Archives de France, donjon de Saint-Félix
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 [RP] D'une insolente Alliance...

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Polstephie
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Polstephie


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MessageSujet: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyLun 27 Juil - 22:59

[Préambule, ou comment tracer une Droite Ligne.]

Ils partageaient tout.

Aussi Il ne lui avait pas caché les lettres que son Filleul avait écrites. Ni le renoncement en la tutelle de Jehanne Elissa, ni la lettre plus personnelle qui l'accompagnait et avait alors réveillé l'inquiétude de la Comtesse. Elle n'avait finalement pas longuement hésité et, une fois les malles faites, elle s'était rapidement mise en route pour les Fenouillèdes. Sans même annoncer sa venue. Tout au plus en Le prévenant Lui. D'une seule traite.

Elle avait dû batailler un peu, mais avait réussi à Le faire plier pour un caprice : celui de voyager incognito. C'est ainsi que le coche n'arborant aucune arme entra sur les terres de celui qui n'était plus son Maistre depuis peu, mais qui toujours le resterait en vérité. Deux hommes, en tout et pour tout, lui servaient d'escorte : un cocher sachant combattre au besoin et un des meilleurs hommes d'armes que la Comtesse avait à son service.

Fébrilement, elle faisait tourner l'anneau qu'elle portait au petit doigt de la main gauche. Le coche stoppa alors aux abords de la demeure où elle savait le retrouver bientôt. Ils avaient passé l'entrée sans encombre et prestement puisqu'aucun garde ne les y avait arrêtés.

Le rideau de gueules s'entrouvrit pour laisser voir le visage pâle de la Poursuivante d'Armes, auréolé de la neige qui composait toutes ses tenues depuis le Drame survenu. Une mèche cuivrée s'était échappé de la coiffe sans qu'elle s'en soit aperçu, zébrure aux tons de flamme sur peau diaphane.

Le visage offert aux cieux, elle plissa légèrement les yeux sous la luminosité environnante, laissant son regard s'habituer à la clarté après les Ténèbres rougeoyantes qui l'avaient entourées tout au long de ce voyage.

Il était, selon certains, encore tôt dans la soirée, ou, selon d'autres, assez tard dans l'après-midi... La Comtesse regardait droit devant elle.

Et la distance les séparant allait bientôt disparaître totalement.





[Chapitre 1, ou comment tracer une Diagonale.]

L'espace d'un instant, son esprit vagabonda bien loin, la ramenant à Paris. Temps d'un souvenir éloigné et pourtant pas si lointain qui la ramena loin de tout. Passé dépassé qui la guidait sur le chemin de ce Présent parfois haï pour sa rudesse. Elle secoua alors la tête et referma le rideau. L'homme d'armes l'accompagnant ouvrit alors la porte du coche, achevant de la ramener à la réalité.

Elle se redressa et prit la main tendue pour l'aider à descendre. Silhouette blanche qui s'extirpa alors du carrosse sans difficulté. Les courbes généreuses de la Comtesse encore soulignées par le tissu froissé de ses vêtements, accolés en douceur à ces rondeurs que l'on attribue aux femmes venant de donner la vie, ou encore à ces Vénus au formes pleines que l'on vénérait dans les Temps Anciens. Elle s'était épanouie telle une fleur gorgée de soleil et d'eau alors que la Fleur d'Òc s'était éteinte. Revanche ?


Une brise légère et brûlante du feu du Soleil d'Òc vint alors caresser son visage, faisant vibrer la flamme qui ornait son visage. Ses yeux s'allumèrent alors d'une étincelle brève.

Un pas.
Puis un autre.

Elle avança, laissant ses gens s'occuper de descendre l'unique malle qu'elle avait emportée avec elle. Personne encore n'était venu à sa rencontre. Elle ne s'en étonna pourtant pas tant que cela.

Elle gravit alors les quelques marches qui la séparaient de la Demeure et y pénétra. La première chose qui l'assaillit, une fois à au sein de l'Antre de son Maistre, fut la fraîcheur du lieu, contraste affolant avec l'intérieur de son coche. Un long frisson parcourut alors la Blanche Dame tandis qu'une goutte de sueur taquine dévalait le long de ses reins. Elle ferma les yeux sous la caresse de cette perle d'eau puis les rouvrit, cherchant du regard quelque valet auprès duquel elle pourrait prendre renseignement sur l'endroit où elle pourrait rencontrer le Maître des Lieux.
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Cristòl
Baron de Saint-Félix
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyMar 28 Juil - 21:16

Oppressant été qui cloîtrait le Vicomte des Fenouillèdes en son castel. Non qu'il détestât le soleil...

Le soleil l'avait aimé, l'avait lavé, l'avait cuit et caressé, qui lui donnait désormais une peau cuivrée sous laquelle roulaient ses muscles. Mais le Chevalier des Pyrénées n'en avait que faire, de ce satin solaire. Ayant revêtu une ample camisole, il avait longuement marché dans les monts alentour du château, toute la douce matinée.

Au midi, il avait mangé une large tranche de pain bis avec du fromage de chèvre. Il faisait toujours ainsi, quelques années plus tôt. Quand il n'avait pas tous ces problèmes en tête, quand il n'avait pas le tourment d'un nom à transmettre et d'une reconnaissance à montrer par des actes tous plus mondains et vains, si loin de la vérité de la nature. Désormais, dans ce divin écrin que lui étaient les Fenouillèdes, l'homme jeune, l'homme triste, l'homme mélancolique, tentait de retrouver la pureté de pensées de ses premières années. Las de tout l'embarras de la politique, de la morale de la haute société, de la politique, du monde, en somme, et son lot de manières superfétatoires, chaque jour la pensée en lui s'affermissait que nulle part il ne retrouverait tout à fait la candeur qu'on avait viciée en lui, et quoiqu'il n'en eût grief à l'encontre de personne, tous, qui évoluaient là bas dans les cours des châteaux et les châteaux de cour, lui semblaient désormais des étrangers qu'il ne comprenait ni n'aimait. A tous désormais il préférait les hommes du pays des foins, ces bons gars des champs, que l'ignorance gardait de l'hypocrisie, ce qui en rendait la compagnie plaisante sans ambages. Ces hommes qui ressemblaient à celui qu'il avait été et celui qu'il s'efforçait de redevenir, quoiqu'il sût fort bien que ce temps, irrémédiablement révolu, ne reviendrait jamais tout à fait ; quand bien même reviendrait-il qu'on ne lui permettrait pas, avec son rang, telles occupations de vilains, ignobles si l'on en croit les édits des hérauts, qui jetteraient le discrédit sur la noble idée qu'il avait laissée de lui dans les cours où se pâment les blondes dames et où les obséquieux trouvent toujours le bon mot péjoratif pour l'ennemi et mélioratif pour celui dont ils souhaitent les faveurs.

Quand le soleil eut atteint son zénith, le Vicomte avait rejoint Saint-Paul de Fenouillet et s'était arrêté à l'église Saint-Pierre, car oncques n'avait été moins enclin à regagner son château, dont la vacuité amplifiait celle de ses pensées et ne lui était de fait qu'amère invitation à s'abîmer dans de douloureux soliloques. Un reflet évanescent caressa la tempe : alors que posément il était entré dans la petite église, le soleil s'éprenant d'un vitrail le pénétra si bien que tout l'édifice se prit à miroiter comme la surface changeante de damasquineries olympiennes. Si d'aventure le jeune homme avait douté de la toute-puissance du Très Haut, ce n'était désormais plus possible. Au travers de cette lumière, son regard changea sur le monde entier. Jamais la pierre crémeuse de la petite église ne lui avait paru plus suave, jamais les ornements surannés de l'autel ne lui avaient aussi bien fait entendre la force d'une foi déterminée - face à ce miracle qui ne se donnait qu'à lui, il souffrit plus que jamais de l'hérésie de son père, de cette incompréhensible
convenza. Ses lèvres tremblaient à l'envi...
Il fit quelques pas dans l'église et la lueur irradia moins fort, apprivoisant ce corps étranger qui rompait sa danse. Cristòl tendit sa main grossière et burinée vers le Livre des Vertus qui reposait sous le regard de Christos. C'était un vieil ouvrage, palimpseste de quelque écrit d'Aristote devenu illisible, qu'un reclus de l'ermitage de Galamus avait copié pour les anciens Seigneurs des Fenouillèdes, de sorte qu'il semblait émergé du Temps, et par là même, précieux au-delà de toute estimation. Pouce glissant au bord d'une page, pensif ; index égrenant quelques mots au hasard, oiseaux, idylliques, douce chaleur, pâtre, cloche - c'était
Le rêve, première partie de la Fin des temps ; majeur suivant la vague des pages humides, majeur questionnant, majeur interrogeant le Livre, majeur libre ; annulaire... Cristòl cessa de penser. L'annulaire allait droit à son cœur, l'annulaire, c'était le doigt des fiances, c'était la Fleur d'Oc, la seule qu'il eût prise de bon cœur pour épouse. Il recula lentement. La lumière expira peu à peu.

Un sentiment étrange envahit le jeune homme et il resta là à guetter les bruits de la foi et ceux de la ville ; les gamins se chamaillant, les artisans hélant les passantes ; les femmes commérant, ballot de linge sous le bras, sur le pas d'une porte, et de porte en porte papillonnant, jusqu'à ce que la troupe des lavandières bien formée se décidât à remonter le chemin du lavoir pour y frotter draps et braies. Il régnait dans l’église une fraîcheur constrastant avec la chaleur du milieu du jour que l’on devinait peser au dehors. Combien de temps le Vicomte demeura-t-il là, ému et attendri sur toute chose du monde ? L’inanité des objets dans l’église lui donnait plus de raisons encore de se projeter hors les murs, hors la vie, hors le temps. Pénétrer l’espace et l’éternité, pensa-t-il, quel rêve insensé ! Alors il rassembla finalement ses pensées, tandis qu’au dehors un crieur clamait : « Cocagnes de Laurac, cocagnes de Laurac ! Dernière vente de l’été ! Cocagnes de Laurac, du bleu pour vous, cocagnes d’herbe du Lauragais ! »

Le Vicomte des Fenouillèdes quitta l'église et appela le vendeur de bleu.


-« Vous en livrerez trois sacs au château demain matin. Je vous y paierai. »

Et comme le marchand, obséquieusement reconnaissant, entamait un dithyrambique discours sur son pastel, Cristòl l'écouta patiemment, parce que cela plaisait à l'homme, et à lui, ne déplaisait pas.
A la fin, le temps avait coulé et le jeune Vicomte quitta la place devant l'Eglise. A une fontaine le long du pavé il but, puis pas à pas il s'en alla au château vicomtal qui dominait le village d'une masse élégante et glacée. L'atout de ce castel, qui lui donnait un tel avantage face à l'ennemi, d'où qu'il vînt, tenait à son placement en nid d'aigle, au haut du pic dominant la ville et les vaux qui y menaient. De là, on ne manquait pas un convoi, pas une ost belliqueuse, comme les yspagnols l'avaient souventes fois été dans les temps passés.

Le jeune homme chez lui enfin - cet étouffant logis, ce vaste vide - , appela l'une des deux bonnes de sa mesnie, celle aux dents blanches et pointues comme ses seins de jeunette. Elle lui fit un bain d'eau à peine tiède et astiqua vivement le dos du Vicomte, les joues teintes comme chaque fois d'envie et de gêne. Mais l'homme auquel elle était dévoué semblait loin des pulsions sensuelles, constamment évanoui qu'il était dans des volutes de pensées blêmissantes.

Le soleil déclinait et des taches bleues naissaient dans le sillage des hommes et femmes de Fenouillet, quand un coche s'avança au château. Ce fut la bonne qui le signala au Vicomte, ne sachant bien si elle devait le sécher, ou s'en aller aux devants des hôtes de passage.


-« Fais entrer » lui commanda Cristòl en occitan, alors qu'il attrapait un drap pour se sécher lui-même et passer des braies. C'était sans doute quelque messager, un métayer avec sa charrette venu porter quelque doléance, ou le livreur de cocagne qui avait de l'avance. Ceux-là, on les recevait comme des amis ruraux, sans convenances, dans une rude et bonne camaraderie qui tolérait l'absence de chemise ou de couronne.


Dernière édition par Cristòl le Mer 16 Nov - 12:32, édité 1 fois
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Polstephie
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptySam 22 Aoû - 16:15

[Chapitre 2, ou comment tracer une Parallèle.]

En fait de valet, ce fut une bonne jeunette et joliette qui se présenta à elle. Apparemment, et sans qu'elle n'en sache le comment, l'arrivée de la Comtesse était connue et elle fut invitée à entrer véritablement au sein de l'intimité du Vicomte après les formalités et ablutions d'usage. Alors qu'elle se laissait conduire, Paula demanda alors à ce que, pendant son entretien avec le Vicomte, la jeunette fasse indiquer à ses hommes le lieu où ils pourraient déposer ses malles. En effet, la Comtesse était venue avec l'idée de passer quelques jours en ces lieux. L'on aurait pu penser qu'elle manquait là, pour la première fois, aux règles de la bienséance. Mais en vérité, il n'en était rien. Après tout, elle ne faisait que répondre à une invitation formulée en d'autres temps ! Elle n'avait simplement pas pris la peine de prévenir de son arrivée étant donné que le courrier serait sans doute arrivé dans le même temps ou peu s'en faut. Du moins la Comtesse tentait de s'en persuader... Toutefois, le ton qu'elle employa envers la bonne ne souffrait aucune réplique et, sans être incisif, il était ferme. Autant que sa résolution.

Les couloirs se faisaient interminables et l'attente oppressante. Et cette perle taquine qui continuait, avec quelques-unes de ses jumelles, à dévaler le long des reins de la Poursuivante lui arrachaient maints frissons encore imperceptibles pour l'instant et la mettait au supplice. Il lui fut même pénible de gravir l'escalier. Les deux femmes semblaient ne jamais devoir quitter la pénombre des couloirs et salles traversés. Le vide semblait régner ici. Et pourtant il y avait comme quelque chose d'étouffant en ces lieux, de pesant. Comme si une chape de plomb invisible à l'œil s'abattait ici. De fait le temps également paraissait s'écouler plus lentement encore. Enfin, au bout de cette longue attente, de cet interminable progression, le bout du chemin apparut sous la forme d'une porte. En réalité il n'avait pas fallu plus de cinq minutes aux deux femmes pour gagner l'endroit où ils se rencontreraient, mais la Comtesse l'avait vécu comme mille années s'écoulant.

La bonne avança alors la main vers la poignée et entrouvrit le battant accompagnant son geste de quelques mots invitant la visiteuse à entrer. Ce qu'elle fit.




[Chapitre 3, ou l'art de tracer un Cercle Parfait.]

Ainsi donc la Blanche Dame pénétra la pénombre des lieux. Elle ne vit pas de suite l'utilité de la salle dans laquelle on l'avait fait entrer, tout comme elle ne vit pas de suite son hôte. Non, sa concentration était rivée à un anneau. A cet anneau avec lequel elle n'avait eu de cesse de jouer dans le coche. A cet anneau qu'elle n'avait jamais retiré de son doigt depuis qu'elle en avait eu la garde. A cet anneau, gage de serments liés et déliés. A cet anneau qui s'était fait témoin de promesses rompues et avait finalement scellé une malédiction. A cet anneau qu'en cet instant elle ne savait plus si elle devait lui remettre ou non. A cet anneau qu'elle faisait présentement tourner autour de son doigt, pensivement.

Et, alors qu'elle était en train de s'interroger sur le devenir de ce jonc, sur l'avenir de ce témoin, elle releva ses yeux d'Ambre et vit.


Lèvres entrouvertes et sèches, gorge nouée par un son qui ne voulait s'en échapper, mains subitement lâches et ballantes le long de ses vêtements, tout dans sa position laissait voir son étonnement, sa surprise. Devant elle se tenait un éphèbe aux courbes délicieuses soulignées par le jeu des ombres. Pour tout vêtement, des braies. Pour tout ornement, le grain de sa peau, les ténèbres de ses cheveux et la dualité de son regard. Regard dans lequel elle plongea aussitôt capté. Réalisant alors seulement, au bout de plusieurs minutes, que celui qu'elle venait ainsi de détailler n'était autre que Cristòl. Incapable du moindre geste, le ventre noué, la gorge guère mieux, Paula eut peine à respirer. Le feu gagna aussitôt ses joues, son ventre, son corps et elle ne put dire mot, ébahie par la vision qui lui faisait face. Elle pria le Très Haut durant une seconde de lui garder lucidité afin de ne pas céder à l'hallucination à laquelle elle croyait devoir faire face.
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Cristòl
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyDim 30 Aoû - 4:08

Un coup de bélier lancé contre les côtes de Cristòl : Paula ! Que faisait-elle ici, enfin... par quel miracle ? Il fit un pas vers elle, un élan - vers cette mère de Margot, vers cette sœur, cette amie, ce double en voiles blancs. Ces cheveux si étranges, et...

Il saisit ses mains, il était tout près d'elle. Ces mains... Ainsi il avait vue sur les siennes, sur son poignet nu, son avant-bras, et à cet instant seulement se souvint-il qu'il n'était pas présentable. Sa langue était pâteuse, dans sa bouche, et les premiers mots qu'il articula, alors qu'il lâchait lentement les mains de la Comtessa, furent :


-« Desencusa ! »

Et il fit un léger mouvement en arrière. Mais il avait senti la température des mains de Paula ; il avait senti cet anneau froid, il avait senti le courant, cette raison de ne pas tout à fait quitter le monde. Il avait senti combien il y était attaché, à tous ces gens si mauvais, si pervertis dans leurs rapports humains. Il avait encore besoin d'eux. Il les aimait.

Cette évidence était là, suspendue au fil invisible qui joignait encore leurs mains. Une bouffée de chaleur explosa du cœur de Cristòl jusqu'à ses yeux, jusqu'à son vit, et une goutte de sueur perla sur sa peau toute fraîche lavée, et roula le long de sa colonne vertébrale.

Il n'avait pas mesuré, en partant, le pouvoir de l'amour, des gens auxquels on porte une affection sans bornes, irréfléchie, spontanée, touchant à la dévotion. Margot en était, et même davantage. Le jeune Malemort, Tithieu et tout le foutrement bon mal qu'il lui avait fait, et surtout ces Languedociens, qui avaient été son monde. LeGueux. Et Paula.

Tout cela était né très vite en Cristòl ; de sorte qu'à peine s'était-il écarté qu'il s'élança à nouveau, et serra Paula contre lui. C'est à l'oreille de la Comtessa qu'il souffla, d'un souffle chaudement caressant :


-« Desencusa... »
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Polstephie
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyLun 5 Oct - 16:19

[Chapitre ... Mais qu'est-ce qu'on s'en fout de ce chapitre et de son titre !]


Il s'était approché et avait rendu sa présence réelle alors. Ses doigts contre les siens, son souffle si chaud sur sa peau et les frissons qu'alors il lui arracha... A peine le temps d'une hésitation qu'elle ne vit pas tout à fait et il la serrait dans ses bras et l'entraînait vers lui. Il était étrange que la chaleur vint de lui alors que Pol était de cette nature qui rend les femmes maternelles et les fait vous étreindre contre leur sein par pur plaisir des retrouvailles.

Si elle fut troublée par l'échange des rôles, elle n'en montra rien et ce fut avec bonheur qu'elle s'abandonna à l'étreinte de celui qui resterait son Maistre. Ses mains l'attirant à elle, l'entourant de ses bras avec tendresse, en un mot comme en cent : l'embrassant totalement et littéralement. Étreinte fugace vouée à ne pas durer et qui pourtant s'éternisa. Nouveau frisson alors que le souffle de ses mots se faisait caresse et bienvenue :

-« Desencusa... »

Un salut étrange mais si naturel. Et ce fut tout aussi naturellement que Paula fit glisser l'une de ses mains le long de ses hanches, de son torse pour venir trouver ses lèvres d'un doigt inspirant le silence... Et ses yeux alors plongèrent totalement pour implorer ce silence et non l'imposer.

Non. Des excuses n'étaient pas nécessaires. Mais elle ne le précisa pas, par peur de briser ce moment, par peur de le continuer aussi. Et elle resta là à plonger dans ses yeux alors qu'elle frémissait entre ses bras, alors que son corps venait, naturellement, se mouler au sien, écrin parfait de cet instant, de cette alliance. Le feu qui prit alors en elle n'était plus simple flamme mais brasier. La chaleur du dehors qui se faisait jour en elle, sans aucun doute. Et pourtant elle écarta rapidement cette pensée parce qu'elle ne voulait pas penser à des futilités.

Cristòl était là. Présent. Et il était vivant. Il n'était pas mort en Bretagne. Il n'était pas blessé gravement. Il allait bien. Et il lui offrait de cette chaleur qui lui manquait tant, de cette chaleur qu'elle n'avait pu goûté depuis que Marguerite n'était plus.

Et alors, ce ne fut plus seulement elle qui attira l'homme qu'il était contre son corps, mais également Celle qu'elle avait tant Aimé. Hommage silencieux, double folie, partagée sans doute. Elle ferma les yeux qui s'étaient aventurés bien trop loin et, sentant la force de leur désir résonner en elle, résonner en elles, elle se fit plurielle et lui offrit de prendre l'hommage concrètement. Langue légère qui passa humecter ses propres lèvres alors que le doigt implorant se retirait et que la main venait caresser le creux de ce cou si souple, la douceur de cette peau fleurant la propreté d'un bain tout juste pris...

Yeux fermés, elle le ressentit plus vivant que jamais et savoura sa propre vie, ainsi que Celle qui se cachait en elle... Visage plus près du sien que jamais, lèvres louant la Vie avec application, douceur et passion...
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Cristòl
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyMer 7 Oct - 2:24

[Ailleurs dans l'espace-temps, Chapitre 5 - Où l'on se promène dans la dimension infinie]

Fallait-il réfléchir ? C'était l'innocente spontanéité d'une bergère, qui s'offrait à lui. C'était une chaleur, c'était un amour, c'était un désir qui n'avaient de coupables que le nom - certes pas l'essence. Les doigts cherchant la peau, les lèvres, les souffles, étaient-ils nés pour autre chose que s'entremêler ? Elle lui aurait demandé de la prendre, il aurait refusé ; ç'aurait été prémédité, ç'aurait pu recevoir une réponse raisonnée. Tout était si différent - tout était justifié par cette absence de préméditation. C'était une communion, et au lieu de patenôtres roulant sous leurs doigts, c'étaient des muscles, des pièces de peau souple, le doux moelleux d'un recoin de gras, peut-être...

Cristòl n'avait pas regardé le corps de Paula. S'éloigner d'elle, d'un pas même, aurait brisé le fil. Il remontait ses mains le long de ses hanches, et tout en haut, le long du corset perlé, et redescendait, vers ces hanches basses de mère. Combien avait-elle de plus que lui ? Dix ans peut-être ? Il n'avait jamais demandé à la Comtesse son âge. Plus jeune que Carmen sa mère... Elle pouvait être les deux, amante et mère, et sœur, et confidente ?
Il plongea la tête dans le tassel de neige, sous lequel il huma la moiteur des seins qui avaient voyagé l'un à l'autre collés, dans la chaleur de juillet. Quoi de plus unique qu'une odeur ? Y a-t-il de bonnes ou de mauvaises odeurs ? N'est-ce pas simplifier les choses que de les concevoir ainsi ? Les bonnes et les mauvaises odeurs n'existent pas. Il y a les odeurs qui vous soulèvent et vous transportent, et il y a les odeurs que vous ne sentez pas. Il y a l'odeur d'une blanquette de veau mijotant depuis le matin, que vous sentez à midi, le dimanche, après l'office. Il y a l'odeur de la terre que l'on remue à la moisson et vous rappelle quand, petit, vous faisiez des pâtes de terre avec vos camarades, et des soupes de feuilles et de branches avec l'eau des flaques ; l'odeur de la maladie, qui remonte dans votre gorge lorsque, pris d'un rhume, vous respirez. L'odeur d'une femme... Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre !

Cristòl tomba à genoux. C'était sous la jupe, la conque d'abondance, le Saint des Saints. A chaque femme il redécouvrait tout ; chaque fois un peu plus loin, un peu plus intensément... Et Dieu savait combien sa privation avait été longue, cette fois encore ! Il en oubliait tout, il n'en connaissait plus la saveur - et c'était comme si, redécouvrant à chaque rare fois le mystère féminin, il y trouvait un plaisir décuplé. Avait-il déjà gamahuché ?

Il remonta ses mains contre les jambes de la Femme, électrisé. Il était dans cet état étrange où l'on voudrait aller au but au plus vite, tout en sachant la richesse qu'il y aurait à se réfréner. La tension qui monterait, de plus en plus, lentement, sûrement. Mais diable ! Comment pourrait-il avoir plus de désir qu'en cet instant précis où ses mains atteignaient le joli coquillage, palpitant et fiévreux ?
Il se redressa, grand, fier, lui, Cristòl, lui, l'homme. Ses bras entourèrent les épaules de Paula, la pressèrent contre lui, et sa nuque penchée, il embrassa ce cou blanc, il était droit et sec, elle était toute rondeur, elle était toute Vénus. Il posa ses mains rudes sur la taille de Paula, la pressa, fermement, et la poussa - ou bien la portait-il ? - contre la table de la chambre, accolée au mur. Lui qui était à peine habillé n'eut aucun mal à laisser tomber, sur ses talons, son haut-de-chausses.

Et la Comtesse s'offrait à lui de façon si naturelle qu'il n'eut point, du début à la fin, le sentiment qu'il outrageait de la pire façon qui soit son parrain bien mal mérité.
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Polstephie
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyVen 5 Fév - 20:29

Pas de mots prononcés, rien qu'un échange de souffles, de fluides, de vies finalement. Rien qu'un peu de chaleur retrouvée en cette étreinte fugace qui pourtant durait et faisait passer cet instant pour un moment d'Éternité. Ce que ses lèvres ne disaient pas, sa bouche le criait dans ses soupirs alors qu'il l'acculait contre une table, la poussait dans ses retranchements, lui livrait bataille à laquelle elle répondait de mille façons. L'assaut fut lancé, ouvrant les portes d'un Paradis Perdu, débordant les dernières défenses, enfonçant l'ultime résistance d'une antre aux abords humides et chaleureux.

Dans l'âtre de cette étreinte le brasier prenait vie. Il enflait, prenait de l'ampleur, gagnait chaque parcelle de son être - de leur être ? - se nourrissait de ces souffles mêlés, de ces embrassements, de ces embrasements. Laisser aller cet instant, le vivre pleinement, l'aborder de mille et une façons, le toucher, le caresser, le frôler du bout des doigts, l'effleurer de la main, des lèvres, de la langue même parfois... Se faire souffle du feu, flamme dansante et ondulante dans la pénombre de cette pièce qui fut si fraîche et qui désormais était fournaise. S'incarner étincelle et raviver les sens restés en torpeur par la canicule ambiante. Combattre le feu de l'air ambiant par le feu de la passion, de la fougue. Aviver l'incendie pour mieux le cerner, pour mieux l'étreindre, pour mieux le faire sien... Et sentir monter la chaleur telle une vague, mêler le feu et l'eau en un élément propre à l'union de deux êtres alors que les souffles se déchaînent semblables aux typhons balayant les idées, anéantissant les volontés pour ne laisser que les désirs s'exprimer.



Rien qu'un instant d'Éternité. Seulement le temps d'un Souffle.




Il faisait chaud cette journée-là. Terriblement chaud. Et l'air ambiant n'aidait pas à respirer.

Les paroles étaient inutiles. Les mots vains.

Le Sacré avait été sanctifié et non profané. Sans doute est-ce pour cela que, sans même avoir rajusté le carcan des apparences, le carcan de ses vêtements, les cheveux encore défaits et le souffle encore court, sans doute est-ce pour cela qu'elle ôta l'Anneau qui ornait son doigt pour le glisser à celui de son Maistre, se liant ainsi à Lui de façon irrémédiable quand bien même il n'avait jamais été réellement sien.

Il était écrit qu'elle la lui remettrait. Et c'est du vert des pâturages pyrénéens que Margot avait scellé cet instant. L'Alliance était insolente. Mais elle était.

Et Paula baisa Sa main ainsi ornée.
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Aimelina
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MessageSujet: Re: [RP] D'une insolente Alliance...   [RP] D'une insolente Alliance... EmptyJeu 11 Fév - 20:35

Cet acte, cette union, cette alliance avaient leur cohérence propre, et tout n'était qu'amour à la gloire de la défunte Fleur d'Òc, Marguerite de Volpilhat. On serait fou ou médisant, d'y voir un acte de luxure adultérine prémédité.

Les choses devaient aller ainsi, il n'y avait pas d'autre choix. Il n'y avait pas à protester. L'acte était à la mesure du legs qu'il scellait : une alliance qui avait déjà servi et qui devait resservir. Une couronne qui avait déjà servi, et qui devait resservir.

Mais quel front ceindrait-elle ? Quel annulaire emprisonnerait-elle ?
Cristòl ne pouvait se douter de toutes les conséquences qu'aurait son acte. Une adorable conséquence, et d'autres, plus funestes.
Davantage que le legs de l'alliance, c'était aussi son devenir qui se jouait, dans la cambrure de ces deux corps vibrant. Une alliance, que l'on ne cessait de glisser à un doigt, de retirer, de s'échanger... C'était Margot qu'ils fécondaient.

Et de ces trois êtres, de la Fleur d'Òc, la Dame Blanche et le Chevalier des Pyrénées, naîtrait une petite fille qui n'avait pas d'annulaire. Elle ne pourrait porter d'alliance ; en descendant, ce serait un inceste.
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