main sur la tête de celui-ci pour le consoler et ensuite le regarder ? Elle ne le sut, comment réussit-elle à ne pas perdre conscience ? Question qu'elle ne se posa pas, elle avait désormais le regard dans le vague, la main posée sur son enfant à naître, et entre deux halètements répétait comme une litanie...


Il n'est plus, comme ils ne sont plus....
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Germain_gisors
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyVen 10 Fév - 21:27

Ces femmes sont folles. Non, vraiment dans cette famille, les femmes sont folles. Autant il arrive à gérer l'arrivée impromptue de toute une tribu de mômes quand il est occupé dans sa chambrée, autant arriver à canaliser les soudaines lubies d'adolescentes, de jeunes femmes, ce n'est pas du tout son fort. La preuve en est, plutôt que de s'acclimater à Perrinne, à cette jeune femme, elle est plus masculine que féminine, comme pour s'acclimater à lui.

Alors il ne sursaute pas, mais le regard bleu qui se pose sur la languedocienne est interloqué.


Ah ça, je ne vole rien. J'attends que l'on me donne. M'a-t-elle offert de l'attention ? Alors j'en suis ravi. Mais si vous voulez, je peux lui demander de vous en donner un peu, ne serait-ce que pour vous extorquer un sourire.


Même pas flatteur. Un sourire, c'est toujours beau à regarder. Un sourire, c'est toujours ça de pris. D'ailleurs, il voudrait un sourire de Linèta, il voudrait de l'attention aussi, et puis d'autres choses bien moins respectueuses pour le simple plaisir de l'avoir pour lui seul. Mais voilà qu'elle parle, qu'elle dit des choses qu'il ne comprend qu'à grande peine jusqu'à la dernière phrase.

Ah bah merde alors..

Voilà, c'est tout ce qui lui vient à l'esprit. Ah bah merde alors.. Beau-Papa est crevé avant même d'avoir pu le saluer. Enfin.. Beau-Papa, n'allons pas trop vite en besogne, n'allons pas trop vite du coup, d'ailleurs, tout va trop vite. Les gens parlent trop vite, les gens réagissent trop vite, parlent trop, font trop, et lui, le Normand qu'a-t-il à faire ici qui ne connaît pas la moitié des personnes même pas le quart, pas même un huitième. Que faire ? Que dire ?

Ah bah merde alors..
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptySam 11 Fév - 1:18

La réponse formulée par Actarius ne lui plut guère. Certes, elle était bien placée pour savoir que seul le Très-Haut décidait en dernier ressort du moment où Ses enfants devaient trépasser mais pour autant, elle eût aimé entendre autre chose que cette assurance de toujours être là qui lui paraissait bien tiède. C'était du déjà entendu et ne venait-il pas de disparaître, au mépris de ce serment déjà prêté et des sentiments de ses proches? Il y aurait dû avoir plus d'engagement, plus de contrition. La question que Jehanne Elissa lui avait lancée, c'était la même qu'elle brûlait de lui poser et elle aurait exigé une autre réponse s'il avait osé lui servir ce fatras de choses convenues sur la vie après la mort.

Mais elle ne réagit pas, ce n'était ni le lieu, ni le moment et puis, rien n'était fait pour qu'elle se sentît concernée. Comme un instant auparavant, elle se sentit une intruse et davantage encore peut-être du fait de cette réponse qu'elle ne comprenait pas. Et puis, maintenant que les choses s'enchaînaient, il n'était attendu d'elle qu'une chose, qu'elle se montrât assez attentive pour pouvoir témoigner, même si rien n'avait été fait pour qu'elle le pût. Où devait-elle s'asseoir? Dans quelle mesure devait-elle s'impliquer? Ne devait-elle pas procéder à certains rappels? Après avoir salué le baron non sans s'être à nouveau ravitaillée en eau-de-vie, elle se posa dans un coin, s'isolant volontairement et il importait peu qu'on l'on songeât qu'elle boudait, c'était là son air naturel. Le tabard resterait plié, le caducée rangé dans son étui et elle n'attendrait plus que se répétassent cinq fois fidélité-aide-soutien-conseil et subsistance-protection-justice la seule chose pour laquelle elle était au final utile.

Dans un autre coin, un blond qu'elle se remettait maintenant – comment n'avait-elle pu reconnaître sur-le-champ la frère de Perrinne, sa blondinette? – semblait lui aussi faire la tronche. Certainement un truc de gens du Nord, ça.
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Magalona Eufrasia
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptySam 11 Fév - 20:29

[Germain] Ah ça, je ne vole rien. J'attends que l'on me donne. M'a-t-elle offert de l'attention ? Alors j'en suis ravi. Mais si vous voulez, je peux lui demander de vous en donner un peu, ne serait-ce que pour vous extorquer un sourire.

Et ce ne fut pas tant les propos tenus que le regard interloqué qui me mis à mal. Je rougis alors - telle mère telle fille ? - et laissais mon regard plonger vers mes mains qui se trituraient l'une l'autre sous la gêne. Mais quelle idée aussi avais-je eu là que de tenter la taquinerie, moi qui était toujours si sage et si prévisible ? J'en tirais leçon et me promettais de ne plus jamais me laisser aller à ce genre d'exercice.

Je fus sauvée par l'annonce de la mort de Cristòl. Je m'y attendais et donc ne laissais pas la douleur se voir. Sachant que Lina aurait besoin de moi, de ma présence, je lui offrais mon regard autant que possible, afin qu'elle y puise la force d'avancer, de continuer. La remerciant de m'accorder un répit. Me sentant mal à l'aise dans la lumière, je fis un pas en arrière, pour retourner à l'ombre que j'aimais. Mais je ne quittais pas Linèta du regard. Je resterai pour elle le cap à garder, le phare dans la nuit.

Toutefois, fidèle à moi-même, j'observais les gens - autant qu'il est possible de le faire quand on offre son soutien par un regard aimant. Non pas par curiosité malsaine, mais parce que c'était là ma nature et que j'en avais pris l'habitude. L'on apprend tellement des personnes qui nous entourent en les regardant vivre. Chacun semblait digérer la nouvelle à sa façon. Mais il était certain que le choc n'aurait pu être plus violent. Qui aurait pu savoir alors que Mère n'était plus, elle non plus ? Que sa folie l'avait conduite à une fin des plus improbable ? Aucun des présents en Languedoc. Et peut-être était-ce mieux ainsi : la soudaine disparition de l'homme de bien qu'était mon beau-père était une plaie qui resterait ouverte pendant longtemps. Il n'était pas besoin de l'entacher de la folie furieuse de celle qu'il avait prise pour femme à cause de son sens bien trop élevé de l'honneur et du devoir.
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Aimelina
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyLun 13 Fév - 13:30

Aimelina posait un oeil angoissé sur ses invités : comment réagissaient-ils, exigeraient-ils d'annuler la cérémonie pour se recueillir, seraient-ils tous trop abattus par la nouvelle ? Elle avait tellement ruminé ce deuil en elle-même qu'il lui était plus facile de se tenir. La vue, pourtant, d'un Skip abattu sur les genoux de son épouse portant la vie, le souvenir du baptême du petit Olivièr Cristòl, durant lequel la Sìarrette avait pleuré son père en secret et loué ce petit être qui reprenait son nom et, symboliquement, lui redonnait chair... le coeur de la Linèta se serra, et descendant de l'estrade, alors que résonnaient les mots de Jehanne, si forte en cet instant, et d'Actarius, fort et solennel comme on s'attendait à ce qu'il le fût, elle alla servir un nouveau verre de poire au seigneur de Counozouls, qu'elle posa dans les mains de son épouse.

-« La mort n'est pas une fin, ma Suzeraine, c'est un commencement. »

L'un et l'autre s'excluaient-ils ? La mort était bien une fin. Un commencement, aussi, mais Aimelina ne comprenait pas que l'on niât cette fin, ce départ, cet adieu...
Sa main, à elle, la droite, seule valide, pressa l'épaule du Casalièr et ses yeux regardèrent les autres. Magalona savait rester digne, elle était digne, digne et immobile. Germain semblait perdu, pauvre bel et blond Germain ! Chauconin était ailleurs, derrière elle sans doute, et elle repoussa le moment de connaître sa réaction. Actarius parlait encore, et les yeux de la Sìarrette s'arrêtèrent sur Puèchgaug, qui s'était quoique alerte repliée dans un coin du donjon... d'abattement mélancolique ? de sincère tristesse ? de fatigue, de mépris ? Aimelina se rappela chevaucheuse, et pinça les lèvres. Le tour des événements seyait-il aux convenances administratives de la cérémonie ? Cela avait-il une réelle importance ? La spontanéité méridionale, l'emphase, la chaleur humaine leur étaient tout. Même une cérémonie en occitan serait trop parisienne, si on lui ôtait cela...


-« ... Suivez-le, ne soyez pas comme tous ces héritiers qui ternissent le nom qu'il porte par leur comportement arrogant, par leur fierté déplacée, qui consume les biens hérités sur l'autel de leur vanité, qui s'abandonnent parfois à la luxure. »

Aimelina frissonna. Sa main quitta l'épaule du Casalièr. Elle alla vers la Duchesse d'Auxerre et, sur un ton de confidence inquiète, demanda :

-« Puèchgaug, ai-je mal fait ? »

Mal fait d'avoir annoncé ce décès ? Mal fait d'avoir mal accueilli la délégation héraldique ? Mal fait d'avoir laissé la parole à Jehanne Elissa ? Mal fait d'avoir servi de la poire à tous ? Elle-même avait la tête brouillée. C'était la poire, c'était l'arrivée d'Actarius, c'était tant de monde sous son toit, qui lui était monté à la tête ; son sang chaud avait bouillonné et jailli, elle avait lancé la danse, et maintenant ne la contrôlait plus. Elle ne savait pas même ce qu'elle était en train de demander à Ingeburge. Cherchait-elle en ce modèle d'impassibilité vertueuse une forme d'assentiment ? Cherchait-elle à reprendre ses devoirs d'hôtesse, les ayant avec telle muflerie laissés de côté ?
Le savait-elle elle-même ? Elle errait au milieu de ces invités, cherchant l'épaule sur laquelle elle pourrait tout reconstruire.


Dernière édition par Aimelina le Mer 22 Fév - 17:42, édité 1 fois
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Finubar Anar
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyLun 13 Fév - 20:57

Face a lui une jeune femme toujours de marbre a ses paroles, cependant certaines de ses réponses laissait entre apercevoir un léger amusement dans la situation. La conversation restait cependant des plus courtoises. Il en profitait quelques instants pour jeter un regard de temps à autre en direction du reste des gens présent. Il ne vit cependant pas l’arrivée d’Actarius, un compagnon d’armes de longue date.

Visiblement, la Poire était au gout de la jeune femme. Le vieux Corbeau ne buvait que très peu. En société il tentait constamment de couper le vin avec de l’eau. Il ne voulait jamais montrer en publique. La raison en était simple, l’idée que l’on puisse lui dire ou simplement faire circuler une rumeur stipulant qu’il était alcoolique le répugnait.

Seul devant un coin de cheminé, c’était le seul moment ou le Baron buvait. Des soirées monotones, à ressasser des choses du passé. Il faut l’avouer que ce style n’était cependant plus aussi régulier. Au contraire, il avait fait son deuil, certes pendant longtemps, mais aujourd’hui il était en paix avec lui-même. Plus d’épée de Damoclès planant au dessus de sa tête, plus de pensées noir, plus rien. Juste un homme seul, mais un homme heureux quoiqu’il en soit.

Les paroles de Montjoie furent comme éteintes quelques instants et c’est l’appel à son rang qui le tira de ses songes. Il n’eut pas saisit le début mais le fait d’entendre le « s’il prendra en Bourgogne” suffit pour lui mettre la puce a l’oreille concernant le début.


-Et bien soit, s’il vous serait plaise d’en posséder un plant, je tacherai de voir pour vous le faire parvenir. Quand à savoir s’il poussera en Bourgogne ou même à Carpentras, vos gens de maison devraient y parvenir. Au pire des cas, le Seigneur Lo Casalier ici présent est un jardinier de grand talent. Peut-être pourra t-il vous conseiller quelques peu.

Il sourit et poursuivit.

-De même, à votre prochain passage près des terres de mon domaine, n’hésitez pas à vous y arrêter, vous serez la bienvenue pour y résider avant d’arpenter d’autres routes pour d’autres missions héraldiques. Et vous y trouverez également un endroit pour quelques bouteilles de Poire au passage.

La coupette tendue vers lui, Finubar s’apprêtait à lui en reverser, lorsque la Maitresse des lieux prit la parole. Son attention acquise, il poursuivit ses mouvements avec une plus claire lenteur. Bouteille en main, il s’approcha du récipient de la Roy d’Armes, et s’apprêtait à en verser le contenu, lorsque l’annonce du décès de son Suzerain fit faite. Clairement, la Siarette ne voulait pas le crier haut et fort ainsi que de manière limpide, mais l’image donnée était on ne peu plus clair pour l’assistance. Le visage du noble se figea quelque peu, sans laisser transparaitre quelconque émotion. Ce qui le trahit quelque peu, fut le cliquetis de la bouche de la bouteille tapant à un rythme frénétique contre la coupette. Sa main tremblait. Se reprenant, il reprit contrôle de ses sens et versa le contenu dans un silence de Mort. Il reposa la bouteille et fit face à la petite qui venait d’attirer sur elle l’attention complète des personnes présente.

Sur le coté, il vit son ami de longue date s’effondrer. Plus loin, Actarius, aussi calme et inébranlable qu’il le connaissait. Son regard se reporta sur sa Suzeraine. Il ne put voir les larmes couler mais ne doutait en aucun cas que celle-ci soit affectée bien plus par la mort de son père qu’elle ne voulait en laisser paraitre.

Finubar s’en voulait au fond de lui. Il avait fait la promesse d’apporter son bras armé à Cristol lors de son allégeance. Il se battait à ses cotes même plus loin dans le Nord. Mais voila qu’aujourd’hui il avait faillit a son devoir. Le Corbeau aussi était au Nord, mais lorsque l’ordre de démobilisation lui était parvenu, c’est un manchot blessé par les batailles qui avait reprit la route seul jusqu’au Sud.

Un pardon de sa Suzeraine ne lui suffira pas, ca il en était persuadé. Mais comment pouvait-il se repentir ? Comment pouvait-il se présenter devant le Tres-Puissant lorsque son jugement approchera ?

Pérignan frotta de sa main, sa barbe naissante et expira en même temps. Sa coupe fut portée a ses lèvres et le liquide fut bu d’une traite, son humeur joviale venait d’être consommé en l’espace de quelques battements de cœur
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Eirwen_Vergeze
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMar 14 Fév - 4:27

Comment décrire ce qui se passait en ce moment derrière le front de la blonde ? Immobile, tenant toujours sa coupe d'eau, elle avait assisté à la scène comme détachée, sans réaction. Et pourtant en elle, comme les flots impétueux d'un torrent après l'orage, les larmes se pressaient derrière son regard d'azur et bien plus puissante encore, l'envie de se laisser aller au chagrin, de s'effondrer devant cette perte, la perte de celui qui lui avait tenu de père, à elle, l'orpheline, qui ne se souvenait plus de sa propre mère, buttait avec la force de la tempête contre les falaises de la Raison...

Raison, oui, la Raison. La Raison qu'il fallait garder, pour elle, pour elles, pour eux et pour Lui. Lui qui n'aurait pas voulu voir celle à qui ses enfants, qu'ils soient Siàrr ou non, avaient été confiés pour qu'elle leur apprenne à devenir de bonnes personnes. De bonnes personnes comme Aimelina, qui se retrouvait soudain seule au centre des regards, comme le phare solitaire dans le tumulte de la houle, seule lumière, au milieu d'une mer d'incrédulité de chagrin et d'incompréhension. Seule, errant de place en place, délaissée de tous pour s'être délivrée du joug qui oppressait son cœur depuis qu'elle en avait eu connaissance. Un fardeau d'une lourdeur, d'une douleur que ne saurait porter le plus fort des hommes eut-il eu ses deux bras, et qu'elle avait su recueillir en son sein malgré tout. Un souvenir, bulle de savon aux reflets irisés de l'enfance éclata...

Un petit plop dans l'esprit d'une âme en peine, une âme à la toison couleur des blés. Un petit plop qui fit naître sur les lèvres tremblantes un sourire timide. Un petit plop qui rappelait le temps où, encore enfants, ils jouaient insouciants, un temps où personne ne manquait à l'appel, sauf une mère inconnue.


Le souvenir d'un jour d'été...

Elle, petite gardienne improvisée, assise sous un arbre, un livre sur les genoux. Un livre emprunté dans une bibliothèque paternelle, pendant que le père en question, les doigts tachés d'encre et le regard brillant de passion, se dévouait à un comté en noircissant les pages du nobiliaire de pattes de mouches, rehaussées de blasons flamboyants. Elles, ses sœurs, son troupeau, braillant, criant, sous le regard de gardes qui accomplissaient leur office avec insouciance. Après tout, pourquoi se casser la tête, puisque celle qui cassait des pieds avec ses questions incessantes et ses livres était là comme garde-Siarrettes ? Cris, larmes, Ô malheur, Ô mal heure, Ô mal heurt, ne voyaient-elles pas qu'elles gâchaient son bonheur ? La délicieuse lecture d'un livre de comptes(*) n'était-elle pas plus importante que les chicanes de fillettes ? La lippe aigrette, délaissant l'ouvrage, d'une pâquerette marquant la page la blonde fillette observe le bocage. Sous les branchages, Magalona console la Jehannette et dans les parages, nulle tête de Linètte...

Et c'est ainsi que, quelques heures plus tard -et non sans avoir confiée la renarde et sa mère poule aux bons soins d'une cuisinière plantureuse qui saurait les gâter d'un pichet de lait et de bonnes tartines de miel, l'on retrouvait, main dans la main et revenant vers leur logis, une petite fille au regard fier et sa grande sœur encore inquiète. Les hommes des environs, qu'ils soient soldats ou paysans avaient battus la campagne. Deux fillettes qui disparaissent sans avertir, quand papa est noble et aimé de ses gens, ça ne laisse pas indifférent. Eirwen seule savait, jamais la petite ne l'avouerait, tout comme jamais elle n'aurait demandé d'aide, mais la fleur de lin s'était perdue. Au gré des vents elle avait laissé aller ses pas, jusqu'à ce que la blonde la retrouve, marchant seule au milieu du sentier... dans la mauvaise direction...

Ce n'était pas tant le souvenir de cette journée qui avait fait naitre un sourire que sa conclusion. Elles avaient été grondées, ça oui. Mais à la fin du discours moralisateur et de l'énumération des privations pour les semaines à venir, leur père avait déclaré en les regardant droit dans les yeux...

« Si un jour l'un d'entre vous se perd, s'égare, ne le laissez pas seul et ne laissez pas les autres en retrait même pour leur bien, restez unis. Soyez toujours là pour veiller les uns sur les autres, la famille est la chose la plus précieuse que vous posséderez jamais. »

La larme à l'œil, le sourire emplit d'amour et de chagrin, Eirwen s'avança alors. Sans lui laisser le temps de protester, elle saisit Lina par les épaules, déposa un baiser sur son front et finalement la serra dans ses bras, avec douceur mais suffisamment de force pour lui dire sans un mot : Je suis là.





______________________
(*) Ce n'est pas une erreur, elle lisait bel et bien des livres de comptes; entretien du domaine, résumé des récoltes, soldes du bailli et de ses hommes, etc. Vous voyez vraiment des livres de contes dans la bibliothèque de leur père ?
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Jehanne Elissa
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMer 15 Fév - 13:17

Jehanne Elissa était le roc intangible dans la tempête, le roc qui avait masqué sa douleur et dressé haut la tête, tandis qu'autour, la tempête des passions se déchaînait, dans un cri silencieux, dans les larmes glacées.
Jehanne Elissa était la tempête qui mugissait et troublait le recueillement digne des rochers.

Laquelle de ces phrases résume le mieux l'histoire ? Y avait-il plus de dignité à braver, en tête à tête avec Actarius, à voix haute et lourde d'hommages, le douloureux silence qui scellait les lèvres des autres endeuillés, ou étaient-ce ces endeuillés qui avaient raison, qui tous s'abîmaient dans leur silence ? Ou peut-être écoutaient-ils simplement l'échange sur le point de se clore... Et quelle étrangeté que cet échange ! Les yeux de la rouquine brillaient, perlés de larmes, extatiques et transis, sous le poids du regard de Sienne. Après un instant à ne savoir que répondre, les mots tombèrent, qui se voulaient légers :


- « Et bien qu'Il ne vous rappelle point trop vite, Seigneur de Saint-Dionisy, car il me faudra beaucoup d'aide pour entrevoir, un jour, l'idée d'être aussi courageuse et vertueuse que ma douce mère, si j'en crois vos contes et ceux qui me bercèrent. »

Enfant qui n'avait connu sa mère que par récits... Comment grandir ? Comment faire honneur à ce qui n'était pas même, dans son esprit, un souvenir ?

- « Je ne sais qui de nous deux peut le mieux protéger l'autre, mais le départ de Cristòl nous apprend que même les plus valeureux auront, en certaines circonstances, besoin d'être protégés. Et j'espère être là pour vous protéger. Pour vous apporter ce qu'il vous manquera, et pour rendre justice des torts que l'on vous fera, à vous ou à vos gens. Actarius, puisqu'il faut le dire en ces termes, je vous promets protection, justice, subsistance... Et bien plus encore, qui ne concerne plus la suzeraine et le vassal, mais la jeune fille et son père au fond du coeur. »

Jehanne prit les mains d'Actarius, et les baisa de sa lèvre pâle ourlée de rose. Une larme roula et se logea sur un ongle du Phénix...
Inconsciente des pensées, tourments, vexations qui se jouaient au pied de l'estrade (qui n'avait pas plus de hauteur qu'une petite marche, estrade purement symbolique), elle cherchait déjà, dans sa fuite en avant, dans sa volonté de s'agiter pour moins penser à tout cela, dans sa terreur du deuil qu'un silence trop présent confirmerait vraiment, déjà, elle se tournait vers Eirwen. Aimelina en avait-elle prévu autrement, les confirmations d'abord, les octrois ensuite, ou alterner entre ses hommages et ceux de Jehanne ? Là, la rouquine ne s'en souciait pas, c'était bien trop urgent, c'était bien trop terrifiant !


- « Eirwen, ma douce Eirwen... Serre-moi aussi contre ton coeur. » La Linèta était leur petite soeur à toutes, mais Eirwen avait une poignée d'années de plus que Jehanne, malgré tout, et lui avait été une grande soeur. L'écart était trop faible pour qu'elle fût vraiment gouvernante, mais sa douceur, sa fermeté, son amour, avaient également bercé la petite goupile... Il y a si longtemps déjà ! « Je veux voir la vie et aujourd'hui, pourtant, ce sont les défunts qui se présentent à nous. Ta mère, Zagelle, était dit-on une grande femme du Languedoc, et méritait bien plus d'hommages qu'une simple seigneurie. C'est pourtant de tout coeur que je la considère et l'ai toujours considérée comme tienne, cette seigneurie... Vergèze, tu en portes même le nom ! C'est dire si tu acceptes cet héritage... Si tu ne l'acceptais pas, je n'aurais de toute façon pas le coeur de l'octroyer à un autre. Alors, à toi de me dire... La jouissance du fief, tu l'as déjà, c'est à toi et à nul autre, mais seule la promesse fait le titre... Veux-tu me faire cette promesse de fidélité, conseil et aide, veux-tu porter le titre de ta mère, en plus de son nom ? »

Jehanne ne brillait pas par son éloquence. Ses mots, elle les cherchait, ses phrases, elle les bâclait, noyées sous un monceau d'hésitations et de larmes dissimulées. Sa voix se voulait forte, mais sa voix était si faible...
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Guillaume de Chauconin
Sang de Sìarr
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyJeu 16 Fév - 15:06

C'était sa sœur qui dirigeait le tout.
Dressée telle un roc défiant la tempête,
elle abreuvait de superbe toutes les têtes
de ces nobles enfants de Languedoc,
d'une
Montjoye trop sévère ou d'une noblesse de choc.*

Pour un peu en eut-il oublié qu'elle ne l'était pas entièrement, sa sœur, et qu'elle ne l'était pas entièrement, le tout. Car par-delà l'amour qui unissait les deux enfants de Síarr, le Nordique était toujours incapable de vraiment oublier la marque qui frappait la vicomtesse. Ce bras inachevé ne cessait de l'obséder, et d'attirer son regard. Qu'il détournait bien vite. Le dégoût ne prenait aucune place dans cette réaction. Tout au contraire était-ce une réelle peine qui lui étreignait l'âme chaque fois qu'il le voyait ou devinait sous les amas de tissus dont elle était si friande. Mais en ce moment, elle était toute autre. Elle devenait la fille du chevalier, celle qui avait en charge des terres riches et sauvages, un lignage encore dans la fleur – était-ce vraiment un hasard ? – de la jeunesse. Et Guillaume n'avait de cesse de l'admirer, non sans adresser un sourire à une flamboyante Magalona. Que se passait-il donc en elle ?

Il n'eut cependant le temps d'y réfléchir que déjà Renarde l'abordait et que tout disparaissait autour de lui. Lui qui d'habitude se montrait si prompt à la réplique gouailleuse et à la répartie cinglante, il se mettait à chercher ses mots pour justifier son retard – ce que, vous l'aurez remarqué, ne se soucie pas de faire son discourtois marionnettiste – et, pire encore, la convaincre que non, jamais il ne désirerait ne pas la voir. Et que dire encore du baiser qu'elle vint lui planter sur la joue. Tout au plus parvint-il à baragouiner un à-peine-moins-qu'informe
« Bonjour Jehanne ».

Mais déjà la cérémonie reprenait ses droits.

Et si la Cauvisson avait eu raison de sa raison, la Fenouillèdes hacha son âme pire qu'un bouquet de fenouil (Comment ça ma métaphore est moisie ?). Il ne voulait pas comprendre, se refusait à affronter ce qui pourrait être la réalité. Mais plus les paroles coulaient avec les larmes, plus l'évidence l'emportait sur ses barrages de dénégation.

Papaaaaaaaaa était mort, papaaaaaaaaaaa n'était plus. Le reste disparut dans un immonde magma de sons et d'images perturbées et floues. Les paroles se succédèrent aux paroles, mais rien ne l'atteignait plus. Papaaaaaaaaa était mort, papaaaaaaaaaaa n'était plus. C'en était fini des leçons d'escrime et de foi. C'en était fini des histoires racontées au coin du feu et des enseignements qu'il y cachait. Papaaaaaaaaa était mort, papaaaaaaaaaaa n'était plus. Plus personne ne dirigerait plus la mesnie et ne le garderait enfant. Papaaaaaaaaa était mort, papaaaaaaaaaaa n'était plus. Guillaume devenait majeur, Guillaume devenait responsable.

Or, tout cela ne se passait qu'à son corps défendant. Il se sentait trembler sur place, le Chauconin, regard perdu sur la veine d'une des pierres de la salle qui les accueillait en ce jour plus sombre qu'aucun autre. Les larmes, il ne sut même les retenir. Elles striaient sa face comme la charrue des laboureurs de Meaux, lorsqu'il était jeune. De l'air, il lui manquait de l'air. Qu'on le laisse encore un peu enfant, juste un instant. Il s'éloigne de la foule, sans vraiment la voir. S'il en bouscule, il ne saurait même le dire, ni s'en rendre compte. Il cherche une fenêtre. Il la trouve. Il appuie ses mains sur son rebord, et son regard par loin. Loin au-delà de Saint-Félix. Embué de larmes, il espère le visage maternel.


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* Bon, je l'avoue, ce n'est pas de moi. Celui qui découvre l'origine du dit ainsi pastiché gagne... un sandwich poulet, comme le disait l'autre...
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyDim 19 Fév - 19:54

Froissement d'étoffes, souffles feutrés, les yeux fermés, Eirwen se rassurait en serrant contre son cœur sa petite sœur. Elle était chaude, elle était vivante, c'était rassurant. Le monde n'était plus qu'ombres floues derrières les paupières embuées de larmes, alors elle les gardait closes pour ne plus voir derrière ce voile de tristesse. Ce fut la voix de Jehanne, s'adressant à elle, qui la tira de cet état. La blonde comprenait, elle ne comprenait que trop bien.

Elle ne pouvait pas refuser. Refuser serait ignorer les dernières volontés d'un père. Refuser serait rejeter l'amour d'une sœur dans l'un des pires moments de leur vie. Refuser serait renier le nom et l'héritage d'une mère. Relevant la tête, laissant une larme glisser sur sa joue, Eirwen, tout en gardant contre son sein la petite fleur de lin tendit la main vers la goupille.


« Comment te le refuser ma sœur, comment te refuser mon amour ? »

Et c'est par ces mots qu'elle l'invitait à les rejoindre, qu'elle acceptait le don, qu'elle acceptait les obligations et qu'elle acceptait son futur mariage. Ses yeux d'azur coulèrent vers le vieux Baron. Si son père le considérait comme époux potentiel, c'est qu'il y avait sans doute une raison. Jamais, jamais son parent ne lui aurait imposé un homme qui ne fut digne de gagner si ce n'est l'amour, au moins le respect de la blonde. Peut-être apprendrait-elle à ne pas le haïr ? Les échos d'un abandon lors d'une joute lui étaient parvenus. Pas de quoi la faire tomber en pâmoison, mais d'une étincelle de respect, elle ne pouvait lui refuser le crédit.

« Magalona, Guillaume... »

Tout comme la renarde, la grande sœur les invitait. A défaut de partager la chaleur d'un foyer, ils partageraient la chaleur d'une famille.
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Ingeburge
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMer 22 Fév - 18:10

Sa résolution formée et confortée, il n'y avait guère lieu d'y revenir et la duchesse d'Auxerre laissait maintenant vagabonder ses pensées vers une matière qui là aussi ne manquerait pas d'éprouver son sang-froid : la cérémonie d'allégeances au nouveau comte du Languedoc. Son oreille, bien sûr, demeurait attentive, il s'agissait pour elle de ne pas manquer les mots magiques ou de ne pas rater le moindre appel qui pouvait être lancé en sa direction mais elle avait besoin, comme toutes les personnes industrieuses, de mettre à profit la moindre minute, la moindre seconde, pour faire avancer d'une manière ou d'une autre les projets en cours. Les yeux plongés vers le liquide doré qui clapotait doucement dès qu'elle remuait légèrement la main, elle tâchait, non sans mal, d'évaluer la date et l'heure de son arrivée à Montpellier, essayant de reproduire en son esprit la carte du comté qu'elle avait de maintes et maintes fois consultée. Le renouvellement des serments des vassaux avait été fixé au mardi à venir et on lui avait assuré en Vaunage qu'en quittant Saint-Félix, elle pourrait rallier la capitale languedocienne la veille de l'événement projeté, elle n'en était pas moins soucieuse. Bien sûr, arriver le jour même n'entraînerait aucune conséquence fâcheuse, ses consignes étaient déjà parties vers le château des comtes du Languedoc et il n'y avait nulle raison, eu égard aux assurances formulées par Adrien Desage, que les personnes sollicitées ne se conforment pas à la demande reçue. Pour autant, elle préférait pouvoir superviser les derniers préparatifs, rencontrer le feudataire tant pour régler les derniers détails que s'entretenir avec lui sur différentes questions soulevées et aussi, lasse qu'elle était ces derniers temps de voyager, profiter de quelques heures de repos; pour toutes ces raisons, dormir à Montpellier au plus tôt s'imposait.

Ce fut la tête pleine de toutes ces considérations pratiques qu'elle fut surprise par la vicomtesse des Fenouillèdes dont elle n'avait pas anticipé la venue. Le présent, instantanément, reprit ses droits, balayant insolemment ce futur qu'elle tâchait de rendre tangible en se perdant dans l'organisation de son prochain voyage et de la cérémonie où elle ferait à nouveau office de témoin. Un murmure, lui sembla-t-il, lui parvint et débarrassée de ses projets, elle demeura un instant silencieuse, l'annonce qui venait d'être faite se rappelant à son bon souvenir ainsi que toutes les conséquences que celle-ci avait provoquées. Ce fut l'impression d'être de trop qui prédomina à nouveau renforcée par cette question dont elle ne comprenait pas le sens malgré sa concision et la simplicité des mots employés. Alors, elle réfléchit, à l'aune de ce qui lui revenait et finalement, elle aussi interrogative chuchota :

— Auriez-vous mal fait?
La voix était murmurante mais la perplexité n'en était pas moins perceptible. Cela fut confirmé :
— Pas que je sache...
Et enfin quasi renforcé par l'amorce de question qui s'échappa des lèvres d'Ingeburge :
— ... mais pourquoi me demandez-vous...

Le reste mourut dans un souffle, la blonde inconnue qu'elle avait aperçue au côté d'Aimelina et Magalona prenant dans ses bras la première. Cela aussi elle ne l'avait pas vu venir. La Prinzessin se tut alors que le doute qui avait adoucit ses traits disparaissait, rendant à son visage son adamantine nature. Il y aurait peut-être occasion d'y revenir plus tard.
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Jehanne Elissa
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MessageSujet: Re: [RP] Les octrois lapino-linètesques   [RP] Les octrois lapino-linètesques - Page 2 EmptyMer 22 Fév - 22:33

Jehanne regardait Eirwen, et elle souriait, et elle pleurait, et elle regardait Eirwen encore. Actarius venait de lui apprendre à être forte, Eirwen, à être humaine. Ses yeux allèrent à Magalona, à Guillaume, à Aimelina que leur blonde aînée invitait à se rapprocher. Tous ensemble, une nouvelle génération, un coeur brut, une spontanéité que rien ne pouvait tuer. Relevant d'une main sa robe, elle descendit de l'estrade, pour mieux prendre les mains d'Eirwen. D'une voix d'enfant, d'une voix de confidente, elle dit alors :

- "Que cela me cause de joie... "

Et chastement, elle embrassa sa blonde soeur, pour sceller leur accord, avant de dire plus bas :

- "Le cérémonial veut désormais que tu promettes fidélité, conseil, aide, ma si tendre Eirwen !"
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