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 Combat à Carcassonne, le 31 décembre 1454

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AuteurMessage
Rekkared
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Rekkared


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MessageSujet: Combat à Carcassonne, le 31 décembre 1454   Combat à Carcassonne, le 31 décembre 1454 EmptyJeu 11 Jan - 19:51

Combat à Carcassonne, le XXIe jour de décembre MCDLIV


Prologue

La scène se déroulait dans le chemin d'Alaric, à la sortie de la maison de prière d'Eroslehéros (n°71), proche de la maison de messire Rekkared (n°74). Celui-ci revenait à cheval de sa retraite hivernale à Saint-Félix. Il ne comprit ce qui se passait qu'arrivé près de sa demeure. Du haut de son cheval, il reconnu le Comte Gurgald, et quelques uns de ses soldats, à leurs amoiries. Ils semblaient être aux prises avec des inconnus. Son sang ne fît qu'un tour : il dégaina son épée, empoigna sa targe frappée des armes de Saint-Félix, éperonna son cheval et se précipita alors à la rescousse du Comte au cri de :

Chapitre unique : un bref combat

« Saint-Félix, heureux sois-tu ! »

Rekkared était effectivement revenu plus tôt que prévu de sa retraite de Saint-Félix en Vinassan au Languedoc, distante de deux journées (soixante-dix de kilomètres) de Carcassonne [1]. La fortune fît qu'il arriva à ce moment-là, sa demeure étant proche de celle de la maison de prière cathare.

La situation de danger ne faisait aucun doute pour une personne juchée sur la selle d'un cheval, car les armoiries figurant sur les vêtements et armes des soldats comtaux étaient faites pour être identifiées de loin et un groupe d'homme portant de telles armoiries encerclé par un autre groupe se voit d'autant plus.

En venant au secours du Comte, Rekkared ne faisait là que son devoir de vassal, devoir d'aide envers son nouveau seigneur, et il n'était pas de ces héros de chanson de geste qui triomphaient systématiquement de leurs adversaires en leur affligeant une juste mort. Surtout que d'après la Trêve de Dieu (
treuga Domini) [2], il devait suspendre toute activité militaire du mercredi soir au lundi matin ainsi que certains jours de fêtes. Il ne verserait donc pas le sang ce jour-là, mais se contenterait d'effrayer par son cri de guerre (ce qu'il tenta de faire), de faire une démonstration de force par diverses manœuvres martiales et tout au plus d'assommer ses agresseurs éventuels avec le plat de son épée. Mais point de tuerie pour lui.

Rekkared ne vît qu'au dernier moment la lame qui lui était destinée, instinctivement il leva alors sa targe où le couteau alla se ficher in extremis. Sans ce réflexe et en l'absence de targe, la lame se serait plantée Dieu seul sait où dans sa chair... Car sous sa cotte à armer aux couleurs de Saint-Félix [3], Rekkared ne portait qu'un haubergeon [4] dont les mailles pouvaient parer les coups de taille et en dessous un gamboison [5] dont le rembourrage pouvait atténuer les contusions, mais en aucun cas de tels coups d'estocs destinés à tuer. Rekkared n'était pas riche au point de pouvoir s'acheter une lourde armure de plates complète dite harnois blanc.

Rekkared arriva au galop dans la mêlée, il gardait son flanc gauche avec sa targe tandis qu'il faisait des moulinets autour de lui avec le plat de son épée afin d'entraver l'approche des agresseurs et de séparer les deux camps protagonistes.


Rekkared était au sein de la presse, frappant à hue et à dia pour se protéger des assaillants. Un cri soudain lui permit de réagir à temps : une femme qui se précipita sur l'encolure de sa monture pour lui asséner un coup fatal ! Un réflexe, un geste, un seul, vif et précis ! Non du plat de la lame, mais de son tranchant, le baron frappa l’assaillant sur son crâne,
Citation :
« jusqu’au nasal il l’a brisé et fendu,
hors de la tête il lui répand la cervelle,
retourne la lame et l’a abattu mort. »


Extraits de La Chanson de Roland, chanson de geste versifiée, d'après un manuscrit anglais du XIIe s. [6]
Les vers de cette chanson lui étaient revenus spontanément en tête car la scène était en tout point similaire :

Le sang giclait en éclaboussant Rekkared, l'assaillante (Ulmenetha) s'effrondrait, la tête séparée en deux, laissant échapper sa cervelle qui s'éparpillait sur le sol...

Il ne pensait pas qu'un tel coup de taille fût si dévastateur, que sa lame fût si prompt à fendre un crâne ! Il ne pensait pas qu'il était possible d'égaler ces héros de
Chanson de geste, où tout n'était donc pas que balivernes !

Mais Rekkared sera marqué à jamais par ce visage d'ange au regard démoniaque. Il n'avait pas eu le choix, il avait dû enfreindre la trêve de Dieu : son cheval atteint, Rekkared aurait certainement chuté avec lui, se retrouvant coincé sous la monture et à la merci des autres assaillants.


Epilogue

Du haut de son cheval, Rekkared embrassa la scène et, lorsque les soldats s'approchèrent, il s'aperçu seulement que la mêlée était terminée : les agresseurs étaient maîtrisés ou occis, les agressés en vie ou blessés. Il prit un pan de sa cotte d'arme, y essuya sa lame afin qu'elle ne rouille pas, la rengaina, et mis son écu en bandoullière autour du cou par la guige [7].

Il alla alors s'enquérir de la santé des survivants, notamment du Comte, son suzerain.

_________________
Sources : GAIER Claude, "L'évolution et l'usage de l'armement défensif personnel au pays de Liège du XIIe au XIVe siècle", Armes et combats dans l'univers médiéval, De Boeck Université, Bruxelles, t. 1, 1995, p. 125-149 - Certes, nous sommes au XVe s., mais bon...
_________________
[1] La longueur de l'étape n'est pas considérable, au maximum, une trentaine de kilomètres par jour, quel que soit le mode de locomotion adopté (DELORT Robert, La vie au Moyen Age, 1982, p. 233).
[2] Trêve diffusée par l'épiscopat méridionial dans les années 1040.
[3] Une cotte à armer couvre la cotte de mailles et présente le triple avantage de préserver l'habit de mailles, d'en cacher les défauts et de servir de support aux armoiries ou signes de ralliement.
[4] Le haubergeon est une petite cotte de mailles qui descend jusqu'aux genoux.
[5] Le gamboison est un sous-vêtement de tissu rembourré qui se porte sous la cotte de maille.
[6] Ian Short (éd. critique et traduction de), La Chanson de Roland, "Lettres gothiques", Le Livre de Poche, 2e éd. 1990, p. 255, vers 3926-3929.
[7] La guige est une large courroie qui permet de suspendre le bouclier au cou.
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