Archives de France, donjon de Saint-Félix
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 [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées

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Cristòl
Baron de Saint-Félix
Cristòl


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MessageSujet: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyLun 16 Nov - 15:59

Il était un Chevalier retiré dans les contreforts des Pyrénées, en un lieu que l'on appelait les Fenouillèdes, où depuis des mois et la mort de celle qu'il aimait sans espoir, il était reclus. Quoique jeune et entré tardivement dans le monde, il avait en quelques courtes années vécu plus de joies, d'aventures et de souffrances que d'aucuns n'en vivront en une vie toute entière.

Il était aux bords de la Mer du Milieu, à quelques lieues de la bonne Narbonne, un Intendant dans un château, fièrement félon au Chevalier des Pyrénées. Sa félonie venait de l'amertume qui peuplait son coeur de méfiance et de ressentiment à l'égard du Chevalier des Pyrénées, l'héritier de son prime maître, qui était entré en possession de son héritage trop vite au goût de l'Intendant. Pour l'Intendant, Delfin Blausac, le Chevalier des Pyrénées n'avait aucunes valeurs, sinon l'arrivisme. Il lui était arrivé même de trouver à ce parvenu des tours de sorcier, pour avoir su ainsi abuser la sagesse si grande et renommée du seul maître qu'il se fût jamais reconnu, le prime Baron de Saint-Félix, Rekkared de Sìarr. Ainsi lui interdit-il tout accès à Saint-Félix, dès lors que Cristòl fût parti à la guerre, et l'Intendant affectionna d'y régner en maître et despote, au mépris de la sagesse qu'il avait toujours admirée chez Rekkared de Sìarr.

Le Chevalier des Pyrénées était le fils de Rekkared de Sìarr, et on l'appelait Cristòl de Sìarr ; mais lui-même désormais ne savait plus s'appeler que Cristòl des Pyrénées, parce qu'il eut envers son père, du jour où il l'apprit, grand ressentiment de ce que ce dernier se fût fait donner un sacrement cathare, reniant toute la religion d'Aristote qu'il avait enseignée à Cristòl. C'est dans cette humeur que Cristòl des Pyrénées entreprit de façonner nouvellement sa vie, éloignant tout ce que son père y avait apporté, l'affiliation à un Ordre, l'intégration au Monde, le souci des apparences, des convenances et de l'hypergamie.
Le Chevalier des Pyrénées avait renié ses charges, son Ordre et sa promise. Seule la religion et l'amour qu'il portait à ses amis véritables demeuraient intacts. Il se retira dans les Fenouillèdes, après avoir fait le serment de chevalier au Roi, pour la protection des nécessiteux, et celle-là seule.

Mais il advint une chose qui changea tout. Rekkared de Sìarr mourut, mais cela en soi n'aurait rien résolu. Ce qui changea tout l'équilibre qui s'était formé, ce fut qu'après le long trajet de son corps par les monts et vaux français où il était connu, on organisa ses funérailles aristotéliciennes, selon ses ultimes voeux.


[HRP : Ce RP est anti-daté. Il correspond à la période où Rekkared est ramené à Saint-Félix pour y être enterré. Cristòl est encore dans sa pleine jeunesse, sa fille Aimelina n'est pas encore née. Il est encore dans une grande affliction de la mort de Marguerite de Volpilhat.]


Dernière édition par Cristòl le Mar 9 Mar - 22:50, édité 3 fois
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Delfin Blausac
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Delfin Blausac


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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyLun 16 Nov - 17:30

À Saint-Félix l'Intendant se trouvait, par la mort de son seul et unique maître, dans un grand tourment de douleur et d'incertitude. Jamais il ne se serait opposé à l'inhumation sur les terres baronniales de Rekkared de Sìarr, ni plus qu'à la tenue en la chapelle d'un office à cette occasion.

Cette occasion ne manquerait pas d'attirer bien du beau monde à la baronnie, que l'Intendant savait ne pouvoir offenser par une surveillance trop grande et d'incessants contrôles d'identité. Lui-même ne pourrait être partout et soulever tous les capuchons, croiser tous les regards. Il ne savait pas comment empêcher la venue du Chevalier des Pyrénées, et la redoutait, car il n'avait pas, pour calmer son inquiétude, connaissance du différend religieux qui avait opposé le père et le fils. Il ignorait même si cela avait encore du sens, de nier au Chevalier des Pyrénées son héritage.
Mais la nature humaine est ainsi faite qu'après une poignée d'années à gouverner en solitaire les vignes, les forêts et les marais de la petite Baronnie, l'Intendant n'imaginait pas devoir, par quelque coup du hasard que ce fût, rendre cette autorité qui le flattait, quand même il n'aurait plus rien pour la justifier aux yeux du monde.
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Cristòl
Baron de Saint-Félix
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyMar 17 Nov - 0:41

Le jour des funérailles vint. Le Chevalier des Pyrénées s'y rendit aussi, sous le couvert d'un capuchon. Car il n'était pas ignorant de la folie du félon et de la justice arbitraire dont il avait été capable, par le passé.
S'il avait voulu venir tout de même aux funérailles de ce père auquel il avait été tant reconnaissant d'abord, avant de lui avoir adressé tant de récriminations, c'était qu'il avait dans le cœur cette sensation que tout avait changé. Il voulait voir sa petite mère, Carmen, et lui parler, et savoir. Savoir ce qui se cachait derrière ces funérailles aristotéliciennes, savoir qui était, réellement, son père.

Il y avait bien du monde à Saint-Félix, en cette période de deuil. L'on venait de loin rendre un dernier hommage au Maître de la Librairie du Roi.
Dans ses vêtements simples et sous son capuchon, que l'époque et le ciel menaçant justifiaient, le Chevalier des Pyrénées entra sans ennui dans le village.


Dernière édition par Cristòl le Mar 29 Déc - 21:50, édité 1 fois (Raison : Ajout du lien)
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Delfin Blausac
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Delfin Blausac


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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyMar 17 Nov - 13:33

Pendant de longues années, l'Intendant avait fortifié le Donjon de Saint-Félix, craintif qu'il était du retour du Chevalier des Pyrénées. Mais le Chevalier jamais ne vint. Les frais de la baronnie, tous passés à ces préparatifs de guerre, durent à la mort de Rekkared de Sìarr être utilisés à préparer un banquet et des chambres pour les hôtes de marque.
L'Intendant n'avait jamais donné de banquet. Homme du peuple, il n'avait pas pris cette habitude aux nobles qu'il singeait maladroitement à la tête de Saint-Félix.

Le jour des funérailles vint. L'Intendant avait placé quelques gardes à Vinassan et au donjon. Il avait fait un discours devant les Saint-Félixiens, les enjoignant à la prudence, à l'humilité et à l'hospitalité, dans le souci qu'il était de ne pas attirer l'attention du reste du monde sur les discordes internes à la gestion de la Baronnie.

Il s'était recueilli sur les restes du Baron Rekkared, il avait préparé la boîte et le trou. Un prêtre était là, et la chapelle, qui n'avait pas servi depuis le baptême du Chevalier des Pyrénées, fut apprêtée.

Mais dans le coeur de l'Intendant, la tristesse avait eu le temps de passer, car Rekkared était déjà mort depuis quelques mois. En ce jour, il était tout empli de crainte.
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Barahir de Malemort
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Barahir de Malemort


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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyJeu 19 Nov - 4:03

Le viel anachorète etait parti rejoindre le paradis solaire. Le jeune Malemort grandissait, et des cadavres commencaient à joncher son chemin. Pas des cadavres comme il les aura voulu, car à ses pieds il n'y avait que peu d'ennemis car ses campagnes avaient été maheureuse, il n'y avait pas d'accident de tournoi car il les abhorrait, il n'y avait aucun de ses opposants, pas faute d'envie mais plus de maladresse qui fit que jamais il ne put faire tomber un homme. A ses cotés, il y avait juste ceux qu'il aimait et que le Très-Haut rappelait à ses cotés. Son oncle Rassaln, sa marraine Ann, Morfalas, et sa soeur la Blonde Estelle, le pére Lodovicus, et monseigneur Poltau, et sa tante Morgwen, et tant d'autres. Et voila pas que son vieux maître mourait maintenant, au moins lui, avait eu une bonne vie, et sa barbe était blanche quand il s'était mis en route pour le paradis solaire. Piétre consolation, mais ils étaient tant à mourir.

La barbe blanche du Baron de Saint-Felix. A y repenser, le jeune Malemort n'avait jamais vu son vieux maître autrement qu'avec une barbe blanche, jamais il n'y avait même penser. Quel âge pouvait-il avoir ? Quel âge avait-il quand le jeune Malemort lui avait ecrit afin qu'à ses cotés, il apprenne les usages qui regissaient la sigillographie ? Et la science des sceaux, ça avait été une bonne fortune de s'y interressé, car avec ça il c'était aguerris dans le droit et la logique, ils s'était fait connaître mais surtout, il avait rencontré dans un atelier parisien, son ami. Le seigneur de ces terres, où il se rendait. Depuis quand n'avait-il pas vu le "Jove Siarr" ?

Durant son triste voyage pour le sud, sa seule joie probablement, était de le revoir, lui qu'on disait retranché dans ses nouvelles terres en pays d'oc. Il ne manquerait pas de se montrer, on ne pouvait pas fuir le monde eternellement !

C'est ainsi qu'un voyageur à cheval, aux bottes crottées et au manteau plein de poussiére, avec seulement à son baudrier qu'une épée et une misericorde en cas de mauvaise rencontre, et sa bourse, rebondit de l'écot d'Aubiat et de Ligney. A sa selle, il n'avait qu'une petite arbaléte et une paquetage leger. Car tout orgeuilleux qu'il fut, le jeune Malemort ne pouvait se permettre d'entretenir des gens d'armes, pas plus qu'il ne pouvait avoir un équipage avec des servants, du temps beni où on ne honnissait pas son nom en Alençon, il avait à ses cotés quelques gens du Duc qu'il servait, mais s'en était fini de son époque, maintenant, il n'était qu'un voyageur solitaire, qui voyageait certes confortablement, en s'arretant chaque soir dans une auberge, mais qui ne voyageait pas comme un grand seigneur. Ses "bagages" suivait, confié aux bons soins d'une compagnie de flamand qui, pour quelques écus s'étaient engagé a lui faire suivre son armure car on annoncait ci et là des tournois aux cours de son periple, et même si il ne le souhait pas, il aurait à s'y rendre, au moins à celui que donnait le bon Llyr pour la Saint Michel.

Aprés quelques égarements dans un pays montagneux où la chaleur régnait et où les gens parlait la langue bizarre des gens du Sud, le jeune Malemort arriva enfin en vu de Saint-Felix.


[Antidatage powa mon Criss Cross ! Babar revient d'entre les mouru tel un Windom Earle revenant s'échappant de l'asile]
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Cristòl
Baron de Saint-Félix
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyMer 30 Déc - 3:12

Le Chevalier des Pyrénées arrivait du Sud. Ayant traversé le village, car il était trop tôt encore pour l'office funèbre, il prit la route de Fleury, qui partait au nord. Cette voie menait également au Donjon de Saint-Félix, qui était la destination du Chevalier des Pyrénées. Il ne savait ni ce qu'il y trouverait, ni ce qu'il y affronterait. Il savait qu'il devait y aller et c'était déjà bien assez que de savoir cela.
Le Chevalier des Pyrénées vécut avec beaucoup d'émotion ses retrouvailles avec la Clape, qui avait été son terrain d'apprentissage, de longs mois, sa transition entre les pâturages pyrénéens et la brusquerie du monde. C'était dans la Clape qu'il avait eu son premier domaine, Marmorières. Cela non plus, il ne pouvait l'oublier.
Il remarquait, chemin faisant, que les bois de la Clape avaient diminué. On en avait fait commerce, et son cœur se serra, de savoir combien Delfin Blausac n'avait point perdu son temps pour faire siens les bénéfices de la Baronnie. Le bois de la Clape pour faire des vaisseaux de commerce ou... un couronne de hourds au donjon baronnial.
Cristòl vit le donjon, accroché au massif, bien avant que d'en arriver à portée de flèches. Il y avait sur le chemin devant lui quelques piétons, et son regard vairon vit un cavalier plus loin, au-delà du donjon, qui venait en sens contraire. Le vent balayait la roche. Le Chevalier des Pyrénées réajusta son capuchon, au moment d'arriver à portée d'arc du donjon. Plus que jamais il devait se tenir sur ses gardes.

Il démonta et regarda autour de lui. Le jardin avait manqué d'entretien, ce n'était pas rien de le dire : il avait totalement disparu, sous les coups de pioche et les pas des manouvriers qui avaient participé à la construction d'une barbacane. C'est en voyant cet ouvrage que le Chevalier des Pyrénées comprit tout à fait dans quel péril il s'était placé, et bien davantage dans quelle haine l'avait Delfin Blausac, qui l'avait poussé à se prémunir de si radicale façon. Une haine, une crainte. Delfin Blausac avait compris également que Cristòl aurait su fédérer des troupes amies. Le Chevalier des Pyrénées n'avait jamais manqué d'amis, quoiqu'il répugnât toujours à leur demander quelque aide que ce fût. Il y aurait été contraint, contre Delfin Blausac. Le risque n'était même pas encore écarté.

Le Chevalier des Pyrénées attacha à une barrière de bois sa monture, ôta son capuchon, et s'allait approcher du garde en faction, lorsque passa près du Donjon le cavalier qu'il avait vu au loin venant du nord par Fleury. L'homme, jeune, aux cheveux de jais, et d'un regard vif que Cristòl connaissait fort, détaillait le donjon. Était-ce de n'être pas sûr d'être arrivé à destination, ou de la surprise de trouver le donjon changé ? Le Chevalier des Pyrénées s'approcha du cavalier, et c'était Barahir de Malemort. Il le salua avec sobriété. Il l'invita à démonter lui aussi, et, bas, lui conta la seconde raison de sa venue, car la première était, comme on le sait, l'office funèbre pour son père. Souventes fois le Chevalier des Pyrénées lança des regards au garde, pour vérifier qu'il restait à son poste et n'allait pas prévenir du retour du Seigneur.
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Cristòl
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyDim 3 Jan - 13:59

Accompagné de Barahir de Malemort, le Chevalier des Pyrénées s'approcha, tête nue, du garde en faction à la barbacane. D'une voix assurée, il lui demanda le passage, en ces mots qu'il avait réfléchis :

-« Je souhaite entrer et voir celui qui te commande. Laisseras-tu passer le maître du donjon ? »

Ce à quoi le garde répondit :


-« Je ne connais d'autres maîtres que l'homme qui me commande et celui qui commande à l'homme qui me commande. Le premier est en haut, et attend le retour prochain et le commandement du second. »

Le Chevalier des Pyrénées avait posé la main gauche sur la garde de son épée. Le moment venu, il aurait à s'en servir. Mais tant que la parole pouvait lui ouvrir des portes, c'était cela de gagné sur la mort et pour le salut de son âme, car son cœur pieux répugnait à faire couler en vain le sang d'hommes nés pour servir et s'y employant bonnement, sans questionnements.

-« Je dois parler à l'un et l'autre. Laisse-moi le passage, car je viens reprendre le donjon. Je suis Cristòl de Sìarr, légitime Baron de Saint-Félix, et ce donjon est mien. Va, laisse-moi le passage, car l'heure sonnera pour les traîtres, et bénis seront-ils, s'ils auront alors encore les yeux pour pleurer. »

À ces mots, le garde s'effaça devant la porte de la barbacane et souhaita la bienvenue au Chevalier des Pyrénées en son logis, car c'était un garde loyal, qui n'avait pas su qu'il prêtait son serment au mauvais maître et connaissait son repentir. Cristòl de Sìarr entra, non sans poser sur chaque pierre un regard alerte. Il trouva deux autres gardes dans la barbacane, à protéger l'accès à l'entre-sol. À eux, il lui suffit de dire qu'on l'avait laissé entrer pour le service du maître des lieux. Tandis qu'il montait les degrés vers le premier étage, il se demanda ce qui avait remplacé les archives à cet endroit. Dans son sillage, il y avait le Sire de Malemort. Le Chevalier des Pyrénées était bien aise d'avoir, en la circonstance, un compain pour dénouer l'intrigue.
Là où avaient dormi, par le passé, les archives de Saint-Félix, il y avait désormais quelques rotulus vierges et de la poussière. Le Chevalier de Sìarr ne chercha pas à accéder à la salle où se trouvaient auparavant les archives en accès restreint. Il lui suffisait pour l'heure de savoir que les lieux n'avaient été transformés ni en salle de gardes, ni en entrepôt d'armes. Il s'arrêta un instant aux latrines, car il ne s'était accordé que peu de repos sur son chemin, et ne savait quand il aurait le loisir d'en prendre, dans les heures qui venaient à son encontre. En sortant, le regard du Chevalier des Pyrénées alla du Sire de Malemort à l'oriflamme de Saint-Félix, d'un bleu intense, sur le mur opposé. La détermination enflamma alors le cœur de Cristòl. Il s'engouffra dans l'escalier qui accédait au second étage, le logis du maître. Il conservait dans sa mémoire l'image d'une aula magna illuminée du sourire de sa petite mère Carmen. C'était son second giron, après les Pyrénées, le lieu de sa seconde naissance, lorsque Marguerite était venue écouter leur histoire de famille, et l'authentifier de son paraphe, parce qu'ils avaient été sincères, parce qu'elle avait cru à leur sincérité... Il grimpait vers ce ventre du donjon, ce point originel, et la crainte gagnait son cœur, étreint de l'idée d'avoir perdu à jamais ce lieu aimé.
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Cristòl
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyLun 25 Jan - 17:58

Le Chevalier des Pyrénées surgit dans la salle des gardes. Avait-il pensé que les lieux auraient perdu toute ressemblance avec ce qu’ils avaient été ? Tout était en bonne place, comme auparavant. Il y avait simplement davantage de lances dans le présentoir, et davantage d’écus rangés en rang entre deux barres de bois. Des bancs comme jadis, une grande table, des paillasses plus nombreuses qu’auparavant, des accès ménagés vers les hourds, et une douzaine de paires d’yeux qui regardaient les nouveaux arrivants avec intérêt et méfiance. C’était qu’en montant à l’assaut de la salle d’armes, le Chevalier des Pyrénées avait crié ‘Sowilaaaa’. C’était un cri qu’on n’avait jamais entendu en ces murs. Le Chevalier lui-même n’aurait su tout à fait dire pourquoi il l’utilisait, lors qu’il avait mis tant d’application, pour le reste, à éradiquer toute persistance d’habitudes, de mots, de noms, qu’il aurait hérités de Rekkared de Sìarr. Sowila, pourtant, convenait mieux que tout autre mot. Car c’était la lumière du soleil, son espoir renouvelé. C’était l’indépendance, la solitude ; et quoiqu’accompagné de Barahir de Malemort, son compain, jamais le Chevalier des Pyrénées n’avait été aussi esseulé. Il partait en croisade contre son propre peuple, ceux qu’il avait juré de protéger, d’aimer avec la bonté d’un père, et de garder de la tourmente.
Il se trouvait face à une douzaine d’hommes, dont tous n’étaient pas des hommes de la Clape. Et ceux qui venaient d’ailleurs étaient ceux que Cristòl craignait le plus. Outre qu’ils avaient, mercenaires, reçu un meilleur entraînement aux arts de la guerre, que les pays, c’étaient aussi ceux qui n’avaient d’autre allégeance que l’or. Quand le Chevalier des Pyrénées avait bon espoir de ramener à la raison un homme de la Clape, comme il l’avait fait avec le garde en bas du donjon, il ne savait comment s’attacher la confiance, puis la fidélité, d’un mercenaire. Mais il était hors de question de payer pour récupérer ce qui était sien.


-« Qu’on me dise qui commande ! »

Les regards se firent méfiants, sauf deux, qui avaient reconnu l’homme qu’ils avaient formé à l’épée et l’équitation dans de plus vertes années. Un homme de haute stature s’avança.

-« Que t’apportera de le savoir ? Retourne-t’en : tu n’as pas l’habit d’un messager ni la cotte d’un guerrier de chez nous. Tu n’aurais pas dû pouvoir même arriver ici. Qu’as-tu fait de mon homme, en bas ? »

Le Chevalier des Pyrénées répondit avec persévérance :

-« Je veux savoir qui commande, pour savoir qui je dois commander. C’est donc toi, et ton homme en bas est sage, qui reconnaît son vrai maître. »

Le commandant des gardes, qui n’aimait pas ce genre d’arrogance, porta la main à la garde de son épée à son côté gauche, et la tira, pour menacer le Chevalier et le faire reculer dans l’escalier.

-« Le maître n’est pas encore rentré, mais bientôt il arrivera. Va l’attendre en bas, avec ton chien ! »

Et ce disant, il cracha aux pieds de Cristòl des Fenouillèdes et Barahir de Malemort. Le Chevalier des Pyrénées, dégageant sa cape, tira l’épée des Sìarr, celle qui avait été brisée à Loches face aux Bretons, celles que Paula-Estèva et LeGueux d’Alanha avaient reforgée pour lui ; au-dessus de la garde était ciselée la rune Sowila, emblématique des Sìarr. D’un vif et habile mouvement, il tenait la gorge du capitaine sur le fil de Sowila.

-« Tu as peut-être trop attendu ton maître, Bermond, pour le reconnaître quand il vient ! Mais tôt ou tard les traîtres seront châtiés. Tu étais fidèle à mon père. Alors, à genoux ! »

Les autres gardes regardaient en silence. Six s’étaient portés en avant, mais deux, bientôt rejoints par trois indécis, leur avaient intimé l’immobilité. Ils étaient nés pour servir et obéir ; ils attendaient de savoir à qui il était plus sage d’obéir. Certains, sans doute, espéraient aussi beaucoup du retour de Delfin Blausac, que l’on savait proche. Mais Bermond n’était pas près de renoncer à la haine que Delfin Blausac avait su faire germer en lui.

-« Quel maître abandonne ses gens pendant toutes ces années ? Tu n’es qu’un bâtard, Cristòl ! Qui croit vraiment que tu es le fils de Rekkared et Carmen ? Tu n’es qu’un traîne-misère, que la bonté aveugle du bon Baron de Saint-Félix a porté plus haut que tu n’aurais dû arriver. Tu n’es rien ! Et Delfin Blausac l’a bien compris, qui pour tant d’années de bons services s’est vu remercier en devant gérer les affaires de la baronnie en ton nom, petit parvenu, tout juste bon à partir lutiner au loin, avec ta petite épée, oubliant ton peuple ! Béni soit le jour où Delfin Blausac, lassé de n’exister que par toi, et pour toi, loqueteux, a pris ce qui lui revenait, ce que lui seul méritait : la baronnie ! Tu ne t’es jamais occupé de Vinassan, et tu crois que ses habitants t’accueilleront bras ouverts ? »

Derrière Bermond, certains gardes gonflaient le torse et blanchissaient leurs phalanges sur les hampes des hallebardes. Bermond n’avait-il pas raison, après tout ? Mais d’autres regardaient le Chevalier des Pyrénées, et n’attendaient qu’un signe de lui pour mettre fin à la joute. Le Chevalier, échauffé de cette invective, ne savait combien de temps encore il pourrait contenir sa rage ; mais s’il le pouvait, il fallait éviter que les soldats s’entretuent. Il voulait éprouver leur fidélité un à un, et pour leur chef, la réponse était déjà donnée. Fort du souvenir des lettres que lui avait, par deux fois, écrites le maître-queue, le Chevalier des Pyrénées clama :

-« Silence ! Mon père répandait un message d’amour et de confiance. Le peuple, aujourd’hui, saura s’en souvenir. Car Delfin Blausac n’a apporté que haine, méfiance et injustice. Il a pris des pouvoirs auxquels jamais mon père n’a prétendu, il a rendu une justice plus inique que les plus sévères des juges comtaux ne l’ont été, et sans raison, sans morale. Le peuple aussi saura voir cela ! Et quand bien même je ne serais pas le fils de Rekkared, il me préférerait quand même, car je viens plein d’amour pour lui, pour le guider, et non le contraindre et le terroriser. À genoux, Bermond ! »

Mais la fidélité de l’homme à une cause mauvaise était tenace, parce qu’il était convaincu, en son cœur, qu’il avait raison, et Cristòl tort. Parce que cet homme, égaré par la pensée, était inébranlable dans son courage. Et même la gorge acculée sur le fil de la lame des Barons de Saint-Félix, il ne fléchit pas. Alors, comme les gardes s’approchaient, qui menaçant, qui solidaire, et qu’il fallait bien conclure l’affaire avant le retour de Delfin Blausac, Cristòl donna un coup de poing puissant dans le ventre de Bermond pour le plier en deux. Alors il lui asséna une frappe violente derrière la tête, et l’homme tomba, face au sol, immobile sous le pied du Chevalier des Pyrénées. Le Chevalier craignait, se penchant pour le ligoter, de présenter sa nuque à des soldats dont il ignorait encore les intentions. Mais il fut aidé pour cette tâche par son compagnon, Barahir de Malemort, dont il bénit la présence.
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Delfin Blausac
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyJeu 11 Fév - 3:44

Delfin Blausac, ayant achevé à Vinassan les derniers préparatifs pour recevoir les nobles en visite pour la cérémonie, et après avoir prié un instant au côté de la bière, était revenu à cheval à Saint-Félix pour mettre la garde en mouvement. Il la voulait à Vinassan, sobre, cérémonieuse, mais alerte, car il ne perdait pas de vue le possible retour importun du fils « prodigue », au moment même où il triompherait, lui, Delfin Blausac, comme le nouveau maître sans partage de Saint-Félix.
Il confia sa monture au garde au bas de la barbacane, dont il trouva le regard changé. Car l'homme avait dans les yeux une lueur de crainte et de méfiance nouvelle.

Il grimpa les deux étages avec une vivacité inhabituelle. Mais ce qu'il découvrit, arrivé au seuil de la salle de garde, dépassait son imagination. Il sut, dès cet instant, que tout espoir avait désormais disparu.
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Barahir de Malemort
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyJeu 11 Fév - 6:07

Perdu qu'il était sur les terres des Síarr. Le Sud n'était pas son fort, ni pour s'y retrouver, ni pour parler aux gens, pas plus que pour reconnaitre quoi que se fut nul part. Et pourtant, il était dans le Royaume, mais qu'est-ce que cette terre pouvait être différente de de Bourgogne, du Limousin, de la Touraine, de l'Alençon ou du Maine... Et comment devait-il faire ? Se présenter au castellan et quémander une chambre ? Trouver une auberge ? Ou peut-être que l'office avait été accompli et que son vieux maître était déjà en terre. Le jeune Malemort était perdu, perdu et seul: Ni sa mère, ni un vieux mentor comme Yann le bleu ou Llyr ne se trouvait dans les parages pour qu'il aille lui demander conseil, pour l'écouter se plaindre. Alors qu'il se morfondait en hésitant (ah yeah !) sur la direction à prendre surgi derrière lui, mais encore à quelques distance, une silhouette encapuchonnée monté sur un cheval.

Un voyageur alerte aurait dû entendre le pas des sabots sur la terre, car quiconque voyageait se devait, pour son propre bien de se garder des coquins en maraude, même sur les terres du jeune Síarr, mais le jeune Malemort lui, ne l'entendit pas venir. Ou plutôt il dut l'entendre, obligé ! A part le frémissement des feuilles de quelques arbusteset quelques autres bruits, on aurait pu dire que le paysage était silencieux (re-ah yeah !), juste que, devant le dilemme où il se trouvait, il n'y accorda guère d'importance... Jusqu'à ce qu'il fut rejoint, reconnu, salué (salut qu'il rendit d'ailleurs, avec courtoisie et chaleur tant il était content de voir une personne, parlant l'oïl, qu'il connaissait et pour laquelle il avait de l'amitié. Ajoutez à cela que le jeune Malemort n'avait pas vu son ami, et co-défenseur de la sigillographique raisonnable, depuis de nombreux mois, il ne dut qu'à la mine grave du seigneur des lieux de ne pas démonter pour aller lui enserrerla taille alors qu'il était encore à cheval), qu'il eut loué son ppèreet l'ait recommandé au Trés-Haut ainsi que le jeune Síarr lui-même afin que ses affaires futurs aient une bonne fortune. Calmement, avare en mot, le jeune Síarr lui en expliqua de ce qu'il était de sa venue et le jeune Malemort se tut (enfin !).

La reconquête de Saint-Félix... Le chevalier des Pyrénées se remit en route en direction du donjon, et le jeune Malemort se mit dans son sillage, assez loin pour respecter son attitude grave, mais assez prêt pour montrer à quiconque les regardaient dans ce trou perdu qu'il était avec lui. Il mirent pied à terre, le jeune Malemort heureux d'avoir trouvé un "maintor" ici, le jeune Síarr ayant lui l'air courroucé à la vue des abords de la demeure de Rekkared, ils allaient en direction du donjon. Quelques palabre que le jeune Malemort, qui se tenait encore à bonne distance même à pied, n'entendit pas, le languedocien entra, et le jeune Malemort le suivit. Il en allât de même ensuite avec les deux autres factionnaires, plus rapidement même. Après l'attente du jeune Síarr non loin de ses couleurs, il se remit en route derrière lui, silencieux, encore, dans les escaliers de Saint-Félix, ne sachant pas où il allait, ni qu'est-ce qu'il allait trouver à la fin de la... Visite.


Sowilaaaa !

Le cri du jeune Síarr fit sursauter le coquelet, qui força le pas à la suite de son ami en train d'enjamber les derrières marches pour surgir dans une salle pleine de gardes, enfin, rempli de six gardes qui à eux seuls suffisait donc à remplir la pièce. Pas que c'était une petite pièce non, elle était de belle taille, mais rencontrer douze hommes dans de castel désert suffisait à donner une impression de foule, tant ils avaient rencontré peu de monde lors de leur ascension. Le regard des gardes, braqué sur le jeune Síarr, se détourna légèrement pour se porter sur lui lorsque le jeune Malemort arriva, mais pas longtemps. C'était Cristòl qui menait, Cristòl avait hurler, et se fut encore Cristòl qui, d'un ton autoritaire questionna les gardes et commença à parler vigoureusement avec l'un d'entre eux, qui les dominait tous par sa taille. Le jeune Babar s'était placé au coté de son ami, quoique légèrement en retrait et au début, regardait tantôt le languedocien, tantôt le grand gaillard qui lui, ne devait pas venir de ces vertes contrés du Sud.

Quelle fut sa surprise quant, sans prévenir, pour répondre au ton méprisant du garde, Cristòl tira son épée pour en menacer la gorge de son interlocuteur. Cristòl le raisonnable, celui sur qui Gabriel l'archange s'était penché plus que les autres archanges lorsqu'il était au berceau tirait l'épée, l'heure devait être grave. Le chevalier tenait le garde en essayant de le raisonner, chez certains gardes derrière, la tension était forte et ils n'attendaient qu'un ordre pour les transpercer. Là, le jeune Malemort, tout orgueilleux qu'il pouvait être, avec toute l'amitié qu'il pouvait porter au jeune Síarr ne fit rien. Il était à mi-chemin entre la terreur et la surprise la plus totale, état qui bien entendu était excusable pour quelqu'un qui n'avait fréquenté les champs de batailles du Maine qu'après l'invasion bretonne en attente d'un hypothétique retour des ditt bretons n'ayant jamais eu lieu, qui avait aussi dirigé trois jours la défense d'Alençon bien à l'abri dans le château du Duc avant de tracter avec ces bretons pour les détourner vers l'Orléanais et qui, en régle général avait plus été habitué aux joutes oratoires que guerrièress dans de confortables alcôve ou dans des salles de conseil.

Mais quand le jeune Síarr frappa l'homme qu'il menaçait, la situation changea. Le jeune Malemort était bien entendu toujours terrifier, mais il ne pouvait pas attendre là d'être taillé en pièce ou saisit, de laisser son ami seul dans le combat. Gauchement donc, il sortit son épée et s'avança d'un pas, le pied droit légèrement en avant, préparant sa garde. Il était désormais à la hauteur du Vicomte et de l'homme à terre, menaçant cinq autres gardes. Bon, un hommes avec une épée contre cinq hallebardier ne ferait pas long feu, surtout qu'il n'avait que sa chemise à leur opposer.

Si ils se décidaient, il arriverait peut-être à en tuer un, vu qu'il leur faudrait du temps pour se mettre en branle et qu'une hallebarde était relativement dur à manier, ou tout du moins plus difficile à manier qu'une épée pas trop mal équilibrée. Là, comme ils tenaient leurs armes, ils perdaient tout avantage d'allonge, aucun doute qu'il en tuerait un. Peut-être même un deuxième, mais alors ils se raviseraient, tendraient leur armes comme une lance et s'en serait fini de lui, tout comme de son ami. Il se maudit, car encore une fois se vérifiait la devise de la NRA à propos des armes "mieux vaut en avoir et ne pas en avoir besoin que ne pas en avoir et en avoir besoin", en l'occurrence, il s'agissait là de sa petite arbalète à pied de biche, attaché à la selle de son cheval en cas de mauvaise rencontre sur la route. Il aurait pu la brandir d'une main et tenir sa bâtarde de l'autre, pouvant espérer peut-être en tuer trois ? A moins que la vue de l'arbalète leur auraient fait de suite penser à se servir de leurs hallebardes comme des lances. Néanmoins, elle lui manquait, comme ses mailles pouvaient lui manquer, ou son heaume avec son ridicule et insultant cimier.

Le jeune Síarr ligotant un grossier soudard, le jeune Malemort, à ses cotés, menaçant cinq hommes... Très-Haut qu'il payait cher cette voix qui, il y a si longtemps, s'était élevé par surprise à la chapelle Saint-Antoine-le-Petit, quand il se sentait bien seul à expliquer à des idiots à l'écu timbré la logique et la valeur d'un sceau.


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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyJeu 11 Fév - 15:05

Le Chevalier des Pyrénées s’était fait reconnaître par les gardes, qui tous l’un après l’autre s’étaient, spontanément, agenouillés devant lui en signe d’hommage. Le jeune Malemort avait pu baisser sa garde, et le jeune Sìarr, redresser les épaules. C’était la toute première fois que quelqu’un lui prêtait hommage de la sorte, et le Chevalier des Pyrénées vivait ce moment solennel la peur au ventre. Parce que de tous, celui dont il désirait le plus l’hommage, c’était Delfin Blausac, qui n’était pas encore arrivé.
Il savait aussi qu’il paierait cher l’hommage de Delfin Blausac et qu’il ne pourrait jamais croire en sa sincérité pour les temps à venir. Mais en homme de paix qu’était le Chevalier des Pyrénées, il ne pouvait qu’espérer une concorde avec son intendant.
Les gardes lui expliquèrent, mieux que ne l’avait fait Causit Astruc dans sa lettre pressée par le temps, quel serait le déroulement des funérailles, et quels ordres ils avaient reçu. Ce fut alors seulement que Cristòl compris tout à fait le danger qu’il avait pris en venant à Saint-Félix seul et sans ost.

Il n’était pas seul. Il y avait le jeune Malemort. Et désormais, la garde du château, débarrassée de ses importuns dirigeants, et quoique n’étant pas entièrement originaire de Vinassan, reconnaissait son vrai capitaine et s’apprêtait à recevoir Delfin Blausac. Au fond de leur cœur, les hommes redoutaient ce moment. Parce qu’on leur avait appris, déjà du temps de Rekkared pour les pays, à respecter et obéir à Delfin Blausac, alors que ce serait la première fois qu’ils auraient à obéir à Cristòl de Sìarr dont ils n’avaient jamais éprouvé le charisme, sinon en ce froid matin de novembre.
Le Chevalier des Pyrénées, dans le temps qu’il lui restait avant l’imminent retour de Delfin Blausac, passa un haubert, et un tabard aux couleurs de Saint-Félix. Il était un homme de Saint-Félix, qui se battrait pour la liberté de son peuple. Et pendant que les gardes lui avaient trouvé haubert léger en larges mailles et tabard, il était retourné à l’étage inférieur pour trouver la couronne baronniale dans la niche de la pièce des archives en accès restreint, dont il avait trouvé la clef sur le capitaine assommé.
Ainsi attendit-il Delfin Blausac, paré des couleurs de Saint-Félix, ses cheveux bruns chatouillant, sur sa nuque, les mailles froides, son œil froid et son œil chaud brillant d’un commun éclat… et ses doigts de paysan redécouvrant leur force au moment de serrer la garde de Sowila, l’épée des Sìarr, brisée au Mans par l’Ennemi breton, reforgée dans le secret en Gévaudan, par le Comte et la Comtesse qui n’avaient, comme le Chevalier des Pyrénées, jamais renié leur origine laborieuse, et l’art des forges qu’ils avaient appris.

L’attente ne fut pas de courte durée, mais elle était pesante. Les gardes, s’ils avaient des questions à leur Seigneur, sur son absence, son long éloignement des affaires de la Baronnie, bien après la fin de la guerre, ne les posèrent pas. Le Chevalier des Pyrénées, s’il avait des questions sur tous les agissements qu’il pourrait encore reprocher à Delfin Blausac, dont on ne l’aurait pas mis au courant encor, ne les posa pas. Ils guettaient tous les signes que l’Intendant serait de retour. Cristòl rompit le silence une fois, pour demander à ceux des gardes qui n’étaient pas originaires de la baronnie d’où ils venaient, et s’ils comptaient rester, quand le maître aurait changé, car il ne les chasserait pas, mais sans doute n’aurait-il pas besoin d’autant d’hommes après le nettoyage du donjon de la racaille qui l’avait fait sien – pas le besoin, ni les moyens.

Puis le silence à nouveau. Soudain l’homme qui s’était mis en faction dans les hourds reparut dans la salle des gardes : l’Intendant était aux portes du donjon !

Le Chevalier des Pyrénées se redressa comme sous le coup de la foudre, et raffermit sa prise sur la lame familiale. À son côté, le jeune Malemort, brave, en dépit de son manque d’expérience. De part et d’autres de cette paire, les onze hallebardes dressées des gardes, avec une fermeté plus ou moins grande selon le cœur de chacun.
Et Delfin Blausac arriva, épée au poing. C’était là le premier signe, et non le dernier, de son usurpation de l’autorité du Baron et de ses prétentions sociales, car l’épée était un apanage de la noblesse.
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyVen 26 Fév - 0:05

-« Gossatalha ! »*

L'Intendant était fou de rage. L'enfant prodigue était là, et bien entouré, encore ! Que ne l'avaient-ils tué, ce loqueteux, ce traîne-misère ! Comment pouvait-ce être le fils de ce si bon Rekkared, qui avait eu une bonté de trop en lui cédant noblesse et responsabilités.

Delfin crispa ses phalanges épaisses sur la garde de son épée à une main.


-« Tu reviens pour ta couronne, eh ? Peur de tout perdre ? C'est trop tard, pourceau ! Tu ne l'as jamais eue, cette couronne. Sale ingrat ! Rekkared a été bien bon de tout te donner, et toi, tu es parti ! »

Et il leva l'épée haut, car il comptait bien, par sa résolution, profiter de l'hésitation de la garde pour affronter le Chevalier des Pyrénées seul, et prouver sa propre légitimité à la tête de la baronnie.

_______
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyMar 9 Mar - 22:42

N'était pas Chevalier des Pyrénées qui voulait. Cristòl l'était devenu dans le sang, la boue et les pleurs, à Orléans, juste après avoir reçu Saint-Félix de Rekkared. Cristòl l'était venu à force de blessures, d'adversaires qui lutteraient pour lui arracher la vie, s'il ne leur arrachait la leur. Toutes les heures d'entraînement que lui avait prodigué Rekkared et le maître d'armes à cet effet engagé à Saint-Félix avaient été doublées de jours, de semaines de campagnes sur le terrain.

Delfin levait son épée ? C'était déjà trop tard. Il avait été sur le qui-vive à la minute où l'Intendant félon était entré. Ses doigts sur la lame des Sìarr, fermes, forts, ces doigts qui avaient longtemps manié la pioche et la hache, ces doigts noueux, burinés et rongés, mains d'homme, mains fortes, répondraient au premier appel.

Peur de tout perdre ?
Il avait déjà tout perdu, avec la mort de la Fleur d'Òc, et désormais, de son père. Il n'avait plus rien à attendre de la vie, sinon faire pénitence de ses fautes en attendant que la mort vienne, dans un état qui le garderait de l'acédie et du péché d'impiété.

Non, il n'avait peur de rien. Il revenait ici, pour qu'il ne lui soit jamais fait reproche d'avoir laissé perdurer une situation impropre, alors qu'il était en mesure de changer le cours des choses. Il revenait ici, parce qu'il allait voir sa petite mère aux funérailles, et ne voulait avoir des raisons de rougir de honte face à cette femme admirable, qui avait enduré dans sa vie bien des désillusions et des peines - cette mère, en somme, au sein de laquelle il avait été arraché, plus de vingt ans auparavant.

Il n'avait surtout pas peur d'un quinquagénaire qui n'avait pas été formé aux armes mais au labour ; d'un homme qui ne conservait son ascendant sur le populaire que par la terreur et l'iniquité de son pouvoir ; d'un félon indigne, en somme, du glorieux homme dont il se targue de défendre honneur et mémoire.

L'assaut de Delfin fut balayé d'un revers de taille. Cristòl avança, Delfin recula un pas, puis repartit de l'avant, téméraire, dans un nouvel assaut que le Chevalier des Pyrénées reçut sans mal et refoula sans aménité. Delfin recula encore, et se trouva acculé sur le pallier de l'escalier qui montait dans l'épais mur du donjon.

La garde n'avait pas bougé ; elle ne prenait parti ni pour l'un, ni pour l'autre, et le silence était morbide, hors du ferraillement des lames et des grognements des deux combattants. En vérité, eût-elle pris parti pour Cristòl qu'elle n'aurait rien eu de mieux à faire que regarder, car un Chevalier du Roi sait, dieu merci, assez bien se défendre face à un gestionnaire sans éducation martiale ; quant à prendre parti pour Delfin, ç'aurait été se parjurer juste après l'hommage, et onques ne vit si rapide revirement de bord.


-« Adus te, Blausac ! »

« Soumets-toi, Blausac ! », lui clama le Chevalier des Pyrénées, garde haute, œil vif.

-« Totjorn e jamais ! »

« À tout jamais ! »* souffla l'Intendant. Son troisième assaut signa sa fin. Cristòl le repoussa avec tant d'aplomb et de violence que Delfin, s'écrasant contre le mur et assommé, perdit son équilibre. Ses doigts n'avaient plus d'emprise sur sa lame, qui tomba, en même temps qu'il s'effondrait dans l'escalier et roulait quelques marches avant de s'immobiliser tout à fait.

Cristòl se baissa et ramassa l'épée de Delfin. Il la considéra un instant, puis recula de quelques pas, et la rangea dans l'armurerie de la salle des gardes. Sa tête bourdonnait. Un silence de mort pesait au haut du donjon de Saint-Félix, dans cette salle des gardes. Le jeune homme déglutit, inspira fortement, et poing fermé, toucha son front.

Était-ce fini ? Aussi vite ? Après tant de mois ? Était-ce si simple ?
Non. Il n'avait pas conquis la baronnie, seulement le donjon. Lui ferait-on bon accueil à Vinassan, pour les jours, les semaines à venir ?
Non, ce n'était pas fini. Il fallait aller à Vinassan, aux funérailles, quoi qu'il en coutât au jeune homme d'honorer la mémoire d'un cathare - son père, ce cathare. Il devait y paraître et parler.
S'il voyait sa petite mère... il lui demanderait. Il essayerait de comprendre.


*Littéralement : « Toujours et jamais ! »
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MessageSujet: Re: [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées   [RP - I] La geste du Chevalier des Pyrénées EmptyMar 9 Mar - 22:49

[Epilogue]

La journée n'était pas encore finie. Bien des surprises attendaient le Chevalier des Pyrénées, bien des émotions. Mais sa Geste s'achève ici. Saint-Félix lui était revenu, et l'Intendant félon n'avait plus les moyens de nuire encore.
Le Baron de Saint-Félix le fit porter de l'escalier au rez-de-chaussée, où il commença de reprendre connaissance. Il parla d'une grande douleur dans le côté, où certainement quelque os avait été brisé. Le Chevalier des Pyrénées balaya une nouvelle bordée d'insultes d'un revers de main, et laissa ses hommes le mettre aux fers. Pour la première fois, Saint-Félix servait de prison. À la garde du félon, Cristòl affecta un garde qui était déjà là du temps de son père, l'un de ceux qui, le premier, était revenu à lui dans la salle des gardes.

Cristòl, dans les jours qui suivirent, voulut juger Delfin Blausac et comprendre tous ses actes, depuis son départ pour la guerre. Mais Delfin Blausac refusa jamais d'adresser la parole à Cristòl et continua de se plaindre à ses geôliers de sa douleur au côté. Bientôt, il refusa de se nourrir, ce qui le mena, lentement et non sans douleur, à un sommeil dont il ne s'éveilla point.
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