| | Echange epistolaire | |
| | Auteur | Message |
---|
Jehan de Proisy Visiteur
Nombre de messages : 9 Réputation : 0 Points : 11 Date d'inscription : 02/11/2008
| Sujet: Echange epistolaire Jeu 25 Fév - 15:06 | |
| [Vicomté d'Olonne en Poitou]Le bureau était calme et le Fortunat écrivait à un frère, un ami, un parrain dont il ne recevait que de rares nouvelles...- Spoiler:
- Citation :
- Mon frère,
Pardonnez, Monseigneur, cette familiarité mais je me sens surtout votre frère vous qui avez su me donner de l'allant quand ma vie ne savait quel chemin emprunter. Je viens donc vous donner quelques nouvelles de ce filleul qui par ma foi vous néglige j'en ai bien peur... Certes les excuses ne manquent pas...toutes aussi inacceptables les unes que les autres... Quand on tient à quelqu'un on lui donne de ces nouvelles. Pardonnez moi je n'ai réalisé cette vérité que tout récemment...
Tout d'abord parlons de vous. Comment vous portez vous? Bien je l'espère. Je vous imagine en vostre Castel goutant la vie simple d'un gentilhomme du sud, bercé par la chanson du vent. Vivez vous toujours aussi retiré du monde ou y avez vous gardez quelques contacts? Recevez vous quelque visite ou refusez vous de voir du monde? Vous voyez avec un petit effort je me rends compte qu'il est facile de renouer le contact. Il suffit d'un peu de bonne volonté. Je vous prie de pardonnez ma négligence. Sans doute que l'âge nous apprends les choses plus surement que les livres...
Pour votre filleul, il va...ou fait aller... Sentimentalement j'ai la grâce et le bonheur d'avoir trouvé mon double et je pense qu'en fait le Tres Haut m'a envoyé cet ange pour m'aider à supporter la vie ici bas. Il est vrai que sans elle je ne serais plus qu'un souvenir fugace sur cette terre... Je viens de décider de me retirer temporairement voire même définitivement du monde politique. Trop de bassesses trop de recherches de gloriole et de titres. Je n'arrive toujours pas à le comprendre et me dit que, finalement, ce monde n'est sans doute pas le mien... Je vais donc à l'issue de ce mandat, où j'ai imprudemment accepté les postes de Porte-Parole et de Chancelier, me retirer. Peut être essayerai-je de garder une fonction dans l'Alliance du Ponant (alliance économique réunissant la Bretagne, l'Anjou, le Poitou, la Guyenne et l'Artois en faisant l'Alliance disposant de la plus suprématie navale et fluviale) et encore ce n'est pas sur. J'ai ourdi cette alliance et l'ai portée telle un enfant...Mais chacun sait que l'on élève pas les enfants pour soi-même et qu'il doivent un jour voler de leur propres ailes. Je suis revenu aux Hospitaliers pour tenter de leur insuffler, à l'aide de sœurs et de frères volontaires, une envie de rayonner et surtout de servir les plus humbles. Frère Snipy est désormais notre GM et frère Ursin revient après un long silence. Nos opinions divergent un tant soit peu en ce sens que je fais passer en premier les humbles et ensuite Sa Majesté. Plus que Sa Majesté c'est l'appareil Parisien qui me débecte. Comment notre souverain fait il pour supporter une telle bande de personnage plus imbus de leurs titres et de leur avancement, que de la fédération du Royaume de France alors que s'ouvre les portes sur l'étranger? Je vous avoue ne pas le comprendre. Est ce moi qui devient obsolète ou visionnaire? Je ne saurais le dire...
Je vais donc me retirer sur mes terres d'Olonne ou accomplir un périple avec ma Douce Leello mon épouse et notre Grand Consul.
Mon frère, nos discussions me manquent. Votre sagesse et votre grande mansuétude à mon endroit m'ont fait progresser, m'ont redonner le courage de me battre dans cette arène de mes semblables. Mais à présent je suis usé par les attaques mesquines et à la courte vue. Il est donc grand temps que je vive pour les miens et mes proches...
Pardon de cette longue missive qui, je m'en rend compte, n'est guère enjouée. Vous savez que, bien que le temps passe vous conservez en mon cœur une place toute particulière... Merci de ce que vous avez été pour moi qui vous suis à jamais redevable d'être ce que j'ai pu être de mieux même si à l'aune d'une vie cela ne pèsera pas très lourd au moment du jugement ultime.
Voilà je vais achever ma missive et la confier à ce jeune page en espérant qu'il arrive sauf en votre Castel.
Votre filleul,
Un jeune homme entra portant la livrée bleue des terres de la Vicomté...Ah Bastien te voilà...Je viens juste d'achever. Tu vas porter cette missive au Vicomte de Fenouillèdes, Messire Cristòl de Siarr le mien parrain. Sois respectueux cet homme est un saint. Une fois là bas assure le de mon affection et ne va pas le déranger plus que de raison sauf s'il te demande d'attendre une réponse que tu me ramèneras ventre à terre.Le Vicomte sort une bourse et la pose sur la table.Voici ton viatique fais en bon usage et sois chiche de tes dépenses. Tous les deniers économisés sont pour toi...Prend une monture dans nos écuries et tu en changeras dans les relais que tu rencontreras sur ta route.
Sois prudent surtout les chemins de France sont hélas peu surs et les brigands rôdent. Cette lettre, même si elle ne comporte aucun secret d'état, doit arriver à bon port...Allez file mon Bastien et me revient vite! Le Vicomte sourit car il avait l'habitude de considérer ses gens comme de sa famille. Il avait fait apprendre à lire et à écrire à tous et envisageait de permettre à Bastien de faire des études. mais cela était un tout autre sujet... Monseigneur il sera fait selon vos volontés et je ferai tout pour que vous soyez fier de l'émissaire choisit. Les brigands ne me font pas peur et l'épée que vous m'avez confiée est bien alerte dans mes mains...Le jeune homme s'inclina prenant la missive et la bourse sous le regard amusé de son Seigneur qui pria le Trés Haut de lui accorder sa protection durant ce si long voyage...[Quelques semaines plus tard dans le sud de la France]Bastien se présenta au Castel impressionnant par son caractère de forteresse inaccessible. Autant Olonne, situé à quelques lieux de l'Océan faisait massif autant Fenouillèdes semblait un nid d'aigle.
Tant bien que mal il remit de l'ordre dans sa tenue chargée de poussière puisqu'il n'avait pas fait de pause changeant de monture pour une autre. Il demanda à être introduit auprès du Vicomte Cristòl et attendit dans l'anti-chambre un peu anxieux. S'il s'agissait du parrain de son maitre ce devait être un vieillard à la tête chenu et il allait devoir faire preuve d'un grand respect... Il attendit donc que le maître des lieux se présente refusant de remettre la lettre à tout autre. | |
| | | Aimelina Vicomte/Vicomtesse
Nombre de messages : 219 Réputation : 3 Points : 250 Date d'inscription : 11/02/2010
| Sujet: Re: Echange epistolaire Jeu 25 Fév - 21:17 | |
| C'est une petite fille qui dégringola les marches de pierre du château de Fenouillet lorsque quelqu'un fut annoncé à l'huis, une petite fille qui ne comprenait plus rien de ce qui l'entourait, ces derniers jours, sinon la grande douleur, la grande affliction dans laquelle tous, à Fenouillet, étaient plongés, elle comprise.
Elle vint, accourut même, du mieux qu'elle le pouvait sans tomber, car son pauvre bras gauche rétréci lui faisaient souvent perdre l'équilibre. Elle vint, parce qu'elle espérait que ce seraient de bonnes nouvelles de l'extérieur, un peu de fraîcheur bienfaisante, une respiration, un printemps.
C'était un messager, et ce n'était pas pour elle. Personne ne lui écrivait, à cet âge !
-Mon papa est en haut. Je peux lui donner la lettre ! | |
| | | Cristòl Baron de Saint-Félix
Nombre de messages : 311 Réputation : 0 Points : 121 Date d'inscription : 12/02/2007
| Sujet: Re: Echange epistolaire Mer 17 Mar - 1:13 | |
| [Un mois a passé sur ce funeste jour...]Cristòl s'apprêtait à quitter les Fenouillèdes. Il avait été précédé de peu par Paula, qui avait pris la route quelques jours plus tôt. Lui avait quelques affaires à mettre en ordre, avant de revenir à Saint-Félix...
De nouveau seul - ou presque, car sa fille Aimelina était restée au château, sans qu'il comprît tout à fait pourquoi il préférait sa compagnie à celle de sa mère ; peut-être était-ce qu'elle ignorait qu'elle était la fille de Paula, alors qu'elle savait être sa fille à lui, Cristòl... - , le Chevalier de Sìarr relut la lettre qui était parvenu aux lendemains du drame qui avait, une nouvelle fois, changé le cours de sa vie. Un cours bien tumultueux, bipolaire, en vérité.
Il soupira. Presque un mois qu'il procrastinait une réponse - mais quelle réponse faire ? Il trempa sa plume dans le brou, la laissa un instant en suspens, puis : - Citation :
- Mon frère,
Votre familiarité est la mienne. Vous êtes Vicomte, et je ne saurai me résoudre à vous appeler autrement que « Frère ». Le seul que j'aie jamais eu, peut-être ? Si vous me négligez... Que dois-je dire de moi ? Sans doute ai-je manqué, tout ce temps, de vous donner de mes nouvelles. Et à dire vrai, désormais que j'ai enterré mon père, accepté mes fautes passées, été à Compostelle et accueilli la fille que j'ai trop longtemps laissée de côté, par mon érémitisme, par mon désintérêt du bas monde, je sens bien qu'il reste une foule de choses à me faire pardonner, et vous avoir laissé sans nouvelles en est bien une.
Mais quelles bonnes nouvelles pourrais-je vous donner ? Je vais me marier. Chez quiconque d'autre, la nouvelle serait heureuse. Elle ne l'est pas. Ce mariage sera pour moi, si cela est possible, le paiement d'une dette. Car le Très Haut m'a donné vainqueur d'un duel d'honneur - et je devrais m'en réjouir ! - mais si la victoire fut éclatante, elle m'a fait perdre, de ma propre main, l'homme qui était mon parrain devant le Très Haut, avec lequel jamais je n'aurais voulu avoir de telle querelle d'honneur. Et quoi que le Très Haut m'ait désigné vainqueur et ait accueilli à son côté mon parrain, je ne peux m'enlever de l'idée que c'est une faute qui me revient, et que le jugement du Très Haut envers moi est en vérité bien juste, d'ainsi me faire souffrir d'avoir perdu un homme que je chérissais - d'avoir, je le sens, causé sa perte, moi-même. Vivre toujours retiré du monde ne m'a pas épargné les peines que l'on souffre à vivre et aimer ceux qui nous entourent. Ce mal est venu me prendre jusqu'en mon château, voici un mois. Ainsi périt LeGueux d'Alanha, par ma main, mon parrain, mon mentor, et à peu de choses près, mon père.
Ce mariage, alors, c'est que j'épouse sa femme. Beaucoup crieront que c'est péché, que la morale le réprouve, ou d'autres choses. Je fais confiance à mon frère, à vous, Jehan, pour comprendre que je paie ma dette. Que devant le Très Haut, je pourrai au moins dire : « j'ai fauté, et voilà comment j'ai réparé ma faute ». Pour réparer ce tort incommensurable que j'ai causé à des enfants qui aimaient leur père et le perdent injustement, alors qu'il était revenu indemne de la guerre de Provence comme de maints autres combats passés, de causes plus fermes et délibérées, il me faut leur donner tout ce que j'ai, sinon davantage. Je n'ai rien d'assez grande valeur pour remplacer celui qui était si cher à leur cœur. Mais j'ai résolu qu'à défaut de le remplacer, je m'ôterai, à moi aussi, ce que j'ai de plus cher : la reconnaissance de mon père, Rekkared, et la confiance qu'il a mise en moi en me léguant Saint-Félix de Vinassan, avant même son propre départ pour le Soleil. J'épouserai leur mère, pour pouvoir leur donner toute cette confiance, tout cet amour paternel, tout ce qui a fait ma vie, tout ce qui m'a modelé. Pour moi je ne garderai rien. Je m'ampute de ce qui a une valeur incommensurable - et même alors, gagnerai-je enfin la paix ?
Je ne sais désormais que vous conseiller sur votre propre vie : voyez comment, mon frère, mon ami, j'ai échoué à conduire la mienne. Vous êtes, à vous lire, toujours l'Hospitalier digne que j'ai connu, dont les valeurs répondent à l'Ordre, et non à l'uniformisme de la chevalerie parisienne. Vivez pour les vôtres et vos proches : c'est ce qui m'a manqué, sans doute, car je ne sais plus si j'aime bien, ou mal.
J'aurais plaisir à vous revoir, mon frère. Et si vous acceptiez d'être le témoin de mon étrange mariage, de cette dette que je m'en vais payer à ce parrain que j'ai envoyé auprès du Très Haut, mon cœur, peut-être, connaîtrait quelques temps la joie qui l'a abandonné.
Qu'Aristote vous garde,
Cristòl de Sìarr
| |
| | | Jehan de Proisy Visiteur
Nombre de messages : 9 Réputation : 0 Points : 11 Date d'inscription : 02/11/2008
| | | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Echange epistolaire | |
| |
| | | | Echange epistolaire | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |