[RP] Cérémonie de transmission de titres

[Dans la Grande Salle du donjon]

Rekkared répondit au baron d'Axat :

- « Totjorn subremenatz ! Sortirai venceire de jòcs... benlèu paraulós ! Meu secret ? Lo prèc e la caminada... »

Voyant Carmen arriver, il ajouta :

- « Ieu escusatz, donà Carmen arriba ! »

La joie de retrouver ses deux amours se lisait sur le visage de Carmen. Elle étreignit longuement son fils, puis le baron. Ensuite, elle se dirigea vers les autres invités qu'elle salua.

Le couple Comtal du Gévaudan s'avançait dans la Grande Salle. Rekkared alla les accueillir :

- « Comte e Comtessa de Gavaudan, la benvegenda. Espèri que vòstre viatge es estat bon ? »

Cristòl a écrit:: Rekkared était venu auprès de son épouse ; Cristòl regardait ses deux parents réunis, et il en fut fier.

Le Coms et la Comtessa du Gévaudan entrèrent, et Cristòl s'inclina devant eux :

-« Meu pairin, dòna Paula-Estèva, es un plaser de vos aculhir de Sant Felix.

Dòna, grandmercé d'aver viatjat entà aquel ceremònia maldespièch vostre emprenhament. »

Clémence.de.lEpine a écrit:: Elle ne put retenir un léger rire à la remarque de la Vicomtesse et la réaction de Cristòl, son embarras en tout cas, l’amusa d’autant plus. A l’adresse de Marguerite, mais également pour elle-même, Clémence eut cette réflexion, presque murmurée, quasi inaudible, non parce qu’elle ne voulait qu’on l’entende, mais parce qu’elle était déjà partie ailleurs, au fin fond de ses pensées.

Et c’est ainsi que malgré lui il préserve son cœur.

Elle-même espérait ne jamais avoir à ressentir aucune affection pour un homme. Son regard glissa vers Louis. Enfin, pas ce genre d’affection. Le visage de son père s’imposa logiquement à son esprit. Pas celui-ci non plus. L’autre, encore. Celle que les chansons et les poèmes nommaient « amour ». Son esprit vif et curieux lui faisait aimer la musique, les vers déclamés avec ferveur par ménestrels et troubadours. Cela lui permettait d’être au fait de certains évènements se déroulant bien loin de Champagne, ou tout simplement de laisser son imagination vagabonder le temps d’une chanson. Grâce à leurs récits inspirés d’histoires personnelles ou complètement fictifs, mais grâce également à l’aura qu’ils dégageaient. Les troubadours pouvaient aller où bon leur semblait, ils enchantaient les plus rêveurs, les berçant de leurs vers aériens, et cela leur suffisait. Libres, sans réelles attaches, se déplaçant de château en château, de places en places, affichant leur bonheur à un tel point que cela rendait parfois la demoiselle malade. Malade de jalousie, malade de rage, malade de frustration. Ne pouvaient-ils donc se contenter de pincer leurs cordes et d’user de leur voix sans qu’à la fin de leur prestation, sous les applaudissements ravis de l’auditoire, ils se mettent à sourire, à rayonner, à exulter, comme s’ils étaient enfin arrivés au bout d’une longue et épuisante quête ? La quête du bonheur, la recherche du sens caché de la vie, une quête que tout homme normal ne pouvait mener à terme. Mais à vrai dire, pour Clémence, la normalité se résumait à ce qu’elle était, puisqu’elle ne connaissait rien d’autre.

Tout ça pour expliquer que cet « amour », justement, était bien souvent raconté par ces troubadours, et qu’il n’était pas rare que dans leurs récits ce sentiment aille de paire avec une vie de tourments et de désillusions. Il faisait, paraîtrait-il, autant de ravages sur le coeur que la guerre sur le champ de bataille. Mais de l’avis de la jeune femme, il ne s’agissait là que d’une comparaison absurde, au lyrisme déconcertant : quand on voyait le carnage qu’une simple querelle de voisinage pouvait provoquer, on s’imaginait mal que l’amour puisse faire autant de dégâts, même sur un simple plan spirituel. Tout de même, dans le doute, elle préférait fermer son cœur et le rendre le plus insensible possible. Et puis, à quoi cela pourrait-il bien lui servir, d’aimer ? Elle était de toute façon destinée à épouser un homme qu’elle ne connaîtrait sans doute pas. Et c’était pour lui qu’elle devait garder son cœur intact, pur et innocent.

Emergeant de ses plus ou moins douces rêveries elle observa Cristòl s’éloigner et reporta son attention sur les personnes qui commençaient à se faire de plus en plus nombreuses. Ça et là elle entendait parler la langue chantante du pays d’Oc et instinctivement, elle se rapprocha de Louis. Ils seraient au moins deux à ne pas comprendre tout ce qui se disait ici. Mais cela ne lui posait pas vraiment de problème, car si ses oreilles ne lui seraient pas d’une grande aide elle avait toujours ses yeux, perçants et scrutateurs, qui eux ne lui feraient pas défaut en ce jour.

Skip a écrit:: Un cavalier, vêtue sobrement, arriva à vive allure dans le petit faubourg près du château de Sant-Félix. Le village s'activait et terminait les derniers préparatif pour célébrer leur nouveau Bar. Rapidement l'homme montra son insigne de la Garde d'Argent à un garde qui lui barrait la route puis lui demanda s'il restait de la place dans une auberge. L'homme d'arme lui indiqua une large rue bondé de passant. L'arrivée du soldat ne passera donc pas inaperçus.

Arrivé face au lieux dit, le Garde d'Argent regretta un peu de n'avoir pas penser à réserver une place. L'établissement devant lui semble quelque peu miteux. Probablement la racaille qui s'y tiens la nuit venue. Il faudra faire attention à ce détail.

Descendant de cheval, le Ponot alla trouver le garçon d'écurie et lui donna quelques écus.

-Je veux que tu le brosse et que tu l'abreuve. Ne fait rien de malin mon grand, ou j'en parlerai directement à ton Bar. dit l'homme d'un ton autoritaire en prenant le sac et l'épée accroché au cheval.

Il se dirigea ensuite vers la porte d'entré au dessus de laquelle une enseigne indiquait: "L'Auberge La Licorne Dorée" Un jolie nom pour un établissement à l'apparence aussi délabré. En entrant, l'homme se dirigea vers le comptoir et demanda le tenancier.

-C'est moi-même m'sieur! Qu'est-ce que je peux faire pour vous?

-Je veux une chambre pour y prendre un bain et me changer. J'aimerais aussi pouvoir y dormir ce soir. Quels sont vos tarifs?

-Bah! Pour le bain, déjà, ça vous coutera 6 écus et la chambre 10 écus. Pour la réserver, ça va vous couter 5 écus de plus, mon m'sieur!

-C'est bien parfait pour moi, quoi que un peu chère. Je compte sur vous personnellement pour garder un œil sur les choses que j'y laisserai durant la journée. dit-il tout en sortant une minuscule bourse contenant tout juste ce qu'il faut. Le reste est bien au chaud, près de son cœur. Ne jamais montrer sa véritable fortune lorsque nous somme lui de la maison...

Lorsqu'il eu sont argent, l'ayant reçus d'un homme la donnant à contre cœur et vérifiant le reste, le tenancier se dirigea vers un escalier suivie par le voyageur qui lui emboîta le pas. Celui-ci entra dans la pièce où un mobilier simple et un petit coffre l'attendait. L'aubergiste lui annonça que le bain arriverait bientôt, qu'il pouvait déjà se mettre à l'aise et sortie de la pièce en refermant la porte derrière lui.

Là, le Garde d'Argent laissa tomber son sac et son épée sur la paillasse et entreprit de sortir son uniforme de parade. À l'aide d'une petite brosse, il effaça les plies causé par le voyage et l'entreposage dans ce foutue sac. La prochaine fois, il voyagera en carriole. Plus chère, mais plus pratique.

Le temps qu'il termine de cirer ses chausses de cuire et de polir son épée, celle aux couleur du Languedoc, on frappa à la porte. L'homme, aider de deux cuistots, entra en déposant une petite bassine d'eau tiède. Il demanda si tout était au goût du client et celui-ci répondit de l'affirmative en se dirigeant vers la porte pour les raccompagner et les remercier.

Il prit donc un bain, se frottant bien comme il faut les aisselles et les pieds. Il termina sa préparation en se poudrant légèrement le corps avec du talc parfumé. Il revêtis son uniforme, enfila son épée et plaça son chapeau bien droit. Il était donc prêt.

Tout ce temps, il l'avait passé en sifflotant et en fredonnant des airs de son enfance.

Il alla récupérer son cheval, bien propre et l'air fringuant et donna le reste de sa petite bourse au jeune homme.

Maintenant, ainsi apprêté, le soldat avait l'air d'un grand homme. C'est que l'uniforme de la Garde d'Argent est vraiment très joli. Sur son épaule droite l'écusson de sa caserne d'origine et sur son épaule gauche l'écusson du Languedoc traversé d'un épée argenté. Sur son cœur, la Médaille de la Garde d'Argent, poli et lustré. Il enfourcha son cheval et salua le garçon d'écurie en se dirigeant vers le château.

Enfin!

Il arriva devant la porte et, laissant son cheval à un homme d'écurie au couleur de St-Félix, se présenta au garde.

-Bonjorn! Je suis Skip Lo Casalièr! Garde d'Argent! Je viens pour la cérémonie et offrir un présent au futur maître de la maison, Sènher Cristòl de Sìarr.

Patiemment, Skip attendit que le garde le laisse passer. Le tract commence à le prendre. Il réalise qu'il sera fort probablement le seul non noble de la cérémonie, sauf, peut-être, les serviteurs direct des nobles présent. Malgré que le Bar Rekkared lui ait spécifié que tous, de quelque rang qu'il soit, pouvaient ce présenter, le Ponot se doutait bien qu'aucun autre n'aurait oser faire comme lui. C'est donc avec des tiraillements dans le ventre qu'il attendit la réponse du garde. À l'intérieur, il espérait bien pouvoir tomber sur le Maréchal LeGueux. Celui-ci pourra surement le présenter aux autres. Il le lui demandera très certainement.

Juste avant la réponse du garde, Skip vérifia une dernières fois, probablement la centième depuis qu'il est partie du Puy-en-Velay, si la fiole d'élixir était toujours près de son cœur. Il ne fallait pas qu'il ait fait tout ce voyage pour au final ne pas pouvoir accomplir ce qu'il était venue faire ici, ou du moins en parti. Il s'en aurait voulu à mort, très certainement.

LeGueux a écrit:: Ils entrèrent de concert dans la salle, et furent accueillis par le baron et son fils. Il remarqua la présence des Axat et du vicoms de Cauvisson accompagnant son épouse, fait rare, et s'en félicita intérieurement.
Une jeune fille, aussi, inconnue, aux cotés du Vicoms.

Il répondit à ses hôtes :

Mercé, es totjorn gaug vènguer aicital. Il enchaina en langue d'Oïl par respect pour le vicoms qui ne devait pas saisir tout des paroles échangées.
Venir vous visiter, vous et mon filleul, ne peut être qu'agréable voyage, surtout quand on en profite pour visiter la plaine en profitant des premiers soleils.
Et sachez que même si mes fonctions n'avaient rendu ma présence obligatoire, vous y auriez tout de même eu droit Pour les mêmes raisons que les présents ici même.

Il salua ensuite les Axat :
Donà MarieDouce, messer Djahen, Adissiatz !
Benastram veser vos aici !
De nouveau il reprend en Oïl, ce qu'il sait que son vassal n'aime que peu. Vous voir ici nous enchante, mon épouse et moi.

Se tournant ensuite vers les Cauvisson

Il en va de même pour vous, d'autant plus vous sachant peu enclins aux mondanités en ce moment. Le bonjour, Vicoms, vos sorties sont rares, et n'en sont que plus appréciées.
Il se permit un clin d'oeil à la fleur d'Oc.
Donà, solelhatz ! Vous êtes rayonnante ! Puis plus bas sur le ton de la confidence, se rappelant de la dernière cérémonie d'allégeance : avètz capitat agandir vostre òme, òsca. Vous me présentez cette jeune fille ?

Marguerite de Volpilhat a écrit:: Marguerite, la surprise passée des mots de son filleul, ne sachant comment elle devait prendre ce souffle chaud qui lui avait porté au creux de l'oreille des idées si étranges, ne put qu'hocher la tête au constat de l'Epine. Pensive...
Oui, tant se bousculait dans son esprit, alors même que l'intensité sonore s'accentuait dans la Grande Salle au rythme des saluts des nouveaux arrivants. Comme Cristòl s'avançait aux devants des Shaggash, puis de sa mère, Marguerite se sentit prise de vertiges.

Non ces vertiges de la chaleur ou de l'émoi, mais de ceux que l'on a lorsque l'esprit s'évade trop du corps pour pouvoir encore lui ordonner de se tenir droit. Elle adressa un léger signe de main à Clémence, comme pour lui demander de l'accompagner, et comme une somnambule alla s'asseoir sur un banc garni de coussins, contre le mur, et posa les mains sur son ventre. Pourquoi repensait-elle à cela maintenant ? Etait-ce d'avoir parlé, tantôt, de Caedes, était-ce la présence de Clémence, était-ce l'amour exclusif avoué - ou moqué, mais dans tous les cas évoqué - par Cristòl, qui ressemblait à de l'admiration dévote, qui fit errer les pensées de la rousse fille du goupil vers son père ?
Il y avait eu cette lettre de Reginhart récemment... Jehan était sur le territoire français, après un temps si long d'absence, que venait-il y faire ? Pourquoi penser à cela, à tout cela, ce jour... Marguerite ne suivait plus le fil de son esprit, mais savait, sentait, que Clémence était près d'elle, et en rien étrangère à ces escapades de l'âme. Quelque chose les appelait-elle ? On n'aurait pu le dire. Si Marguerite avait su ce qui se jouait à quelques jours près, la veille, le lendemain, le soir même peut-être, entre son père et la mère de Clémence, sans doute n'aurait-elle pas attribué au hasard sa sensation diffuse d'être prise entre deux feux, d'être écartelée entre l'héritage du passé et l'avenir qui approchait, que le présent avalait à grandes lampées.
L'ordre du monde devait être renversé, et l'infant devait s'agenouiller devant la duchesse. Et bientôt, sous leurs yeux, le fils serait plus puissant que le père...

-« Un jour viendra pour les simples... »

La Vicomtesse ferma les yeux.

Ce fut pour les rouvrir quelques secondes plus tard, comme si des mois avaient passé. Le couple comtal du Gévaudan était là, son cœur sourit. Elle se releva en disant :

-« Parla pas l'occitan, aima pas lo Lengadòc, mas remira lo bar de Sant-Felix e sap que deu pas me desgiussar !

Es la dòna Clamença de l'Espina, dòna de Villorceau... del nòrd ! Mas aimadissa, baronila e de subrebon sang. L'ideala promesa ! »

Cela lui arracha un sourire, retrouvant le fil de la pensée qu'elle avait à leur arrivée. Se tournant vers Clémence, elle fit la présentation dans l'autre sens :

-« Ma dame, voici le héraut de Languedoc, LeGueux d'Alaigne, Comte de Gévaudan, Baron d'Alaigne et Seigneur de Cazilhac. Le plus long règne du Languedoc, auquel nous devons ajouter pour être complets plusieurs régences ; un homme de qualité, et voici son épouse, Polstephie, une amie... très proche. »

Cristòl a écrit:: -« Halte ! Qui vive ? »

Le garde devant la porte posa un regard admiratif sur l'équipement brillant de l'arrivant, et comme il ne connaissait pas tout à fait la noblesse, songea que ce pouvait bien être quelque fils de bonne famille ou quelque chevalier qui se présentait là - "Casalièr, Garde d'Argent !" lui dit-on. Un Jardinier, Garde ? Après tout, ce n'était qu'un nom, et aucun n'était persona non grata à Saint-Félix.

Il hocha la tête :

-« La benvenguda. Lo baro de Sant Fèlix e son filhum Cristòl vos aculhirà per la foganha. »

Et le garde de s'effacer devant Skip, lui ouvrant la porte du donjon et lui indiquant l'escalier montant à la Grande Salle.

Skip a écrit:: L'attente n'avait duré que quel seconde, le temps d'une réflexion en fait, mais Skip avait trouvé le temps infiniment long. Aussi long que lorsqu'il avait, il y a de cela fort longtemps, à une époque révolue maintenant, demander la main de Mestia. Ce temps, si lointain à la mémoire du soldat, mais pourtant si près dans les faits.

L'homme cligna des yeux quand le garde lui souhaita la bienvenue. Le remerciant d'un hochement de tête, incapable de plus tant l'énervement intérieur l'accaparait, celui-ci entra et monta les escaliers.

Arrivé au lieu dit, Skip resta là un instant, impressionné par tant d'odeur, parfois agréable, parfois dérangeante, mais toujours surprenante. Impressionné aussi par les couleurs et les textures l'environnant. Skip ne pus retenir une larme tant il était ému d'être parmi ces gens. Une toute petite larme que Skip s'empressa d'effacer avec un doigt d'apparence robuste, mais souple.

Son épée et sa médaille de la Garde d'Argent brillant dans l'éclat des nombreuses bougies, Skip s'avança au travers de la foule, en direction du fond de la pièce, espérant croisé quelqu'un de connu, mais ne voulant déranger personne dans leurs discutions. Il se rappela son enfance quand, timidement, il avançait dans la foule d'adulte, admirant leur grandeur et souhaitant un jour leur ressembler. Aujourd'hui Skip a toutes les apparences d'un noble, mais il n'en avait pas le titre, n'était-il qu'a la moitié du chemin? Surement pas!

Il arriva enfin près du Com du Gévaudan, présentement en grande discutions. Il resta légèrement en retrait, le temps que celui-ci termine avec les dames, avant d'aller à sa rencontre pour lui souhaiter le bonjour.

Rekkared vît arriver un Garde d'Argent. Un écuyer vint lui dire qu'il s'agissait de Skip, que le baron de Saint-Félix connaissait de nom. Rekkared vint lui souhaiter la bienvenue, à l'égal des autres convives , mais en langue d'Oïl :

- « Soyez le bienvenu, messire Skip. J'espère que votre voyage a été agréable ? »

Cristòl a écrit:: Cristòl vit rentrer un homme, qu'il connaissait peu, mais plus que bien des Languedociens, car c'était l'un des rares roturiers du Comté, avec Kamharley, qui prenait le temps de venir écouter, poser des questions et parfois débattre dans le bureau du héraut - et cela n'avait pas échappé à Cristòl.

-« Benvenguts, Lo Casalièr ! » S'exclama-t-il à la suite de son père, d'une voix où résonnait franchise et enthousiasme.

Skip a écrit:: Le Ponot se retourna en entendant son nom. Deux homme devant lui. Les deux ils les connaissait bien, l'un pour avoir eu l'occasion de le voir et de l'entendre souvent dans le Parlador et l'autre pour avoir eu la chance de débattre avec. Les deux sieur de Sìarr se présentaient devant lui. Skip ignorait tout des formalités. Devait-il serrer la main comme dans les pays du nord? Devait-il faire l'accolade comme dans le moyen-orient? Skip opta pour une approche plus sobre en répondant simplement oralement.

-Mercé, Sènher. Mon voyage a été une merveille, le paysage est somptueux dans la région. À mon retour je devrai passer par l'abbaye. J'ai entendu que le paysage était à couper le souffle. dit-il au Bar de Sant-Félix, Rekkared, en se retournant pour saluer le fils du premier.

-Adissiatz e mercé, Sènher Cristòl! Merci de m'accueillir chez vous. dit-il C'est un grand honneur pour moi que d'être présent ici aujourd'hui pour la cérémonie. J'ai énormément de respect pour vous et votre père. Vous êtes tous deux des exemples pour le peuple et rare sont ceux pouvant se vanter d'arriver à votre cheville. Sènher Cristòl, votre sagesse et votre dévouement pour le comté n'a d'égale que celle dont vous, Sènher Rekkared, faite preuve chaque jour. ajouta-il en leur adressant la parole tour à tour.

Skip ne savait pas s'il en avait trop dit. Il ne voulait pas paraître trop admiratif, mais il se devait d'être franc. Il ne savait pas non plus quand donner le cadeau. Il est encore beaucoup trop tôt, ce dit-il finalement. Et puis le tout ferait changement des cérémonies d'allégeance, où il doit être debout, sans bouger ni parler, durant des heures interminables. Ici il est participant, il peut parler, bouger, rire, chanter même si l'envie lui prend. Il est libre d'agir, en autant que cela reste respectueux bien entendu. L'éducation que ça mère lui a donner à l'époque servira encore. Pendant que sont cerveau lui fait des peur et le rassure alternativement, le visage de Skip affiche la plus sincère joie d'être présent ici. Son entrainement militaire à rester stoïque devant une situation stressante n'a aucun emprise en ce jour et lieu. La joie et l'honneur on reprit le dessus.

Imperceptiblement, la luminosité déclinait laissant place à la pénombre. Les cloches de l'église Saint-Martin du village de Vinassan sonnèrent alors les vêpres. Un écuyer fît un signe convenu au baron de Saint-Félix. Ce dernier dit à son fils Cristòl & au héraut Lengadoc de bien vouloir le suivre pour leur exposer le protocole de cette cérémonie. Quelques instants plus tard, la lueur de candélabres allumés successivement estompa peu à peu cette pénombre, attirant le regard sur le dispositif de la cérémonie : sur une estrade, une simple chaire trônait au fond de la Grande Salle, puis, devant, une rangée de bancs, interrompue par une allée centrale conduisant à la chaire.

Cristòl a écrit:: Cristòl était embarrassé des mots du Garde d'Argent, dont il doutait profondément - non la sincérité, mais la vérité des propos. Il se contenta d'un Merci maladroit, puis son père le prit à part, avec le héraut son parrain ; tout approchait, finalement.

Il regarda au fond de la Grande Salle le siège baronnial, et sentit un grand vide en lui. Comme plongé dans de l'eau glacé, comme saisi de peur...

LLyr a écrit:: De passage à Montpellier où une missive l'avait querri pour uen cérémonie, LLyr appris qu'une cérémonie de passation celle ci entre pere et fils devait avoir Lieu.

Les deux hommes pouvant allégerement se vanter d'etre de ses amis, choses fort rares en Royaume de France, il fit un crochet pour y assiter et leur assurer de son soutien et féliciations.

Le héraut Touraine fût accueillit comme il se devait & invité à se rendre dans la Grande Salle du donjon. Puis, le son d'une trompette retentit dans la Grande Salle suivi de cette annonce :

« Oyez, Oyez,

Cristòl de Síarr, Chevalier de l'Hospital & Seigneur de Marmorières, vous êtes conviés à vous rendre à l'autre bout de l'allée, face à la chaire.

LeGueux, Comte du Gévaudan, Baron d'Alaigne & héraut du Languedoc, vous êtes conviés à vous stationner debout à la droite de la chaire,

Nobles & notables personnes, témoins de l'acte d'abdication, vous êtes invitées à vous installer devant, sur les bancs disposés à cet effet.

Sujets de la baronnie de Saint-Félix, des seigneuries de Vinassan & de Marmorières, veuillez vous approcher de part et d'autre de l'allée centrale, derrière les bancs.

La cérémonie est ouverte. »

Rekkared s'était assis sur la chaire : il était revêtu d'un habit frappé des armes de Saint-Félix, portait sur sa tête la couronne baronale & à son côté droit, son épée.

Les portes furent ouvertes pour que la population du cru puisse suivre la cérémonie & acclamer son nouveau seigneur par la suite. Des gardes, régulièrement cantonnés le long de l'allée, veilleraient à contenir les éventuels débordements de la foule.

Au second son de trompette, Cristòl devrait descendre l'allée en direction de la chaire & s'agenouiller devant son père. Alors, le héraut Lengadoc donnerait l'acte d'abdication au baron de Saint-Félix pour qu'il la lise à haut voix. Puis, le héraut Lengadoc inviterait les témoins à venir signer l'acte, que lui-même signerait en dernier, afin que nul ne puisse contester sa validité. Ensuite, le baron se dévêtirait des symboles de sa noblesse & en couvrirait son fils à qui il cèderait la place sur la chaire, en se plaçant debout à sa gauche. Alors, la population pourra acclamer son nouveau seigneur & quitter les lieux. Et les invités pourront offrir au nouveau baron leurs éventuels cadeaux. Ainsi se déroulerait la cérémonie.

Cristòl a écrit:: Au son de la trompette, le coeur de Cristòl se fit tambour major. Il jeta un regard vers Marguerite et Clémence. Pourquoi elles ? Sans doute parce qu'elles pouvaient être proches de l'émotion de ce jour ; parce que tous ici avaient acquis leur noblesse, et qu'elles, elles étaient nées ainsi. Louis-Raphaël aussi. Mais elles étaient... Elles étaient femmes, et dans cet instant, ce n'était pas seulement vers des pairs qu'il se tournait, mais vers la dualité du monde.

Les nobles et les roturiers. Le haut et le bas. L'or et la boue, les riches et les pauvres, le noir et le blanc, les hommes et les femmes, le laid et le beau, l'amour et la haine, la vie et la mort, le serment et la parjure, le Très Haut et le Sans Nom, le ciel et la terre, le vice et la vertu... Etait-ce si simple ? Cristòl fut pris d'une fièvre intérieure. Il lui fallait son flageolet ! Il voulait jouer, il voulait siffler cet air de sa jeunesse, il voulait rappeler qu'il était fils de noble et fils de paysanne, qu'il avait un berger autant qu'un chevalier en lui, qu'il avait un oeil bleu et un oeil brun, qu'il ne pourrait jamais oublier, malgré toute l'éducation du monde, malgré tous les serments ; il voulait que ses doigts puissants, que ses larges mains se referment encore sur ce morceau de bois lustré par les âges, ce vestige de l'enfance, qui l'avait accompagné sur la route vers Carcassonne, qui l'avait accompagné de son aire perchée au haut des Pyrénées, de son monde sauvage presque, à la civilisation de la bonne ville. Un simple morceau de bois mort pour se raccrocher au passé.

Alors que tous s'avançaient vers les bancs, lui tournaient le dos pour mieux ensuite les dépasser, avancer devant eux ; en attendant, le jeune seigneur s'approcha d'une fenêtre étroite aux petits losanges de verre teintés par la rougeur du soleil mourrant. Le flageolet était resté avec sa cape hospitalière. Ce jour, il n'était que le Seigneur de Marmorières, face au Baron de Saint-Félix, son suzerain et père.
Il n'était ni hospitalier, ni berger.

Juste Sìarr. Cristòl de Sìarr. Un fils, et à ce seul titre, il se tenait au bout de l'allée, lorsque le deuxième coup de trompette retentit en l'aula magna.

Il y avait d'abord les gens de Saint-Félix, derrière lui, comme un régiment soutenant son capitaine et le portant en avant. Au rythme de la marche, sans pouvoir les empêcher, ni les retenir lorsque vint la suivante, les idées suivaient les pieds.

Il fit un pas.
Il y avait les deux éclats de rousseur dans cette lumière tremblante des candélabres, Paula-Estèva et Margarida, deux femmes dans l'épanouissement de leur grossesse, deux épouses, deux inaccessibles et pourtant désirables. La Fleur d'Oc, sa marraine... Qu'avait-elle compris de ce qu'il avait dit tantôt ? Il lui semblait maintenant que c'était mal d'avoir ainsi mis ses nerfs à l'épreuve.

Il fit un autre pas.
Il y avait les époux Donazac d'Atsat, l'irradiante imposance du Baron, la douceur évaporée de la Baronne, et jamais couple antithétique ne fut mieux assorti. « C'est de telles personnes dont la noblesse du Languedoc peut s'enorgueillir, non de moi » songea le jeune homme.

Il fit un pas.
Il y avait le port altier de LeGueux, son parrain, son maître, et après son père l'objet de toutes ses admirations. Si Cristòl désirait en son fort intérieur atteindre une telle dignité, une telle respectabilité, il savait très bien que personne encore n'avait en Languedoc réussi à l'égaler, et rangeait sa fierté : qui était-il pour prétendre à tout cela ?

Il fit un pas.
Il y avait le dos droit de Louis-Raphaël, jeune homme comme lui, plus même, frère d'une Reyne, époux d'une fleur de sang royal ; fils d'une famille puissante en septentrion, et pourtant... Presque inconnu, bien silencieux, lisse en somme. Attendait-il son réveil ? Attendait-il que soit assurée sa descendance pour se lancer dans la vie ? Jusqu'où irait-t-il ? Ferait-il un peu de chemin avec Cristòl, ou mépriserait-il cette petite noblesse au sang chaud, cette noblesse méridionale et chauvine ? Le garçon restait une énigme à résoudre.

Il fit un pas.
Il y avait Touraine, un autre genre de sang chaud, un homme qu'il est bon d'avoir dans ses amis, et que Cristòl avait pu approcher par ses études héraldiques ; un homme dont le jeune seigneur ignorait tout, en fin de compte, qui lui restait étranger, quoiqu'amical. Le voir ici était une preuve de plus que le Chevalier croyait errer en songes. Un Maréchal d'Armes, venir pour lui, humble seigneur, bientôt petit baron ? Ces gens venaient grâce au renom de Rekkared, ainsi se persuadait Cristòl.

Il fit un pas.
Il y avait l'habit soigné et la tenue impeccable du Garde d'Argent, perdu d'admiration au milieu de cette noblesse que son respect sans borne lui aurait fait mériter de rejoindre. A continuer dans ce sens, le jeune seigneur de Marmorières ne doutait pas un instant que ce jour viendrait. N'avait-il pas déjà assez de respectabilité et de confiance pour qu'il fût assigné à la garde rapprochée du Comte ?

Il fit un pas.
Il y avait ces boucles entêtantes, ces relents floraux de prairies différentes, cet éclat au coin de lèvres en bouton de rose et cette silhouette frêle d'une jeune pousse tendre que nul n'a cueillie. Clémence de l'Epine, autre genre de mystère, autre genre de rêve. Un frisson de désir pour un orage de peur ; la peur de l'échec, celle de décevoir ses parents, celle de se tromper. Aspiraient-ils tous deux à l'amour ? Cristòl avait choisi quelques mois plus tôt que cela n'existerait plus pour lui. L'amour d'Aristote n'existait désormaisque sous le nom d'amitié ; il était convaincu de moins souffrir, après cette si cruelle blessure.
Blessé au Pas de Gauvoie, blessé au Pas de Barenton, ni la fine cicatrice brillante sur son avant-bras, ni la marque sous sa côte gauche, n'avaient été aussi douloureuses que ce jour-là...
Pourtant, ces jeunes filles de bon sang étaient aimables, et il serait plaisant d'avoir pour elles une tendre amitié !

Il fit un pas.
Il y avait le sens de sa vie, il y avait celle qui lui avait donné ses cheveux sombres comme la nuit, et son sourire timide mais heureux. Carmen, sa petite mère, son absente adorée, celle dont les bras jamais de toute son enfance ne l'ont bercé ; celle qui aurait tant aimé le prendre dans ses bras et le blottir contre son sein.
Le sein maternel, le lait d'Herra sur la voûte stellaire... Elle aurait pu, dans les yeux du fils aveugle, être déesse, et la reyne de toutes.

Il ne fit plus un pas. Il avait peut-être mal compté - il était déjà devant son père et le temps, finalement, n'avait pas été plus long qu'une poignée de secondes depuis son départ au haut de l'allée.
Le vide se fit. Il ne pouvait plus penser, mais tout lui revint. Dès le premier jour, le Baron lui avait paru comme un homme bon et charitable. Le Très Haut récompense la vertu : sans ces immenses qualité, sans cette prodigalité, jamais le père n'aurait retrouvé le fils. Si le Très Haut avait mis à l'épreuve Rekkared, Il lui avait ensuite prouvé qu'Il n'était pas ingrat.
Et le fils se tenait devant la chaire, désormais.

Cristòl s'agenouilla.

LeGueux a écrit:: promesa, Donà ? On peut être les deux à la fois en oïl ? Il répond à la salutation de la demoiselle en souriant, prenant le parti de la voir "promesa".

Allons, donaisèla, plaisir et honneur sont partagés. Ne croyez pas tout ce que dit Margarida, les méditerranéens ont tendance à l'exagération, c'est euh... Culturel.

Un clignement de l'œil et il reprend :

Et ne vous inquiétez pas, parler l'oïl n'est pas une tare icelieu. Si vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à demander, on vous traduira avec plaisir.

Son de trompette ! il faut se préparer pour la jout... ben non...
Pas le temps de saluer correctement le soldat et Touraine, il se contente du signe et d'un sourire à l'adresse des deux et rejoint la place assignée, en prenant le vélin au passage sur l'écritoire.

Regard à gauche. Cet homme porte pour la dernière fois la couronne baronale. La fin d'une époque.
Impossible de faire la liste de tout ce qu'a fait cet homme pour son Royaume, pour sa province. Certains disent qu'il a forgé l'âme du Languedoc. LeGueux est de ceux là.
Un saint homme. Le modèle même de ce que l'Homme peut être dans ce qu'il a de meilleur.

Regard sur l'assistance. Avec la présence de personnes de tous horizons.

Second coup de trompette.

Cristol s'avance, lentement, marquant ses pas. Dans un instant, une éternité peut être pour lui, il sera baron de St Félix, avec la lourde tâche de succéder à son illustre père.
Il est jeune, mais prend de l'assurance avec le temps. Déjà une référence dans certains domaines. Largement capable d'être héraut de la marche à la place de son parrain.
A quoi pense t'il, ce digne successeur son père ?
Il avance puis s'agenouille.
LeGueux reste un instant à contempler la scène, hésitant à l'interrompre, puis finalement tend le vélin à l'homme assis sur la chaire, en murmurant d'une voix rauque où transparait l'émotion : Baron ?

Rekkared leva les yeux vers LeGueux qui lui tendait le vélin, puis prit délicatement l'acte d'abdication & le lut lentement à haute et intelligible voix :

Citation :: Nous, Rekkared, anachorète à l'ermitage de Saint-Antoine de Galamus, en Corbières

à vous, membres de la noblesse & Roy d'armes de France, & vous mon fils, Cristòl, qui présente lettre verrez,

salut.

La majesté divine ayant bien voulue, par son infinie miséricorde, mon cher fils bien aimé, me faire connaître, depuis quelques temps, le néant du monde et la vanité de ses grandeurs, & de nous donner en même temps un désir ardent des biens éternels, qui doivent, sans comparaison, être préférés à tous ceux de la terre, lesquels sa majesté ne nous donne que pour cette unique fin : nous avons cru ne pouvoir mieux correspondre aux faveurs d'un si bon Père, qui nous appelle pour le servir, qu'en lui sacrifiant & en mettant à ses pieds cette couronne baronnale pour penser uniquement à le servir, pleurer nos fautes, & nous rendre moins indignes de comparaître en sa présence, quand il voudra bien nous appeler à son jugement.

Nous avons pris cette résolution avec beaucoup plus de ferveur, quand nous avons vu que Carmen, que Dieu, pour notre bonheur, nous a donné comme épouse, entrait en même temps dans les mêmes sentiments & était résolue avec nous, de mettre sous les pieds le néant des grandeurs et des beins périssables de cette vie. Nous avons donc résolus, tous les deux, de mettre en exécution ce dessein & nous le mettons en œuvre aujourd'hui, ce XXIe jour de décembre, début notre hiver, avec d'autant plus de plaisir que nous remettons ladite couronne baronnale entre les mains d'un fils que nous aimons avec une extrême tendresse, digne de la porter.

Oui, notre cher fils, vous devez bien connaître tout le poids de cette dignité & penser à la remplir en tout ce qu'elle vous oblige.

Nous prions Dieu de tout notre cœur, notre très cher fils, pour qu'il vous accorde la grâce & vous comble de tous les dons dont vous aurez besoin pour le gouvernement de la baronnie de Saint-Félix, qui est maintenant vôtre, afin que nous puissions avoir la consolation d'entendre dire dans notre retraite, à l'ermitage de Saint-Antoine de Galamus, que vous êtes un grand baron. Quelle joie ne sera-ce pas pour un père qui vous aime & qui vous aimera toujours tendrement !

Et nous espérons que vous conserverez, toute votre vie, les mêmes dispositions que je vous ai connues jusqu'aujourd'hui.

Pour que la sincérité de notre abdication obtienne une vigueur plus ferme pour les temps à venir, nous avons décidé de la confirmer par notre main et de la signer pour une dernière fois par l'impression de notre sceau, dont la matrice devra brisée afin qu'elle ne puisse jamais resservir.

Rekkared, ex-humble baron de Saint-Félix près de Vinassan en Narbonnais, ex-seigneur de Vinassan, a écrit et ratifié,

Date en l'enceinte du donjon de Saint-Félix près de Vinassan en Narbonnais, le samedi XXIe jour de décembre de l'an MCDLV [vendredi 21 décembre 2007].

Qu'il puisse en être ainsi, heureusement.

Puis, il tendit l'acte au héraut du Languedoc qui devait maintenant appeler les témoins à contresigner cet acte de leur seing ou sceau. Carmen avait assisté à la scène en regardant son fils avec grande admiration.
_________________
Sources d'inspiration : lettre d'abdication de Philippe V en faveur de son fils aîné Don Louis, le 14 janvier 1724.

LeGueux a écrit:: Le héraut récupéra le vélin, puis le mis sur l'écritoire. puis il appela les présents afin de venir apposer leurs sceaux, mettant à fondre la cire verte.

Il regrettait que les dirigeants du comté auquel cet homme avait tant donné n'aient daigné se déplacer, mais cela ne l'étonnait guère, la reconnaissance leur était étrangère.

Il apposerait le sien en dernier, pour valider héraldiquement l'acte.

Les présents passeraient dans l'ordre où il veulent (pas d'ordre de préséance, sinon on ne s'en sort pas), pourraient laisser un mot et apposeraient leur sceau, vert de préférence (portée universelle).. le Héraut récupèrerait l'ensemble et l'adjoindrait dans l'acte final. Pour celui ou ceux qui n'ont pas de sceau, un éventuel mot et une signature suffiraient.

Polstephie a écrit:: La Comtesse de Gevaudan avait suivi avec une émotion intense l'échange qui était en train de se produire... un partage intense. Les yeux embués de larmes, à l'appel de son époux, elle se leva et choisit une encre qui lui correspondait parmi celles à disposition : une encre vert émeraude. Elle était pensive quant à la charge qui pesait maintenant d'une certaine façon sur les épaules du jeune homme qu'était Cristòl. Puis elle se pencha doucement et effleura le parchemin de sa plume, y gravant son message. Enfin, elle se défit de sa bague, celle sur laquelle elle avait fait monter son sceau, et elle scella ses mots d'une cire verte également... de ce vert qu'elle avait pu admirer en Touraine... Elle sourit à son époux, tendrement, puis une main sur son ventre après avoir repassé sa bague à son doigt, elle rejoignit sa place... Elle avait ouvert les signatures, Lui les clôturerait...

Skip a écrit:: Skip n'était pas trop sur de lui pour la suite. Était-ce le moment d'offrir le cadeau? Non pas encore. Mais il était par contre temps d'offrir acte de témoignage. Bien qu'il ne soit pas noble, Skip ne doute pas que la parole d'un soldat deux fois assermenté vaudrais bien d'un noble, du moins l'espérait-il.

Il se leva donc de sa place. Ne voyant personne lui interdire d'avancer, Skip prit l'initiative de le faire. Les mains moites, le Garde d'Argent s'approcha de l'estrade. Il regarda Lengadoc dans les yeux dans l'espoir d'y voir une invitation, mais le pas était déjà fait. De toute façon le scientifique en lui a toujours dit "Qui n'essaie rien, n'a rien!". Aujourd'hui il essaie.

Il gravit donc les marches et s'approche de l'écritoire. Il glissa la main dans la poche intérieur de son uniforme et en ressorti une plume taillé spécialement pour les gaucher. Il la trempa dans l'encre noir et, pour ne pas gâcher la belle écriture de Polstephie, écrivit plus bas, presque en marge de page, son message personnel avec ça signature.

Il lève les yeux vers LeGueux et tourne la tête vers Cristòl en lui souriant. Il lui fait un signe de tête et retourne s'assoir à sa place. Le texte d'abdication de Rekkared tournant encore dans la tête du soldat. Lui qui aurait tant aimé avoir encore un père à ce jour.

Marguerite de Volpilhat a écrit:: La maîtresse de la Vaunage se leva alors, derrière le Garde d'Argent, et pris une plume qui se trouvait avec le reste du matériel. De l'encre simple de brou de noix, brune, elle écrivit un mot et son nom, avec soin. La plume était restée en suspens, au moment de choisir les bons mots pour signer. Elle aurait voulu parler de tant de choses... ! Mais rien qui n'ait à être sur un document officiel.
Elle écrivit finalement un message convenu, à la fois rassurant et mettant Cristòl devant ses responsabilités, puis fit apposer la matrice de son sceau contre le vélin. Avec tant de signataires, des scels pendants seraient sans doute peu pratiques...

Son regard d'émeraude se posa sur Cristòl, puis sans un sourire, elle retourna à sa place.

MarieDouce a écrit:: MarieDouce avait observé la scène qui se déroulait devant elle. Émue, la jeune femme voyait toute la tendresse et l’amour sans condition d’un homme et d’une femme envers leur fils. Lorsque le Héraut du Languedoc demanda aux personnes présentes d’y apposer leur signature comme témoin, MarieDouce resta tout d’abord surprise. Elle ne pensait pas qu’en venant assister à cette cérémonie, sa présence y serait requise de la sorte.

Alors, à la suite des trois premières personnes à se lever, encouragée d’un signe de tête de son époux, MarieDouce se leva et se rendit près du Coms de Gévaudan. Prenant la plume posée à côté du parchemin, elle y griffonna quelques mots en occitan puis signa son nom. Retirant la bague à son doigt, MarieDouce appuya sur la cire verte que le Héraut avait mis à fondre et y apposa son sceau, tel que demandé.

Lorsqu'elle eut terminé, la jeune femme rejoignit sa place puis attendit la suite. D’autres surprises attendaient Cristòl …

Clémence.de.lEpine a écrit:: Elle s’était contentée de répondre par un léger sourire aux paroles du Comte de Gévaudan alors même que les trompettes se mettaient à retentir. Suivant le mouvement de la foule, elle s’était assise. Et avait observé.

Un frisson l’avait parcourut, quand, les éclats de voix s’éteignant peu à peu, Cristòl avait commencé à remonter l’allée vers son père. L’image, sans doute… Un chemin que l’on suit, pas à pas, la tête haute, de façon presque solennelle. Inévitablement tracé par le père. Clémence avait fermé les yeux et serré l’une dans l’autre ses mains tremblantes. Et c’est ainsi qu’elle avait écouté, de toute son âme, la parole et la volonté du Baron qui ne l’était plus, désormais. Au profit de son fils.

Puis elle avait dû ouvrir les paupières, trop brusquement ramenée à la réalité, surprise alors par l’agitation qui avait gagné ceux qui l’entouraient. Et elle avait compris, suivant du regard la Comtesse du Gévaudan qui lui avait été présentée, que les témoins de l’acte avaient la possibilité de laisser une trace de leur présence. Elle avait hésité, pensive. Témoin ? Elle avait gardé les yeux clos pendant presque toute la durée de l’échange. Et elle n’était là que par hasard, comme simple invitée de la Vaunage. Cette pensée l’avait fait sourire. Hasard… depuis quand ce mot faisait partie de son vocabulaire… Elle qui ne croyait qu’au destin. Il n’y avait pas de coïncidences. Tout était soigneusement orchestré par… Lui.

C’est à la suite de cette réflexion qu’elle se trouvait maintenant là, devant le parchemin, la plume dans sa main droite. Elle ne connaissait pas Cristòl, et les mots qu’elle aurait pu écrire ne lui venaient pas. Les sourcils froncés, elle se concentrait. Et une phrase, une simple phrase, germa dans son esprit, alors qu’elle était tout juste en train de songer aux premières paroles que lui avait dit le jeune Baron et qui avaient fait écho à ses propres craintes. Mais pourquoi celle-ci, quand mille autres, plus explicites, auraient pu la substituer ? Sans doute parce que le fait de se trouver là, en Languedoc, lui faisait songer à cet homme dont on lui avait déjà parlé et dont la devise avait marqué sa mémoire… La demoiselle trempa enfin sa plume et s’appliqua à retranscrire cette phrase à laquelle on pouvait attribuer quantité de significations mais qui pour elle, en cet instant, n’en possédait qu’une seule. Pour elle qui n’avait pas de sceau, elle n’apposa en signature que son seul nom, bien suffisant au demeurant. Puis, un sourire au coin des lèvres, elle effleura Cristòl du regard et regagna sa place.

Cristòl a écrit:: Les mots tombaient comme des couperets sur la nuque tendue de Cristòl. Ses yeux ne voyaient que le sol, le fixaient presque avec fureur, avec force, avec rage en tout cas, comme s'il voulait transpercer la pierre. Quelle folie ! C'était bien là la plus grande sagesse de renoncer à ses titres, au crépuscule de sa vie, pour mieux glorifier le Très Haut. Mais c'était la plus grande folie que de remettre tout son honneur entre les mains d'un fils qui a encore tout à prouver... « Père, père ! Vous êtes trop bon. », songeait Cristòl, presque en colère, alors qu'il entendait ces mots qu'il avait déjà lus et relus - mais avec la solennité du moment, c'était tout autrement frappant : « ... avec d'autant plus de plaisir que nous remettons ladite couronne baronnale entre les mains d'un fils que nous aimons avec une extrême tendresse, digne de la porter »

Heureusement que son visage était invisible de tous, qui ne voyaient que sa chevelure sombre... Car Cristòl avait les yeux brillants, Cristòl avait les joues rouges, Cristòl se pinçait les lèvres.

« Nous prions Dieu de tout notre cœur, notre très cher fils, pour qu'il vous accorde la grâce & vous comble de tous les dons dont vous aurez besoin pour le gouvernement de la baronnie de Saint-Félix, qui est maintenant vôtre, afin que nous puissions avoir la consolation d'entendre dire dans notre retraite, à l'ermitage de Saint-Antoine de Galamus, que vous êtes un grand baron. Quelle joie ne sera-ce pas pour un père qui vous aime & qui vous aimera toujours tendrement ! »

Heureusement que son visage était invisible de tous, qui ne voyaient que sa chevelure sombre... Car Cristòl pleurait.

« Et nous espérons que vous conserverez, toute votre vie, les mêmes dispositions que je vous ai connues jusqu'aujourd'hui. »

Le jeune seigneur ne voyait plus le sol, mais un nuage d'humidité devant ses yeux. C'était si intense... Son parrain parla un peu, mais il n'écouta pas. Il y eut des mouvements autour de lui, le froissement de robes au sol, qui le frôlaient, l'environnaient, et le claquement des bottes d'un garde d'argent qui s'avançait lui aussi. Paula-Estèva, Skip, Marguerite... Tissus de Damas et cottes de drap, dentelle du Puy, soie de Ganges dansaient autour de lui ; MarieDouce, Clémence de l'Epine... C'était entêtant de sentir les attentions et les regards de ces estimables personnes tout tournés vers lui, c'était oppressant, et l'angoisse montait, à mesure que s'approchait le moment où son père le couronnerait, et lui remettrait les couleurs de Saint-Félix. Les larmes séchaient sur ses joues, il n'avait pas osé faire un seul geste pour les essuyer. Le goût de sel arrivait à la commissure de ses lèvres...

» [RP] Cérémonie d'adoubement