Duchesse,
Voilà maintenant de longs mois que je suis murée dans le silence. Mes retraites, trop fréquentes & trop longues m'ont poussée à ne rester, une fois revenue au monde, qu'avec les miens. Je suis revenue en Languedoc il y a plusieurs mois, afin de régler quelques affaires. Finalement, j'y ai enterré le peu de famille qu'il me restait. Mais fi des ronds de jambe. J'ai toujours été franche & si je me rappelle à votre souvenir avec cette lettre c'est pour prendre des nouvelles de la Bourgogne car je dois m'y rendre prestement, accompagnée de Languedociens qui souhaitent aider le Royaume & qui ont offert de m'escorter par la même occasion.
Il y a peu, des rumeurs ont fait état d'armées qui circuleraient en Bourgogne & décimeraient toute personne se trouvant sur leur passage. J'aurais aimé savoir s'il restait possible de passer par ce duché ou de trouver une solution afin que je gagne Nevers où des affaires m'attendent, & qui ne souffrent plus que je les remette sans cesse au lendemain.
Sauriez-vous m'aider dans les démarches à effectuer ? Connaîtriez-vous une personne de confiance qui pourrait, au besoin, m'escorter une fois sur le territoire Bourguignon, si j'arrive à le gagner ? Je n'aurais qu'un ami & un homme de main* pour toute escorte une fois que je laisserai les autres continuer leur route. & l'on n'est jamais trop prudent.
Enfin, pour conclure, contrairement aux convenances des échanges épistolaires, j'espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé.
Je continue de prier le Très Haut pour qu'une fin apaisée se trouve à ce conflit qui sème la Mort & répand le sang de trop de personnes.
Écrit & scellé de ma main en Uzès, ce vingt-neuvième jour de septembre, veille de mon départ.
Magalona Eufrasia d'Alanha, comtesse du Gévaudan.