Le Pas de Barenton - 3e pas d\'armes de Saint-Félix

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Etait-ce là la dernière charge? Etait-ce là la défaite qui guidait les coups du Berrichon? Etait-ce la fin de ce long combat? Les questions se heurtaient dans le crâne de Guillaume. Il savait qu'il ne sortirait pas indemne de ce pas, mais que rien ne justifiait l'abandon, du moins pas encore.

Puis ce fut le choc, lourd et puissant, droit sur le flanc gauche. La parade n'avait servi de rien, le Flamand était touché. Il sentit la respiration lui manquer. La douleur vrillait son corps, comme rarement ce fut le cas en pareilles circonstances. Mais il ne voulait pas demander merci. Il croyait toujours sa victoire possible. Puis ce fut la chute, un genou en terre. Et l'effort, immense, pour se relever sans s'appuyer sur son épée. Il y parvint, se mordant la lèvre dans l'effort. Il pensa attaquer, lorsqu'il sentit son flanc humide. Peu à peu, son sang coulait sur son corps marqué par les années de guerres, de marches et d'errances. Et l'énergie disparut, peu à peu. L'épée avait beau avoir repris une position d'assaut, le jouteur n'aurait plus été capable d'en navrer son adversaire. Cruelle sensation d'impuissance. Alors, rageant intérieurement mais tentant de se composer masque de circonstance, Guillaume releva son bassinet et s'adressa à son vainqueur: "Or donc messire Turenne, vous voici ce jour mon vainqueur. Oncques ne m'est plus possible de vous férir, ni d'espérer défaite de vous. Vous estes vaillant et apier le glaive à la main, et estre vaincu de vous n'est point chose damnable. Soyez par moi félicité de vostre victoire, et craintif pour les prochains Yvain qui viendront tenter de forcer le pas de Barenton."

Saluant ensuite courtoisement l'entrepreneur du pas et le public, il se retira vers son pavillon, afin de soigner sa blessure, sans savoir que goutte à goutte son sang venait orner de carmin la lice.

Cette fois était donc la bonne : si la rouille avait certes grincé, l'expérience avait néanmoins parlé (mouahaha, je fais des rimes). Certainement le Grand Maître venait-il de payer par un instant de faiblesse l'accumulation d'une chute et des deux premiers coups d'épée : cela faisait partie du jeu, somme toute. Toujours est-il qu'en trois passes, deux jurons odieux et une botte avortée parce qu'à moitié oubliée, le marquis lui porta le coup de "grâce" qui le fit choir... mais pas irrémédiablement, le Flamand se relevant dans l'instant. Or justement, tandis que, emporté par sa motivation, ledit marquis levait l'épée pour l'achever en commençant à le traiter de chien d'Anglais, il le vit se redresser et, dans un éclair de lucidité, se souvint soudain qu'on était surtout là pour s'amuser : rabaissant son coupe-choux, il bredouilla quelques paroles polies en espérant que son mouvement n'avait pas été remarqué. Ce fut alors que le valeureux Grand Maître choisit de se retirer de la lice, après avoir défendu son honneur avec indéniablement bien plus de fougue et de mérite que bien des gentilshommes ne le firent durant de réels affrontements.

Après avoir raccompagné à sa tente et, lorsqu'il le fallut, soutenu Guillaume (tout en veillant à ne pas se faire un tour de rein non plus), Turenne se dirigea vers son majeur dome qui béait bêtement d'étonnement depuis 10 minutes, lui jeta son casque et s'exclama :

- Réveille-toi donc, fripouille : j'ai vaincu !
- Monseigneur est trop bon, mais un seul me suffira...
- De quoi ?
- Non, rien... Le maître désire-t-il prendre un rafraîchissement avant le prochain combat ?
- Et comment que o... Le prochain combat ? Quel prochain combat ?
- Vous venez de battre (enfin, c'est un grand mot) le gardien du pas, monseigneur : vous devez maintenant prendre sa place et combattre ceux qui viendront vous défier en prélevant et versant l'eau de la fontaine.
- Mais... Et le festin que je voulais offrir à mon valeureux adversaire pour fêter notre joute ?
- Je suis certain qu'il saura y faire honneur sans vous, pendant que vous galoperez dans la poussière. Et puis, votre dame a dit qu'il fallait que vous limitiez les excès de pitance : elle vous trouve moins séduisant que dans vos jeunes jours.
- Mais il suffit de dire aux prochains chevaliers que Merlin et Viviane n'apparaissent même pas et qu'il est inutile qu'ils perdent leur temps avec cette fontaine contrefaite ! Ils peuvent même venir manger !
- C'est un jeu, Monseigneur, et... Aaaah, sanguienne, je vous ai déjà expliqué que les fontaines magiques, ça n'existe que dans les codex pour enfants que vous lisiez quand vous étiez écuyer !
- Oui, mais... mais... moi je croyais...
- Ca suffit ! Et il ne faut pas pleurer : tout le monde vous regarde ! Allons, retournez combattre et je vous promets de vous garder un grosse part de tripes d'ours frites dans la graisse d'urus pour votre retour.
- Avec du miel ? (un litre de bière et un sandwich au poulet à celui ou celle qui me donne l'origine de cette réplique)
- Oui : et maintenant, filez !
- Snif... Voui... Merci, ladre... Je n'ai même pas le coeur à t'en coller une, tiens... soupira finalement le pauvre marquis en marchant vers son cheval, son casque posé de travers et son épée traînant au sol, pensant tristement à la boustifaille qui lui passait sous le nez...

Arrivé au lieu de sa "surveillance" de la fontaine, il reprit cependant de l'aplomb et, demeurant pour le moment pied à terre, il planta son épée dans le sol et rugit fièrement :

- No one shall paaaass... Mouahahaha ! (mis à part le "mouahahaha" qui est de moi, un autre litre à celui qui me dit d'où vient cette réplique-ci, déjà plus facile à trouver que la précédente).

Et après avoir pris un gros vent avec son humour à deux deniers, il attendit fébrilement que son nouvel opposant arrivât, espérant se tout son coeur que celui-ci saurait rivaliser d'adresse et de valeur avec son précédent adversaire.

Turenne attendit ainsi pendant longtemps, car seulement 3 semaines plus tard, un nouvel Yvain vint défier enfin le nouvel Esclados le Roux :

« Or oyez, or oyez, or oyez,
A trois grandes reposées et à trois hautes haleinées,
Nous annonçons la venue de Llyr di Maggio & d'Astralgan, Duc de Lavardin, Baron du Gault-Perche, Maréchal d'armes de France, Héraut de Touraine, Héraut Plénipotentiaire d'Artois, d'Alençon, du Limousin-et-Marche et du Bourbonnais-Auverne, Premier Maistre d'Hostel de leurs Majesté le Roy Levan le 3eme de Normandie et la Reyne Catherine Victoire, Marquise de Valois.

Aux honneurs, seigneurs, chevaliers et écuyers ! Aux honneurs ! »

Puis, pour donner le signal de la « trépignée », il annonça :

« Coupez cordes et heurtez bataille quand vous voudrez !
Coupez cordes et heurtez bataille quand vous voudrez !
Coupez cordes et heurtez bataille quand vous voudrez ! »
_________________
HRP - Calcul des bonus & malus :

Turenne :
- A la lance : +3 de par sa force (niveau) &, mais aucun bonus autre car cela fait bien longtemps qu'il n'a pas pratiqué & il n'est plus très jeune, soit un bonus de +3 à la lance uniquement, bonus à ajouter au jet de dés, à modérer avec celui de son adversaire, avant de lire le résultat sur le tableau du combat à la lance ;
- A l'épée : +3 de par sa force (niveau) & +1 de par son expérience militaire passée, soit +3+1=+4 de bonus, à modérer avec celui de son adversaire, avant de lire le résultat sur le tableau du combat à l'épée ;

Llyr :
- A la lance : +3 de par sa force (niveau) & +1 de par son expérience, soit +3+1=+4 de bonus à la lance uniquement, bonus à ajouter au jet de dés, à modérer avec celui de son adversaire, avant de lire le résultat sur le tableau du combat à la lance ;
- A l'épée : +3 de par sa force (niveau), mais pas assez d'expérience pour bénéficier d'un bonus à l'épée, bonus de +3, à modérer avec celui de son adversaire, avant de lire le résultat sur le tableau du combat à l'épée.

En somme,
à la lance :
- lorsque Turenne engagera le combat contre Llyr, il aura un bonus de +3, diminué de celui de son adversaire +4, soit +3-(+4)=-1, qu'il devra soustraire aux jets de dés, avant lecture du tableau du combat à la lance.
- mais Llyr à son tour, aura un bonus de +4, diminué de celui de son adversaire +3, soit +4-(+3)=+1, qu'il devra ajouter aux jets de dés, avant lecture du tableau du combat de lance.
à l'épée :
- lorsque Turenne engagera le combat contre Llyr, il aura un bonus de +4, diminué de celui de son adversaire +3, soit +4-(+3)=+1, qu'il devra ajouter aux jets de dés, avant lecture du tableau du combat à l'épée.
- mais Llyr à son tour, aura un bonus de +3, diminué de celui de son adversaire +4, soit +3-(+4)=-1, qu'il devra soustraire aux jets de dés, avant lecture du tableau du combat à l'épée.

LLyr de part son long voyage s'était assoupis sous un chene séculaire. Un page vient le secouer et faillit se retrouver renversé une dague pointant sa jugulaire.

C'est que le Maréchal d'Armes de France avait le sommeil léger et le reflexe prompt quand il s'agissait de survie.

- Hola mon brave, tu as fallit te faire passer de vie à trépas. N'es tu point fol pour venir reveiller un honnete homme dans son sommeil ?
- Que messire m'excuse, mais l'on m'envoie vous querir pour que vous alliez à la Fontaine.
- Oh ?! C'est donc à mon tour, grand bien ! Et puisque tu es là rends toi utile aides moi à mettre mon bardas.
- Vos ordres sont mon plaisir mon bon maistre
- Tsss, moins de salive et plus de muscles je te prie, je suis déjà en retard.

Quelques temps plus tard, LLyr bien arnaché, aux armes du Lavardin et du Gault Perche se rendit à la Fontaine. Connaissant grace à l'amaibilité de Baron de Saint Félix la marche à suivre, il préleva de l'eau de la Fontaine de Barenton avec un récipient en fer prévu à cet effet, la verser sur le perron près de la fontaine.

Il ne faudrait que peu de temps pour que le Gardien s'en vienne à lui le provoquer.

Trois semaines plus tard, le marquis toujours au garde-à-vous ne sentait même plus les insectes qui, ayant élu domicile dans son armure, lui couraient entre les orteils avec la joyeuse insouciance de ces créatures simples et bienheureuses qui ne croient pas aux fontaines magiques.
Apercevant alors, à travers la toile d'araignée tissée sur sa visière, qu'un zozo venait tripatouiller sa fontaine, il ne lui fallut cependant pas longtemps pour reprendre ses esprits, ses sens et son épée prisonnière d'une plante grimpante.

Impie (deux pies : ha ha humour), tu vas payer pour cet affront ! hurla-t-il d'une voix rauque et incertaine, du fond de l'extinction de voix que lui avait laissé en héritage l'humidité des nuits de ce début d'automne.

Se mettant alors en branle en provocant un cataclysme sans nom dans le microcosme qui avait affectueusement pris possession de son immobilité, et sans même réclamer une chope de bière pour la route, le valeureux gardien de pas enfourcha sa monture dans un craquement rhumatismique (ça ne se dit pas, mais ça sonne un peu comme "sismique", alors je trouve que ça illustre bien la scène) et, faisant ni une ni deux (mais savait-il seulement compter ? On n'est pas au XVIII° Siècle...), il piqua des deux, fit demi-tour pour récupérer sa lance (j'ai oublié de mentionner qu'il la prenait, alors maintenant j'assume) et, faisant face derechef au cavalier souilleur de fontaine, il chargea pour de bon en hurlant des imprécations dont, comme à l'habituée, nous vous ferons grâce.

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Et nous voila repartie pour ce sympathique Geas se dit LLyr, rendre la pareille Mouais et bien des fois rendre la pareille ça n'a pas que de bons cotés...

Avec un peu de chance le Gardien prendrait cela pour une telle insulte de le singer qu'il commettrait une faute, ou pire qu'il serait tellement en colere que son prochain coup serait fatal.

Les lois du Destin décidément...

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Et voila un bouclier éraflé !
Non mais gnépopotibesta ! vocifera LLyr dans un génois très correct mais furieusement vulgaire, au point d'en faire rougir un vieux loup de mer tellement paroles furent grossieres.

LLyr regarda le Ciel...
Vous ! Vous ! Vous si vous me poussez à me charger et à me faire payer le Paganisme des mes ancetres et leurs proportions à se coller des batons dans les roues ça... ça ne va pas le faire !
Je vous ai servi, je vous sers encore, allez un peu de Miséricorde Nom de D... euh pour Vostre Gloire quoi !

...Puis piqua des deux une nouvelle fois

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Maudit !
il n'y a pas d'autre mot que Maudit !
Des Fois LLyr se demandait ce que ses ancêtres du Nord avaient pu faire pour que leurs descendants soit aussi maudits dans les jeux de Guerre, mais si aptes à la guerre en elle meme...
Que lui avait dit sa Jarl de Mère déjà à ce propos ?
Ah oui qu'un des Geasa (pluriel de Geïs/Geas) de la Famille était qu'"on nous sous-estimerait au point de ne pas voir nostre dangerosité qu'une fois trop tard"...
Mouais et bien là il passait vraiment pour un copiste et un binoclard plutot que pour le Maistre d'Armes qu'il était.
Rageant !
Un peu plus il tuait le cheval !
Foutus Geasa !

PS : Brelan !

LLyr di Maggio a écrit:

PS : Brelan !

Certes

Sans plus de cérémonie, le gardien du pas repartit pour son troisième et dernier assaut. Allait-ce être le dernier, ou bien le public allait-il encore se voir gratifié d'un combat à l'épée ? Suspens (que voulez-vous que je dise d'autre ? ^^) !