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 L'atelier de forge de maître Peyre Fabre

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Rekkared
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MessageSujet: L'atelier de forge de maître Peyre Fabre   L'atelier de forge de maître Peyre Fabre EmptyJeu 5 Oct - 10:57

L'atelier de forge de maître Peyre Fabre


Ce matin du samedi III des nones d'octobre MCDLIV [Jeudi 5 octobre 2006], un seul des deux vantaux des portes de la forge était ouvert. Cela permettait d'évacuer la chaleur générée par le foyer tout en préservant une certaine pénombre nécessaire à l'appréciation de la couleur du métal donc de sa température.

Les badauds, attirés par le bruit des martellements répétés sur l'enclume, pouvaient distinguer dans la pénombre trois personnes portant de longs tabliers et des gants de cuir pour se protéger des étincelles jaillissantes.

Leur regard se portaient immédiatement sur le coupable de tant de vacarme, le maître de forge, Peyre Fabre. Il frappait au marteau sur un billot métallique, appelé enclume, fixé sur un socle de bois enchâssé dans le sol (voir figure 1). Il travaillait à blanc une barre de métal chauffée que tour à tour, il étirait et aplanissait sur la surface plane de l'enclume, appelée table, ou courbait et arrondissait sur les surfaces conique de l'enclume, nommées bigornes. Près de l'enclume était disposé un baquet d'eau pour la trempe.

Ensuite, les regards se tournaient vers les mouvements de va-et-vient du valet de forge. Lorsque la couleur de la barre de métal virait au rouge cerise (900°C), il devait la chauffer à nouveau à blanc (1300°C). Pour cela, il la prenait avec des tenailles, puis la mettait au four, qui était constitué d'une calotte de terre réfractaire au-dessus d'une console où le charbon de bois brûlait (voir figure 2). Enfin, quand la couleur désirée était obtenue, il présentait de nouveau la barre au maître.

Parfois les regards s'arrêtaient sur un apprenti, âgé d'une douzaine d'année, qui activait constamment à la main les soufflets latéraux du four(voir figure 3) afin de maintenir l'activité du foyer.

Le plus difficile était de distinguer dans la pénombre le ratelier où était rangée une série de marteaux et de tenailles en tous genres.

Mais les spectateurs d'une telle activité comprirent vite que les artisans fabriquaient une des premières épées du Languedoc !

Chacun s'attachait à suivre les détails de sa confection :

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Bibliographie

• AGRICOLA Georgius (traduit de l'édition originale latine de 1556 par Albert France-Lanord), De Re Metallica, éditeur Gérard-Klopps, Paris, 1992.
• ARNOUX M., Mineurs, férons, et maîtres de forges : études sur la production du fer dans la Normandie du Moyen Age, XIe-XVe siècles, CTHS, Paris, 1993.
• FOSSIER R., Le Travail au Moyen Age, "La vie quotidienne", Hachette Littératures, Paris, 2000, p. 229
• MANGIN M. et alii, Forgerons et paysans des campagnes d'Alésia (Haut-Auxois, Côte d'Or) : la terre, le fer, la route en pays mondubien (Ier s. av. -VIIIe s. ap. J.-C.), CNRS, Paris, 2000, p. 385-386.
• MANGIN M., Le fer, "Archéologiques", Errances, Paris, 2004.
_________________
Sitographie

• Pour la forge : http://www.projects.yrdsb.edu.on.ca/pioneer/forgeron.htm
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MessageSujet: Le forgeage   L'atelier de forge de maître Peyre Fabre EmptyJeu 5 Oct - 13:08

Le forgeage


La veille de l'ouverture de l'atelier, le maître avait acheté nombre de lingots de fer pur. Au jour dit, il se mit à l'ouvrage.

Tôt dans la matinée, le maître de forge étira à froid les lingots de fer pur sur l'enclume par martelage de façon à former une barre de fer pur (écrouissage).

Puis le valet de forge chauffa pendant cinq ou six heures une partie des barres dans le foyer au sein du charbon de bois en combustion tandis que l'apprenti maniait inlassablement les soufflets. A terme, le cément, carbone contenu dans le charbon de bois, diffusa dans la masse du lingot (cémentation à cœur) ce qui permiet d'obtenir des barres d'acier, dites cémentites.

Dès que les barres d'acier furent prêtes, le maître prépara de manière adéquate les surfaces à travailler à l'aide d'un fondant désoxydant comme les cendres qui éliminaient tout risque d'oxydation nocive des surfaces durant le soudage. Alors, le maître réalisa à blanc soudant - les forgerons déterminaient la température d'un métal à sa couleur - une structure composite comprenant une superposition alternant 4 barres d'acier et 3 bandes de fer pur appelée lopin (voir figure 4).
Puis, afin d'obtenir une bande feuilletée dont la section présentait une superposition de fer et d'acier, le lopin était martelé (voir figure 5), tranché (voir figure 6), puis plié sur lui-même en "accordéon" à plusieurs reprises (voir figure 7), aplani sur l'enclume au marteau et amené à l'épaisseur de l'ébauche de la lame (voir figure 8). La bande feuilletée formait la partie centrale, ou l'âme, de la lame. Les tranchants étaient alors soudés à chaud en chevron pour augmenter la surface de soudure et par là, la dureté (tout ceci constitue le damassage par assemblage).

A ce stade, le maître incrusta au marteau, dans des motifs qu'il avait préalablement incisés, des filets décoratifs d'or et d'argent (damasquinage).

Alors seulement, le maître apposa sa signature de fabricant sur la lame (voir figure 9) à l'aide d'un poinçon.

Ensuite, la lame fut trempée dans un baquet d'eau disposé à cet effet pour la refroidir rapidement et obtenir une structure stable à chaud - métastabilité - et, à température ambiante, un acier dur mais cassant, la martensite (trempage).

Enfin, la lame trempée fut réchauffée afin de durcir superficiellement un tranchant, mais à une température inférieure à celle de transformation, puis refroidit lentement à température ambiante (revenu), en vue de détruire l'état de faux équilibre dû à la trempe (voir figure 10).

Il ne restait plus qu'à meuler la lame sur de grandes meules de pierres, à la polir sur un établi et réaliser la poignée (fourbissage).

Le maître rangea l'épée dans un fourreau en cuir bouilli acheté chez un fourrelier (voir figure 11).

Mais aucun des badauds ne pouvaient acheter pareille arme. Trop chère pour la plupart, elle était destinée à satisfaire les commandes en armes du Comté du Languedoc. A défaut de pouvoir l'acquérir, ceux qui avaient assistés à cette fabrication gardèrent un souvenir émerveillé d'un tel ouvrage.

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Bibliographie

- AGRICOLA Georgius (traduit de l'édition originale latine de 1556 par Albert France-Lanord), De Re Metallica, éditeur Gérard-Klopps, Paris, 1992.
- ARNOUX M., Mineurs, férons, et maîtres de forges : études sur la production du fer dans la Normandie du Moyen Age, XIe-XVe siècles, CTHS, Paris, 1993.
- FINO J. F., « Notes sur la production du fer et la fabrication des armes en France au Moyen Age », Gladius, 1963-1964, p. 47-66.
- FRANCE-LANORD A., « La fabrication des épées mérovingiennes et carolingiennes », Revue de Métallurgie, 49, 1952, p. 411-422.
- MANGIN M., Le fer, "Archéologiques", Errances, Paris, 2004.
- ZSCHOKKE B., « Du damassé et des lames de Damas », Revue de Métallurgie, 21, 1924, p. 635-669.
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Sitographie

- Pour le forgeage : http://www.reverdy.com/frame.htm
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