Autour du Pas de Gauvoie : sous les tentes

Folie de Lancelot
BNF, Richelieu Manuscrits, Français 111 , Fol. 232v,
Lancelot du Lac, France, Poitiers, XVe siècle

[Sous la tente de Cristòl, au soir du second combat]

Deux hommes soulevèrent un pan de la tente de Cristòl. C'était le vieux moine au bâton accompagné d'un homme d'armes. Le moine rabattit le capuchon de sa cuculle sur ses épaules, salua Cristòl et lui dit de sa voix chevrotante :

- « Alors jeune homme, où souffrez-vous ? »

Le vieil homme s'approcha de Cristòl, lui palpa le corps, de ses doigts squeletiques et froids, aux endroits douloureux qu'il lui signala, et dit :

- « Votre flanc devrait être moins douloureux, mais pour votre avant-bras, c'est un peu plus grave... »

Il regarda dans son cabas qui pendait au côté, sortit un creuset, un morceau de tissu et toutes sortes de fioles, emballées dans du tissu grossier pour les protéger, qu'il posa sur la malle de la tente et dit :

-« Bon, posez votre bras sur la malle s'il vous plaît. »

Il s'essuya les mains à un revers de sa cuculle, versa plusieurs substances dans le creuset, fît un mélange qu'il appliqua sur un morceau de tissu et dit :

- « C'est un mélange de jaune d'œuf, d'huile rosat, de vinaigre de vin rouge, de suc de solathre, de suc de plantain, de suc de joubarbe que je vais introduire, par le biais de cette mèche, dans votre plaie, qui devra rester ainsi ouverte pendant trois jours, afin de la faire suppurer [1]. »

Il s'exécuta, ce qui n'était pas sans douleurs pour le blessé :

- « Je crains que vous ne deviez cesser pour quelques temps vos activités guerrières. »

Puis fouilla à nouveau dans son cabas, en sortit un couteau et un morceau de plomb qu'il battit vivement du son bâton sur la malle, pour la rendre aussi mince qu'une feuille. Il la plia et y traça avec le couteau cinq croix. En les faisant, il dit cinq Credo en l'honneur des cinq plaies de Christos. Puis il fît trois trous, deux à droite, un à gauche et ce faisant il récita trois Credo en l'honneur des trois clous qui crucifièrent Christos. Ensuite, il récita un Credo en l'honneur de la Passion, avant de dire ce charme :

- « Je vous conjure, Seigneur, de guérir de plaie, au nom des cinq plaies dont souffrit Christos, au nom des trois clous qui crucifièrent Christos, au nom de la sainte passion, sans risquer de souffrir. [2]. »

Puis il posa la feuille de plomb sur le mal en tournant les croix vers lui et dit à Cristòl :

- « Veillez à ce que ce plomb soit lavé tous les jours pendant trois jours et remis sur le mal. Je vous reverrai demain afin de m'assurer de la bonne suppuration de votre blessure et pour continuer vos soins. »

Il rangea ses affaires, le salua et les deux hommes repartirent aussitôt.
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[1] Guillaume de Salicet ( 1201-1277 ), Cyrurgia, « Chapitre XVII - De la plaie de la hanche, avec épée ou flèche, etc. ».
[2] LECOUTEUX Claude (présenté et commenté par), Le Livre des Grimoires. De la magie au Moyen Age, Imago, Paris, 2005, p. 79.
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Sources :
- Plaies, infection et cicatrisation.
- Les Textes Médicaux.
- SOURNIA Jean-Charles (préf. de GOURDON Alain), La médecine médiévale à travers les manuscrits de la Bibliothèque Nationale, Catalogue de l'exposition de la Bibliothèque Nationale Paris (3 août-5 octobre 1982), Bibliothèque nationale, Paris, 1982, 99 p.
(1917-2000).
- La Chirurgie de maître Henri de Mondeville (1260 - 1320), traduction contemporaine publiée d'après le ms. unique de la Bibliothèque nationale par le Dr. Alphonse Bos pour la Société des anciens textes français, Firmin Didot, Paris, 1897-1898, 2 t., xlviii + 287, 340 p.

Cristòl attendit avec impatience la visite du vieux moine, car son bras lui faisait mal. Il avait lavé la plaie à l'eau claire, et comprimé son bras pour faire cesser le saignement, et ensuite, patienté, jusqu'à l'arrivée du moine médicastre.
Celui-ci lui porta divers préparations sur la coupure, et Cristòl serra bien les dents à la douleur que cela causait. Mais là où son coeur fut le plus touché, et serré, c'est à la phrase :

- « Je crains que vous ne deviez cesser pour quelques temps vos activités guerrières. »

Il avala avec difficulté, et demanda :

-« Je ne pourrai donc pas continuer, demain ? N'y a-t-il pas un moyen ? Ou... »

Il s'imaginait déjà se battre avec un bras nu, jusqu'au bout... Etait-ce de la folie ?

Le vieil homme se retourna lorsque le jeune homme posa sa question :

- « Seigneur, je vous dis juste ce que je pense être bon pour vous. Certains chirurgiens, comme Roger et Roland l'ont écrit, et comme le soutiennent les chirurgiens jusqu'à présent, estiment qu'il n'est pas nécessaire que le pus se constitue dans les blessures en vertu de l'adage pus bonum et laudabile (le pus est bon et louable). C'est pourquoi ils traitent les plaies avec des pansements occlusifs afin de les faire suppurer. Ce qui vous permettrait de combattre en effet.

C'est à mon humble avis une grave erreur et je me plierai à l'avis de Théodoric, disciple du chirurgien Hugo De Lucca, qui estime qu'un tel procédé est contre nature, prolonge la maladie et retarde la cicatrisation de la blessure... [1] Croyez-moi !

Mais si vous désirez cependant continuer à combattre, c'est à vos risques et périls, je le crains, car je ne sais si mon invocation divine pourvoira suffisamment à la tâche... Il ne vous reste plus qu'à prier pour cela. »
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[1] Plaies, infection et cicatrisation.

Le visage de Cristòl était pâle, mais déterminé.

-« Ainsi pour vous, je pourrais bien laver la plaie, et ne point la laisser suppurer ? Assainie, dans un bandage, est-ce réalisable ?
Quoi qu'il arrive, je prierai longuement ce soir, et demain matin dès l'aube, car j'ai la ferme conviction que le Très Haut entendra mes prières. »

Le jeune homme avait posé ces questions dans un ultime espoir, car il se sentait pour le reste du corps encore vigoureux, et n'imaginait abandonner le combat que s'il ne pouvait plus lever son épée... Il y avait du déraisonnable, dans la jeunesse.

Le vieil homme répondit :

- « Oui, c'est bien cela, nettoyer et ne pas laisser suppurer. Mais je repasserai demain matin voir l'état de la plaie. Si elle ne suppure plus, alors je vous ferai un bandage. Dans le cas contraire, vous devrez la laisser ouverte et la nettoyer encore et encore. Reposez-vous bien, et à demain ! »

Invité

Elle voulu s'approcher de la tente de Cristol quand elle vit un homme d'arme et un moine franchir l'entrée. Elle stoppa net son elan, hesitant fortement à aller deranger le fils du baron pendant ce moment. Regardant à droite et a gauche, elle pris le parti d'aller tuer le temps du coté du padock, endroit qu'elle aimait particulierement et qui lui donnerai au moins le privilege de faire retomber la pression.

Franchissant la barriere, Elle se dirigea vers Urca qui etait parmis les autres destriers et carressa doucement son encolure, le gratifiant de milliers de baisers. N'est il pas meilleur ami de l'homme que son cheval. Pour elle il n'y en avait pas d'autre et apres son confesseur il etait son plus grand confident. Elle posa sa tete contre la sienne, mumurant doucement à l'etalon tout ce que son coeur contenait de bon ou de mauvais, regardant de temps en temps vers la tente.

Le visage de Cristòl s'illumina d'un trait de sourire, avant qu'il ne réponde au moine :

-« Je ferai comme vous avez dit, mon frère... A demain, et qu'Aristote vous bénisse ! »

Dès qu'il fut parti, le jeune homme prit plaisir à gonfler sa poitrine d'une grande inspiration, et à laisser l'air s'échapper très lentement de ses poumons, jusqu'à n'en plus avoir.
Alors, il mangea un peu, et s'agenouilla. Dans chacun de ses mouvements il prenait grand soin à la position de son bras, déterminé à le malmener le moins possible. Il commença alors à prier...

-« J'ai longtemps habité une grotte platonique
Que des ombres mouvantes hantaient comme un château
Et dont les cavités obscures et noir corbeau
Rendaient pareil le soir au jour, le cap au pic.

Mes yeux en zyeutant ce fort troublé tableau
Mélaient d'une facon païenne et cathartique
Le Tout Puissant, le Juste, l'Amour métaphysique
Aux accords dissonnants rapportés par l'écho.

C'est là que j'ai compris, dans une volupté calme,
Grâce à l'Être Divin, l'Universel Moteur,
Que ces spectres fuyants qui me glacaient le coeur

N'étaient que viles pensées, du vent souflant des flammes,
Et qu'en raisonnant bien, assumant le bonheur,
Je trouverai la Voie, l'éclatante Lueur. »

Invité

Son dernier regard lui permis de constater que le moine quittait la tente. terminant son entretien privé avec Urca, elle posa sa main sur son museau et remonta doucement le chamfrein pour venir soulever son toupet et d'une friction le mis en bataille avant de se reculer. Elle adressa un regard mutin a l'étalon qui s'ebrouha en hennissant d'un air reporbateur, lui arrachant un sourire. Pour confirmé sa desapprobation il donna un coup de tete dans l'epaule de la prefete qui se mis a rire:

Moi aussi je t'aime.

Prenant la tete de l'animal a pleine main, elle la relava pour deposer un bruyant baiser sur le bout de son nez. Puis elle repassa la barriere pour prendre la direction de la tente de Cristol.

S'approchant, elle l'entendit murmurer et attendit qu'il ait fini pour parler sans meme avoir soulever le tissu:

Messire Cristol, puis je entrer ?

Juste le temps de dire une prière, et quelqu'un à la porte de toile de la tente. La voix ne nécessita pas que Cristòl se retourne pour qu'il approuve.

-« Je vous en prie, ma dame. »

Puis, ramenant doucement son bras contre lui, il s'assit sur un siège de camp, et dit encore, souriant, timide, mais bien moins rougissant que par le passé :

-« J'ignorais si vous viendriez... Cela me fait très plaisir. »

Invité

A son acceptation, elle franchi la porte et la premiere chose qu'elle vit fut son bras. Elle degluti, les blessures sur elle ne lui avait jamais fait peur, la c'etait si different.

Compatisente, elle leva un regard doux :

Comment allez vous?

Cristòl n'osait pas poser son regard sur elle, alors il regarda au sol, et la devina se mouvoir, infléchir la tête, et toutes ces choses charmantes qu'il avait appris à apprécier chez elle. Il n'avait pas besoin d'avoir ses yeux sur elle pour savoir qu'elle s'approchait, et qu'elle avait le visage inquiet. Cela se sentait dans l'air, et vibrait dans sa voix.

Il n'osait lever le visage, et même si cela manquait de courtoisie, ça l'était davantage que de ne pouvoir se retenir de la dévorer des yeux. Il répondit, d'un air dégagé, et posant maintenant son visage sur la tenture :

-« Le moine a dit qu'en quelques jours, tout serait cicatrisé, mais qu'il faudrait laisser suppurer... Cela m'empêcherait de jouter.
Il a dit aussi qu'il veut bien essayer de ne pas laisser suppurer, que cette technique l'attire plus, et qu'il fera en fonction de l'état de mon bras au matin, demain. Alors, peut-être, je pourrai jouter. »

Il laissa son souffle aller, quelques instants, avant de demander :

-« Et... Et vous, comment allez-vous ? »

Invité

Il avait fui son regard, interdite elle ne su trop comment l'interpreter. Il l'informa du verdicte du moine, sentant le deception dans sa voix malgré la neutralité qu'il y mis, si toute fois le lendemain il ne pouvait continuer a garde le pas, et le compris amplement. C'etait sa premiere joute et sans doute aurai t il voulu pousser le plus loin possible. Pour lui, pour son pere, pour l'honneur. Elle s'approcha de lui et s'abaissa pour etre a son niveau et pouvoir enfin saissir son regard:

Je prierai ce soir pour que le Seigneur vous donne encore cette chance demain. Mais si ce n'est pas le cas, s'il en decidait autrement, vous n'auriez rien a vous reproché. Vous avez vaillement combattu, avec beaucoup de courage et vous aurez d'autres occasions encore de defendre ce pas.

Doucement, elle posa sa main sur la sienne:

Faites lui confiance.

A la question de savoir comment elle allait, elle ne repondit pas, l'important a cet instant c'etait lui, uniquement lui.

Il frissonna lorsqu'elle posa la main sur la sienne, mais c'était un frisson agréable, qui lui remonta dans tout le corps. Il se sentait pulser, il savait que son coeur sonnait comme un tambour major, et que cela ne s'arrêterait qu'avec le temps, ou si elle partait - c'était délicieux.

Elle s'était mise à sa hauteur, et cherchait ses yeux. Il finit par se laisser faire, et par oublier un peu la douleur de son bras. Douleur, douceur...

Oserait-il ? Il sentait la main de la jeune femme si chaude sur la sienne... D'un bras il ne pouvait bouger, mais l'envie de serrer cette main était forte. Il ne savait que dire, et murmura finalement :

-« Oui... Je prierai aussi. J'ai confiance. »

Toujours se cacher derrière le Très Haut. Non pas qu'il ne l'aimait pas, ou qu'il n'avait pas la foi... Mais il lui semblait ne dire ces mots, vrais pourtant, que pour cacher ceux qu'il aurait voulu dire à la place :

-« Si j'ai eu tant de vaillance, c'est que... C'est que je m'imaginais portant vos couleurs, ma dame. »

Invité

Elle avait obtenu son regard, y plongeant autant que s'y noyant, peut etre aurait elle du evité sachant ce qu'elle savait, mais le souhaitait elle vraiment ? pourtant ce qu'elle y lu lui plus autant que cela lui fit peur. Crainte de se laissé emporter pour retomber encore plus bas.........elle avait perdu confiance, pourtant le jeune seigneur lui donnait tellement envie de croire encore.

Son mumure, ces mots qu'il prononca sonnerent comme une autre musique, a la quelle elle succomba fermant les yeux l'espace d'une seconde.

Elle etait totalement perdu, ne sachant plus que faire, que penser, elle etait venu en diaconesse, mais il ne la regardait pas comme tel, et pourtant elle appreciait ce regard qu'il portait sur elle. Doucement, elle commenca a retirer sa main, se ravisant avant de rompre le contact, pour la serrer un peu plus fort.

La diaconesse et le jeune seigneur parlèrent un long moment tous les deux - mais intervient ici la merveilleuse pratique de l'ellipse, qui fera ignorer à tout curieux lecteur la teneur de cette conversation courtoise.
La dame de Ruffieux laissa ensuite Cristòl, qui mangea encore un peu, pria beaucoup, jusqu'à ce que la nuit soit noire, en ces nuits très courtes, et dormit, enfin, prenant garde à laisser toujours son bras bien à plat, et la plaie vers le haut encore.
Il était surpris de n'avoir presque plus mal aux côtes, sauf lorsqu'il riait ou toussait.

Le lendemain le trouva enjoué, et il frottait d'une main son épée, plein d'espoir, en attendant le bras gauche toujours sagement reposé la visite du moine, et son verdict.

Le lendemain, le vieil homme accompagné d'un homme d'armes pénétrèrent sous le pavillon de Cristòl, le salua, posa son regard sur son bras et dit :

- « Je suis agréablement surpris ! Que ce soit les soins ou les prières, ou les deux, votre blessure suppure beaucoup moins. Je vais retirer la mêche, vous nettoyer la plaie avec du vin et vous panser d'un bandage imbibé lui-aussi de vin [1]. J'espère que cela tiendra le temps de votre combat d'aujourd'hui. Mais sitôt fini, je reviendrai vous visiter ici même afin de surveiller votre plaie. »

Puis il lui tâta le flanc et lui demanda :

- « Vous fais-je mal en appuyant ainsi ? »
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[1] Plaies, infection et cicatrisation.

Cristòl débordait de joie contenue. Il répondit, d'une manière peut-être un peu trop joyeuse :

-« Non mon frère, pas le moins du monde ! »

Le vieil homme répondit :

- « Bon, ce n'était sûrement qu'une grosse contusion. Alors, libre à vous d'aller combattre votre prochain champion ! »

Puis il ressortit avec l'homme d'armes sans s'attarder.
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HRP : [Malus de -1]

[Sous la tente de Cristòl, au soir du troisième combat]

Le soir même, le vieil homme accompagné d'un homme d'armes pénétrèrent sous le pavillon de Cristòl, qu'il avait visité le matin, et le salua. Il défit le pansement protégeant son bras, examina ce dernier et dit :

- « Bon, je vois que la plaie a bien suppurée ! »

Le vieil homme sortit de son inséparable cabas une fiole de vinaigre, nettoya la plaie avec celui-ci, et fît un nouveau bandage imbibé de vinaigre :

- « Vous garderez ce pansement encore demain. Je repasserai, comme à l'accoutumé, le soir, afin de m'enquérir de votre état de santé. Bonne chance ! »

Puis il ressortit de la tente avec l'homme d'armes.
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HRP : malus toujours de -1

Le jeune homme était rassuré par les paroles du vieillard. Il s'était accoutumé à la douleur, et à combattre avec ce bras faible, et ce jour n'avait pas reçu d'autre blessure.
Ses côtes n'étaient plus maintenues pas un pansement à la sauge, et il s'en portait bien. Il remercia grandement le moine de ses visites si régulières, pria un peu, et après s'être recommandé à Dieu, s'endormit.

Le lendemain, il affrontait le Vicomte de Melun, et sa réputation ne souffrait pas qu'on le néglige.

[Sous la tente de Cristòl, au soir du quatrième combat]

Avant que la nuit ne tombe, le vieil homme accompagné d'un homme d'armes, vint sous la tente de Cristòl. Il le salua humblement, et lui demanda de lui présenter son bras blessé. Il enleva le pansement qui le protégeait, examina le bras et dit :

- « Très bien, mais la plaie suppurera toujours un peu tant que je n'aurai pas procédé à un rapprochement des tissus qui favoriseront la cicatrisation. Bon, alors, allons-y ! »

Le vieil homme sortit de son indispensable cabas, une fiole de vinaigre, une aiguille recourbée ainsi que du fils, un couteau et des feuilles de sauge.

- « Jeune homme, rassurez-vous, cela ne ferait point mal à un fier guerrier... »

Le vieil homme, nettoya la plaie une nouvelle fois au vinaigre, puis prépara l'aiguille et le fil qu'il nettoya aussi au vinaigre. Puis, il mit le fil dans le chas de l'aiguille, fît un nœud. Il rapprocha et maintint les bords de la plaie d'une main et effectua une suture dentelée de l'autre. Il fit un nœud et coupa le fil au couteau. Ensuite, il posa des feuilles de sauge sur la plaie, feuilles maintenues par un linge serré fortement autour du bras. [1]

- « Voilà, la sauge favorisa la cicatrisation de la plaie. Je reviendrai vous rendre visite demain à nouveau. »

Puis il ressortit de la tente avec l'homme d'armes.
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HRP : malus toujours de -1
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[1] Cf. Chirurgia Magna (La grande chirurgie) de Guy de CHAULIAC, chirurgien, maître en médecine de l'Université de Montpellier. Composé en l'an 1363, ce traité représente le summum des connaissances en chirurgie médiévale.

Invité

Comme les fois precedentes, Motarde attendit sagement que le moine fut sorti de la tente de Cristol pour y entrer a son tour. Le jeune seigneur avait bien combattu aujourd'hui et il lui semblait important de feter dignement cette victoire.
Portant un petit panier recouvert, elle s'approcha de la tente saluant le clerc lorqu'elle le croisa et demanda l'autorisation d'entrer.

Elle respira profondement en attendant qu'il lui reponde, apres les quelques heures de reflexions qu'ils s'etaient octroyé ils auraient sans doute à parler tous les deux. Une decision a prendre peut etre, une route à suivre ou au contraire a abandonner. Mais quoi qu'il en soit beaucoup de chose a definir dans un sens ou dans un autre. Meme si au final, ils n'etaient pas les decisionnaires.

[Bon, on va dire que le moine a autorisé Motarde à entrer]

Cristòl accueillit la dame de Ruffieux d'un air enjoué. Son bras le lançait un peu, mais c'était la suture récente qui le chauffait. Le lendemain, il ne sentirait pas plus qu'avant la visite du moine sa blessure. Mieux, elle serait en voie de guérison, il l'espérait.

Avec un sourire, Cristòl proposa à Motarde de s'asseoir sur l'une des malles qui avaient été déplacées dans le pavillon. Avant même qu'elle ait posé la question, il lui fit signe que tout allait pour le mieux, et qu'il ne s'était jamais senti si bien depuis le début du Pas.

-« Les premiers soirs, vos visites m'ont surpris, et je les espérais. Maintenant, je vous attends, tranquille, sachant que dès ce brave moine sorti du pavillon, vous paraissez... J'ai quelques olives, un peu vertes, les partagerez-vous avec moi ? Olives, fromage, pain... Voulez-vous partager mon humble repas ? Ce n'est que nourriture de camp, mais je n'ai guère mieux. »

Invité

La bonne humeur de Cristol faisait plaisir à voir, c'etait la premiere fois depuis le debut du pas, non seulement qu'il gagnait mais n'etait pas bléssé, laissant ainsi le temps a ses maux de cicatriser. Elle repondit a son invitation avec un sourire, posant le petit panier qu'elle avait emmené a cotés d'elle et ecouta les nouvelles qu'il lui donna avant meme qu'elle en prenne. Le soulagement se lu sur son visage et elle remercia silencieusement le Seigneur pour cela.

La suite de la conversation teinta ses joues, mais elle conserva son regard dans le sien le gratifiant d'un nouveau sourire.
Ainsi il l'invitait a partager son maigre repas, elle se leva:

Messire, les diners sur un champs de bataille ne me sont pas etranger et le repas que vous me proposez aurai fait office de festin dans certaines de mes campagnes plus souvent coutumiere de vache maigre.

Cela dit et sans attendre le moindre signe de Cristol, elle tira une autre malle entre eux deux et pris le morceau d'etoffe se trouvant sur le panier pour la recouvrir.
Plongeant de nouveau dans le panier, elle deposa deux verres et une bouteille d'hydromele que son frere Owain lui avait ramené quand il etait venu au Languedoc:

Votre victoire de ce jour merite bien que nous portions un toast, qu'en dites vous ? Si cela ne vous est pas proscrit de part vos blessures et la medication qui doit en decouler.

Tout en parlant, elle avait enlevé sa cape blanche de la garde episcopale, et deposé delicatement sur la malle avant de se rassoir.

Cristòl considéra un instant la bouteille, l'air songeur. Puis il sourit.

-« Après tout, si nous n'en abusons pas, la boisson pourra peut-être m'aider à chasser le mal qui habite mon bras, et qui s'endort dans mes côtes.

A quoi buvons-nous, alors ? Ma victoire ? C'est se réjouir d'une réussite quand il y eut tant de défaites... Mais cette victoire, qui sait, en appelle d'autre ? Allons, buvez à elle, vous me porterez chance, moi-même je ne prendrai pas le risque de faire pencher le destin en me réjouissant trop tôt. »

Il marqua une très courte pause, et dit, l'air soudain sérieux, à peine plus bas :

-« Moi, je bois à vous. »

Et de sa main droite, il leva le coupe d'hydromel.

» Livre du Pas de Gauvoie, été 1455
» Le Pas de Gauvoie - 2e pas d'armes de Saint-Félix
» Banquet médiéval du Pas de Gauvoie de l'été 1455
» Autour de la Joute du 5 février 1453